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Amorce de détente envers l’opposition, les médias et les ONG

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Mu Sochua au Oslo Freedom Forum en mai 2018. Crédits : Tore Saetre : Flickr Creative Commons
Écrit par Pierre Motin
Publié le 4 décembre 2018, mis à jour le 4 décembre 2018

Dans un contexte marqué par les menaces de sanctions européennes, les autorités cambodgiennes ont multiplié dans une déclaration publiée le 3 décembre les annonces en faveur de l’opposition, des médias et des ONG, qui étaient dans le viseur du gouvernement depuis plus d'un an.

Selon une déclaration du ministère des affaires étrangères cambodgien, les 118 membres du principal parti d’opposition cambodgien, interdits d’activité politique depuis la dissolution du CNRP en novembre 2017, vont bientôt pouvoir de nouveau participer à la vie politique cambodgienne.

D’après cette déclaration publiée lundi 3 décembre, l’Assemblée nationale étudie une proposition de loi qui autoriserait les 118 responsables du CNRP de reprendre leurs activités politiques. Cela passerait par le vote d’un amendement à l’article 45 de la loi sur les partis politiques, qui permettrait au gouvernement demander au roi Norodom Sihamoni de réhabiliter les responsables du CNRP. Selon Leng Peng Hong, secrétaire général de l’Assemblée nationale, cet amendement « a pour objectif de renforcer la démocratie, l’Etat de droit et de favoriser l’esprit d’unité nationale ». Aucun calendrier n’a cependant été annoncé pour le moment.

Le 16 novembre 2017, la Cour suprême cambodgienne a dissous le CNRP pour « tentative de renversement du gouvernement » et interdit à 118 de ses membres d’exercer toute activité politique durant 5 ans. Les députés, sénateurs et élus locaux du CNRP ont alors perdu leur mandat.

Arrêté le 2 septembre 2017 puis libéré un an plus tard, le président du CNRP Kem Sokha est toujours assigné à résidence. La présidente adjointe du parti en exil, Mu Sochua, demande qu’il soit libéré, que toutes les poursuites à son encontre soient abandonnées, et que le CNRP soit rétabli.

Parallèlement, le gouvernement a annoncé qu’il levait les restrictions qui pesaient sur les ONG. Celles-ci devaient avertir les autorités locales trois jours avant d’organiser des rassemblements, comme des réunions ou des forums.

Le gouvernement indique par ailleurs que les radios Voice of America et Radio Free Asia sont libres d’ouvrir de nouveau des bureaux au Cambodge. Les deux radios ont fermé leurs antennes locales en novembre dernier, estimant subir d’intenses pressions de la part des autorités cambodgiennes. Le gouvernement mentionne par ailleurs que le Cambodia Daily peut reprendre son activité s’il paie l’ardoise fiscale de plusieurs millions de dollars qui avait mené à sa fermeture en septembre dernier.

Cette déclaration intervient alors que l’Union européenne (UE) a menacé début octobre de suspendre l’accord préférentiel « tout sauf les armes », qui permet au Cambodge d’exporter tous types de biens armes exceptées en direction du marché européen sans être soumis à des droits de douane. Le secteur du textile, qui emploie près de 800 000 ouvriers et représente 40% du produit intérieur brut, est très dépendant du marché européen. Cecilia Malmström, la commissaire européenne au commerce, avait expliqué début octobre que l’UE envisageait de suspendre les accords préférentiels en raison de la détérioration de la situation du Cambodge en matière de respect des droits de l’homme, indiquant que cette suspension aurait lieu si aucune « avancée claire et concrète » n’était mise en place.

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Publié le 4 décembre 2018, mis à jour le 4 décembre 2018

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