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« Le Cambodge est un pays attractif pour les entrepreneurs français »

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Philippe Baudry entouré de Camille Louyot et Malinda To, Service économique de Phnom Penh
Écrit par Pierre Motin
Publié le 26 mars 2019, mis à jour le 27 mars 2019

Philippe Baudry dirige le service économique de l’ambassade française depuis août 2018. Lepetitjournal.com Cambodge l’a rencontré pour faire le point sur ses activités et la situation de l’économie cambodgienne.

Diplômé de l’ENA en 1987, Philippe Baudry a rejoint le Cambodge en août 2018 après cinq autres postes similaires à l’étranger en Italie, au Vietnam, en Hongrie, en Russie et au Maroc. Sous-directeur Asie à la direction générale du Trésor du ministère de l’Economie et des finances entre 2005 et 2008 puis représentant de la France auprès de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures entre 2015 et 2018, Philippe Baudry est familier de la région et des problématiques des pays en développement. Il cumule ses fonctions à Phnom Penh avec celles de conseiller économique pour le Laos, où il se rend environ une fois par mois.

Lepetitjournal.com Cambodge : Quel est le rôle du service économique de l’ambassade de France à Phnom Penh ?

Philippe Baudry : Une de nos missions consiste à informer la France à propos de l’économie cambodgienne. Dans une économie internationalisée, il est nécessaire d’évaluer les perspectives économiques de nos partenaires commerciaux, d’autant que la France a une politique de financement des exportations. Par ailleurs, nous fournissons une assistance aux entreprises françaises qui souhaitent remporter des contrats publics au Cambodge et nous aidons les entreprises françaises dans leurs relations avec l’administration cambodgienne. Le service économique contribue en outre à animer la communauté d’affaires française, déjà bien structurée autour de la chambre de commerce et d’industrie France-Cambodge (CCIFC), EuroCham et les conseillers du commerce extérieur français. Nous relayons en outre la position économique du gouvernement français, notamment en matière multilatérale. L’ambassade accueille aussi Business France, qui aide les entreprises françaises qui souhaitent prospecter le marché cambodgien et s’informer sur ses capacités en tant que site industriel et les modes de consommation du pays.

Six mois après votre arrivée, faites-vous le constat d’un pays attractif pour les entrepreneurs français ?

L’économie cambodgienne est très ouverte par rapport à d’autres pays de la région. Le Cambodge a clairement fait le choix du libéralisme économique et de l’ouverture à l’économie internationale, ce qui se traduit des droits de douane peu élevés, l’absence d’obstacles significatifs à l’importation comme à l’exportation et le fait que le pays est ouvert sur la question des permis de travail accordés aux étrangers. Contrairement à plusieurs de ses voisins, le Cambodge n’oblige pas les investisseurs étrangers qui souhaitent s’établir dans le pays à conclure un partenariat avec un entrepreneur local dans le cadre d’une joint-venture.

Tous ces éléments font du Cambodge un pays attractif pour les entrepreneurs français. En termes de nombre d’entreprises créées, la France est le premier pays européen, et peut-être même le premier pays occidental. Avec environ 140 entreprises françaises inscrites sur un total d’environ 400 entreprises européennes, la CCIFC est le plus important chapitre d’EuroCham. Le profil des entrepreneurs français est très varié, et va de la restauration et des commerces de bouche aux grands groupes français tels Accor, Vinci, Total, Bolloré, Décathlon et la BRED. Parmi toutes ces entreprises, on trouve aussi bien des sociétés de droit local que des filiales de groupes français.

Quelles sont les perspectives actuelles de l’économie cambodgienne dans le contexte d’une possible suspension de l’accord Tout sauf les armes ?

Le Cambodge est l’un des pays de la région qui connaissent une très forte croissance économique. Cela se traduit par une visibilité de plus en plus forte du royaume au sein de l’ASEAN. La dynamique de croissance interne est très forte, ce qui est notamment dû à l’effet de rattrapage du pays par rapport à ses voisins. Une possible suspension totale ou partie de l’accord Tout sauf les armes, qui permet au Cambodge d’exporter en direction du marché européen sans aucun droit de douane, pourrait avoir un impact sur l’économie cambodgienne, et les entrepreneurs français se posent bien entendu des questions à ce propos. Mais nous sommes actuellement dans une phase de dialogue entre l’Union européenne et les autorités cambodgiennes qui peut encore permettre d’éviter une telle suspension. Par ailleurs, le développement du Cambodge est tel que, dans quelques années, il ne devrait plus figurer plus dans la liste des pays les moins avancés pouvant bénéficier d’EBA.

Il existe aujourd’hui un consensus sur le fait que l’économie cambodgienne va continuer de connaître une croissance importante. En ce qui concerne la structure de l’économie cambodgienne, le gouvernement a exprimé sa volonté de diversifier l’économie, mais ces ambitions se sont encore assez peu traduites dans les faits.

L’explosion des investissements chinois au Cambodge depuis quelques années a-t-elle changé la donne pour l’économie du pays ?

Nous assistons actuellement à un afflux d’investissements asiatiques dans le royaume. Les investissements chinois, présents notamment dans les secteurs de la construction, des casinos et du tourisme, contribuent de manière importante à la croissance de l’économie cambodgienne. Il s’agit d’ailleurs d’un phénomène qu’on retrouve partout dans l’ASEAN. Le boom de la construction, et les risques inhérents d’éclatement d’une bulle immobilière, constituent un autre élément à prendre en compte sur le long terme.

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