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« Le Cambodge s’est approprié la lutte contre le sida »

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Un travailleur social de l'ONG KHANA donne des informations sur le VIH. Crédits : département des affaires étrangères australien / Flickr Creative Commons
Écrit par Pierre Motin
Publié le 1 décembre 2019, mis à jour le 1 décembre 2019

A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, Lepetitjournal.com Cambodge a rencontré Taraneh Shojaei, conseillère santé du ministère français des affaires étrangères pour l’Asie du Sud-Est, en déplacement à Phnom Penh, afin de faire le point sur la situation du VIH au Cambodge.

Lepetitjournal.com Cambodge : Comment la France agit-elle à l’étranger, et notamment au Cambodge, dans la lutte contre le sida ?

Taraneh Shojaei : La France est le second contributeur historique au Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qu’elle a financé à hauteur de cinq milliards d’euros depuis sa création en 2002. Un des rôles fondamentaux du Fonds mondial est de rendre les traitements disponibles à bas pris dans les pays les plus défavorisés. Une des spécificités du Fonds mondial est qu’il participe aussi à la recherche des nouveaux cas d’infection par le VIH, notamment en associant les sociétés civiles locales et les instances gouvernementales. Il s’agit d’une approche assez singulière, qui a pour objectif les « trois 90% » à l’horizon 2030, à savoir 90% des porteurs du VIH dépistés, 90% des personnes malades sous traitement d'antirétroviraux, et 90% des porteurs traités dont la charge virale est indétectable, ce qui est généralement synonyme d’un traitement régulier.

Quelle est la situation actuelle de l’épidémie de VIH au Cambodge ?

En 2018, le Cambodge comptait 73 000 adultes porteurs du VIH, et on estimait que 16 000 personnes ignoraient leur séropositivité. Parmi les porteurs du virus, 62 000 personnes étaient traités, soit 82%. On comptait moins de 1000 nouveaux cas par ans, et 1300 décès liés au VIH par an. A titre de comparaison, la prévalence du VIH au Cambodge était en 2018 de 0,5%, contre 0,3% en France, 1,1% en Thaïlande et près de 20% en Afrique du Sud.

Les chiffres relatifs au VIH au Cambodge vont plutôt dans le bon sens. En dix ans, le nombre de nouveaux cas a été divisé par quatre. On observe que le Cambodge s’est approprié la lutte contre le VIH, avec des fonds conséquents alloués par les bailleurs, une société civile dynamique et des autorités publiques actives. Il faut saluer la volonté politique du gouvernement, qui a mis en place une stratégie nationale et qui a intégré les associations et ONG dans les instances nationales de lutte contre le sida.

Au quotidien, comment se passe la lutte contre le VIH au Cambodge ?

Pour les associations et travailleurs sociaux, il s’agit d’abord d’atteindre les populations les plus susceptibles d’être porteuses du VIH, notamment les travailleuses et travailleurs du sexe, les hommes homosexuels, les prisonniers et les usagers de drogues. 

J’ai par exemple suivi des personnes qui allaient dans les karaokés afin de sensibiliser les travailleuses du sexe aux risques du VIH, réaliser des dépistages réguliers. La France contribue directement à ces actions à un niveau bilatéral, notamment à travers le financement de projets de l’ONG KHANA, qui effectue un travail de prévention au sein des communautés.

Quels sont les futurs enjeux de la lutte contre le sida au Cambodge ?

Désormais, un des enjeux principaux pour les années à venir est d’intégrer d’autres maladies à la lutte contre le sida. On observe notamment de nombreuses co-infections avec des personnes porteuses du VIH, de la tuberculose et de l’hépatite C. En outre, il reste des populations difficiles à atteindre. Alors que le taux de prévalence du VIH est de 2,3% pour les travailleurs du sexe et les hommes homosexuels dans le pays, on estime qu’il est de 15,2% chez les usagers de drogues au Cambodge.

 

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Publié le 1 décembre 2019, mis à jour le 1 décembre 2019

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