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PHOTOGRAPHIES DE S-21 : Duch ne reconnaît pas les deux prisonniers occidentaux

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 21 novembre 2012

Dans le cadre des recherches pour identifier les photographies retrouvées de S-21, et notamment celle de deux occidentaux, DC Cam a interrogé Duch en prison. L'ancien directeur du centre Tuol Sleng n'a pas apporté davantage d'informations.

''Il nous a dit qu'il ne savait pas qui ils étaient mais qu'ils étaient à S21 car on avait décidé de les tuer, pensant sûrement qu'ils appartenaient à la CIA''. C'est pour l'instant tout ce que l'on saura de la présence de ceux que l'on croit être le Franco-Khmer André-Gaston Courtigne et l'Américain Christopher Edward DeLance, dans la prison de Tuol Sleng, autrement connue par le nom de S-21 sous le régime de Pol Pot.

Le 29 août 2012, Kok-Thay Eng, directeur adjoint du centre de documentation du Cambodge, DC Cam, a rendu visite à Duch en prison, l'ex-directeur de Tuol Sleng, afin qu'il les aide à identifier ces deux personnes. ''Je ne suis pas surpris qu'il ne nous dise rien. A mon avis, il essaie de se protéger'', témoigne t-il. Il n'y avait qu'une dizaine de prisonniers occidentaux dans ce que l'on appelait ''la prison d'où l'on ne réchappe pas'' (''The prison of no escape''). Duch a reconnu la présence de quatre d'entre eux durant ses audiences, mais n'a pas reconnu les deux personnes sur lesquelles DC Cam enquête. ''Je n'ai plus aucune foi dans la sincérité de Duch'', déclare Youk Chaang, le directeur de DC Cam, quant à la réponse du tristement célèbre prisonnier. ''Comment peut-il ne pas reconnaître des visages qui étaient dans ses propres dossiers ?'' a-t-il ajouté.


Duch ne se souvient pas du prisonnier occidental Andre-Gaston Courtigne.
Photo de Kok-Thay ENG (29 aout 2012) (Source : Documentation Center of Cambodia).

Les visages d'André-Gaston Courtigne et de Christopher Edward DeLance ont été retrouvés dans la série de 1427 photographies léguées à DC Cam le 9 août par une femme souhaitant rester anonyme, et très touchée par la découverte récente de la fosse commune dans la province de Siem Reap où les corps des condamnés servaient à fertiliser la terre pour le riz. Depuis, seules quelques personnes ont été identifiées. Une équipe de 10 documentalistes travaillent à retracer les tranches de vie qui se cachent derrière ces visages. ''Ces photos sont rares car elles contiennent des informations au dos comme le nom des personnes, leur village et province. Cela rend notre travail plus difficile'', affirme Youk Chaang. Selon Duch, les informations servaient en à répertorier les prisonniers enfermés à S-21 afin de s'assurer de ne pas les confondre. Il ne les regardaient que pour identifier un évadé.

Ces 1427 photographies n'ont pas de réelle valeur judiciaire et ne jouent pas de rôle important dans le procès des dirigeants Khmer Rouges. Mais elles sont de réelles preuves historiques. L'équipe de DC Cam a créé la plus grande bibliothèque mondiale sur le régime Khmer rouge. Après la prise de Phnom Penh par les Vietnamiens en 1979, 6.000 photographies ont été retrouvées. De manière générale, les visages sont identifiés grâce à la mémoire collective. Les photos sont disséminées par email et à différents réseaux au Cambodge. Mais par dessus tout, DC Cam s'est rendu dans plus de 3.000 villages, photos sous le bras. ''Dans chacun de ces villages, au moins une victime a été identifiée. C'est un soulagement car cela veut dire que des familles seront reconstituées. Il est très important que cela ait lieu au Cambodge pour que les familles des victimes puissent passer à autre chose et que le pays puisse évoluer. Les photographies sont le maillon manquant de la chaîne», poursuit Youk Chaang.

Seulement 7 Cambodgiens sont des survivants de Tuol Sleng où entre 14.000 et 17.000 personnes ont été torturées et tuées. A ce jour, seuls 3 sont vivants. Duch a été condamné à la prison à perpétuité par la Cour Suprême du Cambodge en février 2012, annulant la peine de 35 ans prononcée à son encontre en première instance. ''C'est tout de même plus juste'', conclut Kok-Thay Eng.

Clothilde Le Coz (http://www.lepetitjournal.com/cambodge.html) Jeudi 30 août 2012

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Publié le 31 août 2012, mis à jour le 21 novembre 2012
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