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ECO - FarmLink se bat pour la survie du poivre de Kampot

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 4 octobre 2010, mis à jour le 8 février 2018

Fierté de toute une région, le poivre de Kampot a pourtant bien failli n'être qu'un lointain souvenir. Arrivés au moment où les fermiers voulaient tout détruire, faute de rentabilité, Jérôme Benezech et quatre autres expatriés, ont décidé de créer une société qui assurerait des revenus stables aux fermiers en maintenant leur lien avec les marchés internationaux.

Entre terre et mer, la région de Kampot veille jalousement sur l'un des plus fameux joyaux du pays, le poivre. Un savoir-faire ancestral et un climat généreux font de la baie l'une des meilleures au monde. La  notoriété acquise sous le protectorat français, qui l'avait exporté aux quatre coins du monde grâce à une culture intensive, a été réduite à néant par le régime des Khmers rouges. Revenus sur leurs terres à la fin de la guerre civile les fermiers se sont alors aussitôt remis à planter.

"Au début des années 2000, le cours du poivre était très élevé", explique Jérôme Benezech, directeur de FarmLink. Une aubaine, pensent alors les fermiers. Mais la région de Kampot n'est pas la seule à être séduite par l'appât du gain. Avec elle, de nombreux pays d'Asie du sud-est se lancent dans la filière. Les récoltes massives font chuter le cours du poivre et avec lui l'espoir d'une vie meilleure. "L'épice ne se vendait plus qu'un dollar le kilogramme, bien en dessous de leur coût de production". Les fermiers ne s'y retrouvent plus et décident de tout raser pour se reconvertir.  

Un pari un peu fou
Installés dans la région depuis seulement six mois, Jérôme Benezech et d'autres expatriés, font alors le pari un peu fou, "un soir autour d'un verre", d'essayer de sauver ce patrimoine. "Nous savions que ce poivre avait un énorme potentiel reconnu par les gourmets du monde entier. De plus, les paysans possèdent une grande expertise dans les techniques de production traditionnelles mais manquaient de moyens leur permettant d'accéder aux marchés à l'exportation. Ils avaient tout entre les mains sauf la manière d'y arriver." Le pari pris, FarmLink était créé. L'objectif, faire en sorte que les producteurs atteignent une autosuffisance financière en améliorant leur capacité à produire. "Avant tout, il fallait travailler sur la mise en place d'infrastructures mais aussi regrouper les différentes familles de producteurs en association." Plutôt que de faire du porte à porte, les acheteurs avaient désormais un point d'entrée sur le marché global et les 120 familles un plus grand pouvoir de négociation. Deuxième défi, mettre en avant la qualité du produit en le positionnant sur un marché haut de gamme.

Le poivre de Kampot renait (LePetitJournal.com Cambodge)
L'IGP, une garantie de qualité
Mais l'euphorie du début a rapidement laissé place à quelques imprévus. Et pas des moindres, celui de la contrefaçon. "C'était un double problème. D'une part nous perdions des parts de marché et d'autre part notre poivre était associé à un produit de mauvais goût alors que nous nous étions battus pour lui redonner son rayonnement. Pour ne pas tout gâcher, on a donc fait un peu de lobbying auprès du Ministère du Commerce et de l'Agriculture". A force de pression, le 2 avril dernier le problème était résolu : le poivre de Kampot obtenait le label d'indication géographique protégée (IGP). Y parvenir n'était pas une mince affaire. De nombreuses concessions ont été nécessaires pour arriver à produire un condiment d'une si grande qualité. Pas de pesticides, un triage grain par grain et un séchage minutieusement respecté. "Notre valeur ajouté pour les marchés internationaux, c'est la qualité de notre produit."

Même si aujourd'hui Jérôme Benezech ne fait que très peu de profits sur les ventes, il peut se targuer d'avoir reconquis le marché international et d'assurer un revenu fixe aux exploitants.

Laura Jaumouillé (www.lepetitjournal.com/cambodge.html) mardi 5 octobre 2010

Pour plus d'info www.farmlink-cambodia.com

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Publié le 4 octobre 2010, mis à jour le 8 février 2018

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