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Le Cambodge en recul dans le classement de Reporters sans frontières

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Un bureau de la rédaction du Phnom Penh Post, après le rachat du quotidien. Crédits : Alessandro Marazzi-Sassoon
Écrit par Pierre Motin
Publié le 22 avril 2019, mis à jour le 13 juin 2019

Dans son classement mondial de la liberté de la presse, Reporters sans frontières classe désormais le Cambodge en 143e position. Selon le gouvernement, ce classement ne reflète pas la réalité.

Reporters sans frontière a publié son classement mondial de la liberté de la presse 2019 jeudi 18 avril. Le Cambodge perd une place et se classe désormais en 143e position sur 180 pays.

D’après Reporters sans frontières, le gouvernement cambodgien s’est lancé dans une « guerre absolument impitoyable contre la presse » en amont des élections législatives de juillet 2018. En septembre 2017, une trentaine de radios ont été réduites au silence, et le quotidien anglophone Cambodia Daily a été poussé à la fermeture, tirant sa dernière Une sur l’arrestation de Kem Sokha, le président du parti d’opposition CNRP.

Dernier bastion de la presse indépendante, le Phnom Penh Post a été racheté en mai 2018 par un homme d’affaire malaisien ayant auparavant travaillé avec le parti du premier ministre Hun Sen. Ses journalistes étrangers ont été poussés à la démission par un changement radical de ligne éditoriale. Les deux quotidiens anglophones ont chacun fait les frais de l’annonce d’arriérés fiscaux de plusieurs millions de dollars par le trésor public cambodgien.

D’après l’ONG basée à Paris, les Cambodgiens n’ont désormais plus accès qu’à l’information produite par des grands groupes médiatiques liés au gouvernement, comme le média en ligne Fresh News, qui revendique sa proximité avec les autorités cambodgiennes.

17 sites d’informations ont été bloqués pour 48 heures durant le week-end électoral de juillet 2018, sans aucune information préalable. Le ministère de l’information avait alors invoqué la sécurité du scrutin et la trêve électorale pour justifier cette décision. Les élections se sont soldées par l’élection de la totalité des députés provenant du Parti du peuple cambodgien du premier ministre Hun Sen.

Deux anciens journalistes de Radio Free Asia, Uon Chhin et Yeang Sothearin, ont été libérés sous caution en août dernier. Ils étaient détenus depuis novembre 2017 et accusés d’espionnage et de production d’images pornographiques. Ils risquent une peine de 15 ans de prison.

Reporters sans frontières mentionne par ailleurs l’emprisonnement de Rath Rott Mony, un fixeur cambodgien ayant collaboré à un reportage sur la traite des êtres humains au Cambodge diffusé par Russia Today, incarcéré depuis décembre pour achat de faux témoignage. L’ONG demande sa libération.

Le porte-parole du ministère l’information Meas Sophorn a déclaré que la liberté de la presse était respectée au Cambodge dans le cadre d’une démocratie multipartite. « Le classement du Cambodge ne reflète pas la réalité de la liberté de la presse dans le pays » a-t-il ajouté.

Le gouvernement a indiqué en décembre 2018 que les radios Voice of America et Radio Free Asia sont libres d’ouvrir de nouveau des bureaux au Cambodge. Les deux radios ont fermé leurs antennes locales en novembre 2017, estimant subir d’intenses pressions de la part des autorités cambodgiennes. Le gouvernement a par ailleurs mentionné que le Cambodia Daily pouvait reprendre son activité s’il payait l’ardoise fiscale de plusieurs millions de dollars qui avait mené à sa fermeture en septembre dernier.

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Publié le 22 avril 2019, mis à jour le 13 juin 2019

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