Le verdict n’a pas été rendu le 3 octobre dans le procès contre deux anciens journalistes de Radio Free Asia. Les organisations de défense des droits de l’homme demandent l’abandon des poursuites.
Le 3 octobre, le jugement dans l’affaire des journalistes de Radio Free Asia Yeang Sothearin et Uon Chhin a une nouvelle fois été reporté à une date ultérieure. Estimant qu’il manquait de preuves, le juge Im Vannak a demandé une enquête complémentaire. « Il n’y a pas assez d’éléments pour prouver, ni un expert pour attester que l’équipement a bien été utilisé [par les deux reporters] en vue de commettre un crime », a-t-il déclaré. Les deux journalistes ont été arrêtés le 14 novembre 2017 pour avoir prétendument monté un studio radio de fortune.
Les ONG de défense de la liberté d'expression sont très préoccupées par cet énième report du procès. « Le juge du siège reconnaît lui-même que le dossier d’accusation est parfaitement vide et, pourtant, il se refuse à abandonner les charges qui pèsent contre Uon Chhin et Yeang Sothearin, relève Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. C’est clairement le signe d’une justice aux ordres du pouvoir exécutif qui, à travers le harcèlement judiciaire qui empoisonne la vie de ces deux reporters, cherche à intimider tous les journalistes du Cambodge ». Reporters sans frontières a classé le Cambodge au 142ème rang sur 180 pays dans son indice mondial de la liberté de la presse pour 2018.
Une déclaration commune de 37 ONG, dont Amnesty International, Human Rights Watch et le Centre cambodgien pour les droits de l'homme (CCHR) a été publiée le 4 octobre. Les ONG condamnent la décision du juge de la cour municipale de poursuivre l’enquête sur les accusations d’espionnage retenues contre Yeang Sothearin et Uon Chhin. Selon les organisations de défense des droits de l'homme, les deux hommes ont été arrêtés, détenus et inculpés arbitrairement pour avoir exercé pacifiquement leur liberté d'expression et pour leur travail en tant que journalistes d'investigation sur des questions de justice sociale. « L'audience d'hier a montré qu'il n'existait aucune preuve suffisante à l'appui de ces accusations sans fondement », déclarent les ONG.
Yeang Sothearin et Uon Chhin, anciens journalistes de Radio Free Asia, ont été arrêtés et incarcérés le 14 novembre 2017, quelques jours avant la dissolution du CNRP, le principal parti d'opposition cambodgien, pour avoir « fourni à un Etat étranger des informations préjudiciables à la défense nationale ». Leur ancien employeur Radio Free Asia avait décidé de fermer ses bureaux au Cambodge en septembre 2017, après l'arrestation du président du CNRP Kem Sokha. Les deux journalistes ont ensuite été accusés de production présumée de pornographie. Après neuf mois de détention à la prison de Prey Sar ils ont été libérés sous caution et font actuellement l'objet d'un contrôle judiciaire. Yeang Sothearin et Uon Chhin risquent chacun jusqu’à 16 ans de prison. Après la fin des audiences le 9 août dernier, le verdict a été reporté du 30 août au 3 octobre pour indisponibilité du juge. Les deux journalistes ont déclaré attendre un verdict qui leur rende justice pour pouvoir reprendre une vie normale.
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