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ECONOMIE - Cambodge : 10 ans plus tard (V)

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 25 août 2008, mis à jour le 9 janvier 2018
Depuis ces dix dernières années, la croissance économique frôle les 10 %, avec une tendance à l'accélération depuis 2003. Cette croissance forte, couplée à la stabilité politique, fait que les changements observés depuis dix ans sont nombreux. Témoignages en cinq temps

(Crédit: Piksel)

Le plus grand changement concerne sans doute la qualification des ressources humaines. Les observateurs sont unanimes : il est beaucoup plus facile qu'il y a dix ans de recruter du personnel formé ou possible de former. "Au sortir de la guerre, très peu de gens pouvaient se prévaloir d'une formation ou même d'une expérience" raconte Jacques Guichandut, fondateur de l'agence de tourisme Asian Trails, "aujourd'hui, il est possible de trouver du personnel formé et qui apprend très rapidement. C'est le plus grand changement que j'ai pu voir depuis que je suis au Cambodge". Songthoul Fernandez, directeur de l'agence de tourisme Kennary Tours, partage cet avis : "les jeunes ont de plus en plus de maturité, ils sont créatifs et dynamiques".
Pourtant, dans ce pays encore très jeune, tout n'est pas complètement maitrisé, et les diplômes ne sont pas toujours à la hauteur des espérances. Même si Monsieur Martin, professeur de français, a observé ces dernières années un retour des enfants à l'école, y compris en province, il reste prudent : "Les écoles et les universités se multiplient. Malheureusement, certaines n'en ont que le nom. Cela pose le problème de la crédibilité des écoles payantes. Beaucoup de jeunes diplômés qui arrivent sur le marché du travail se retrouvent au chômage. Il n'y a pas assez d'écoles de formation professionnelle comme celle de Paul Dubrulle à Siem Reap. Bien sûr qu'il faut des médecins et des avocats, mais il faut aussi du personnel qualifié dans les domaines de la construction, du tourisme, de la restauration?"

Un bilan contrasté
La plupart des observateurs interrogés sont optimiste pour l'avenir du Cambodge, d'autres plus mitigés. Monsieur Martin résume ainsi la position des optimistes : "Les changements que j'ai observés sont positifs. Les choses se sont faites très vite, sans trop de barrières administratives, la nouvelle génération a soif d'apprendre et est motivée. C'est très positif pour l'avenir". D'autres, comme Denis Bouttier, conseiller auprès d'une ONG khmère qui gère un orphelinat, n'y croient plus : "D'une manière générale, le Cambodge est entré dans le totalitarisme de la mondialisation dite libérale. Le nombre relatif de pauvres ne diminue pas. Au plan éducatif, le niveau des élèves se détériore de façon alarmante ainsi que la qualité de l'enseignement, et la concussion s'aggrave (achat de diplômes, etc). La jeunesse est en train de perdre les quelques repères moraux qui avaient échappé à la révolution".
Et Jean-Daniel Gardère, ancien conseiller économique et financier pour le Cambodge et le Laos, de conclure en proposant quelques solutions pour permettre à l'économie cambodgienne de franchir les obstacles du moment, élargir son socle de croissance et mieux en répartir les fruits. "Je penche pour : un nécessaire ralentissement de la croissance et de l'offre monétaire;une "re-rielisation"sage, graduelle et prudente;une politique du tourisme axée sur les segments de marché les plus solvables, une qualité d'offre accrue, une diversification rapide également de cette offre;une prise en compte plus résolue du secteur agricole pour, au-delà du boom des prix, pérenniser sa croissance et améliorer sa productivité. Il peut en découler une meilleure répartition des revenus dans la population, effet social non négligeable, et une poussée de l'épargne rurale, base traditionnelle pour les économistes du décollage".
Aurélie COLLADON. (www.lepetitjournal.com - Cambodge) lundi 25 août 2008{mxc}
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Publié le 25 août 2008, mis à jour le 9 janvier 2018

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