

Depuis un an, le parc naturel du Bokor a subi de nombreuses transformations à la suite de la création d'un gigantesque site touristique. Un casino ouvre ses portes dès la semaine prochaine. Les avis divergent sur les conséquences écologiques que la construction du complexe peut engendrer
© DR. Panneaux à l'entrée du parc avec la photographie du futur hôtel à six étages.
Zone naturelle protégée par un décret royal de 1993, le site du Bokor est en plein chantier. L'ouverture du casino n'est qu'un début. Les plans originaux prévoient un complexe beaucoup plus grand. Un hôtel à six étages, des salles de conférence, des bars, une salle de bal de 2.000 personnes, des spas, des restaurants, un parc d'attraction et deux golfs. Le projet continue pendant les quinze ans à venir. Les investisseurs souhaitent convertir le parc en poumon économique de la région car le site devrait brasser beaucoup d'argent.
Le groupe Thansur Bokor Highland Resort, en charge du projet, veut donner un regain d'intérêt à cette région, depuis quelques années endormie, en attirant une clientèle d'Asie du Sud-est. Les touristes aisés n'hésitant pas à prendre l'hélicoptère pour se déplacer à travers le parc sont attendus. "Notre principale cible de marché est la région du Mékong qui inclut le Cambodge, le Vietnam et la Thaïlande. Notre deuxième marché est le sud de la Chine et la Corée" confirme Ngin Banal, directeur du groupe.
Les associations ne semblent pas s'affoler pour autant et restent discrètes à ce sujet. World Wildlife Fund, Save Cambodia's Wildlife, Wildlife Alliance n'ont pas voulu répondre aux questions du Post. Seule Anne Lemaistre, de l'office cambodgienne de l'UNESCO, se dit "un peu inquiète" par rapport aux transformations prévues de l'environnement.
Pour ou contre, la population locale est mitigée
Khoy Khun Hour, gouverneur de la province de Kampot assure que le projet n'aura pas d'effets négatifs sur la forêt, la faune ou ceux qui vivent dans la zone. Au contraire, le site attirerait plus de touristes, ce qui améliorerait la vie des locaux. "Depuis le développement, beaucoup de personnes ont visité le parc national du Bokor", se justifie-t-il.
Interrogés par le Phnom Penh Post, la réaction des habitants est variable. Certains habitants de la région soutiennent le projet. Le patron d'un restaurant à Kampot semble confiant, "beaucoup de personnes pensent que c'est une bonne idée. Je me sens pas vraiment concerné par les animaux car je pense que la force animale n'existe plus depuis longtemps". Nget Chen, un bonze de 21 ans, admet que depuis la construction de la route, plus de touristes ont visité et donné de la nourriture à la pagode. Ce qui le dérange le plus est le bruit occasionné par les travaux : "En général, les moines bouddhistes n'ont pas besoin de divertissements, ils ont besoin d'un lieu calme et non pas bruyant". Il évoque également l'aspect environnemental, "lorsque l'on détruit la foret, elle perd son attraction et il y a de moins en moins d'animaux et d'arbres".
Sor Sarou, guide du Bokor depuis trente ans, se rappelle l'époque où croiser un éléphant, quelques singes et serpents sur son chemin, n'était pas rare : "Je voyais souvent des animaux qui passaient devant moi. Mais plus maintenant". Le début des explosions pour construire la route a effrayé plusieurs animaux. Le développement si rapide du projet peut choquer les visiteurs qui espèrent passer la journée dans un endroit où la nature domine. "Plusieurs étrangers reviendront surement horrifiés par tout ce développement", craint le patron d'un restaurant. "Comment cela peut-il arriver dans un parc national ?", c'est la question qu'il se pose et qui intrigue plusieurs habitants et touristes, soucieux de l'environnement.
Anaïs Chatellier (www.lepetitjournal.com/cambodge) Mercredi 21 Mars 2012









































