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17 000 kilomètres de passion entre un Français et son vélo bambou

France Cambodge en véloFrance Cambodge en vélo
Tony et son vélo à Phnom Penh. Crédits : lepetitjournalcambodge.com
Écrit par Victor Bernard
Publié le 16 août 2018, mis à jour le 17 août 2018

Après des études d’ingénieur, Tony Morvant a décidé de partir sur la route entre Nantes et Phnom Penh où il est arrivé le 3 août dernier sur le premier vélo conçu avec des fibres naturelles de bambou, qu’il a lui-même construit.

 

Vélo tatoué à la cheville, sourire aux lèvres, Tony est un passionné. Ce Nantais de 25 ans vient de parcourir pas moins de 17 000 kilomètres à bord de son véhicule unique, un vélo constitué de fibres de bambou, premier de la sorte, entre l’ouest de la France et Phnom Penh, sa destination finale. Le Français connaît bien le royaume, il y est venu à plusieurs reprises, pour du volontariat et plus récemment en tant que touriste.

Le vélo de Tony Morvant à Chiang Rai, en Thaïlande. Crédits : Au Bambou de mes rêves/Facebook page

 

Un projet de longue date

Ingénieur de formation, le développement durable est au centre de son engagement. Après sa formation d’apprenti, ce bricoleur né s’est donné un an pour concevoir son moyen de locomotion révolutionnaire. Après de nombreux tests et une fabrication manuelle fastidieuse – Tony a extrait lui-même les fibres d’un stock de bambous importé directement d’Asie, qu’il a mélangé avec de la résine – son vélo est en état de marche au bout de 6 mois de travail. Durant le semestre suivant, le jeune diplômé l’a pratiqué sur les routes de France pour en tester ses limites : « Très honnêtement, je ne voulais pas faire comme tout le monde, avoir le même vélo, les mêmes sacoches que tous les autres cyclistes. Au-delà de l’intérêt écologique de ma proposition, c’est surtout son originalité qui m’a fait persévérer tout ce temps ! ».

Très vite, l’idée d’un tour du monde germe dans son esprit et c’est avec de nombreux espoirs et quelques doutes qu’il s’élance en septembre 2016 à bord de son vélo-bambou, pour un voyage de deux ans. Après avoir traversé la France, l’Italie, Les Balkans avec une pause hivernale de 4 mois en Albanie, la Grèce, Tony arrive en Asie et débute par l’Iran où il expérimente la route sous 45° à l’ombre. Il embarque alors jusqu’à Dubaï où il prend l’avion pour traverser la mer d’Arabie, direction Mumbai et l’Inde. Après 6 mois à pédaler sur les routes indiennes et népalaises, direction Bangkok, cette fois aussi en avion, la route traversant le Myanmar était interdite, la crise des Rohingyas faisant rage à ce moment précis. Et pour finir, après quelques mois passés en Thaïlande, Tony Morvant arrive à Phnom Penh le vendredi 3 août, 17 141 km kilomètres au compteur de son vélo en composite de bambou, toujours en plein état de marche.

 

Une expérience de vie unique

Conduire un vélo dans des villes-mondes telles que Mumbai ou Bangkok nécessite un minimum d’aménagements : « Puisqu’il n’existe pas de pistes cyclables, mais que les véhicules roulent lentement compte tenu de la circulation, il n’est pas particulièrement dangereux de rouler, il faut s’adapter à leur code de la route, mon premier investissement a donc été un klaxon ! ». Les plus beaux souvenirs de Tony restent tout de même ses lieux de campings, éloignés des zones urbaines, où l’on peut réfléchir à son expérience de manière plus posée : « Je pourrais vous parler de toutes mes rencontres, en Iran notamment, qui m’ont bouleversées, mais à force de s’habituer aux relations éphémères que l’on tisse avec les locaux qui vous hébergent ou avec qui vous discutez quelques instants, on devient relativement blasé et, au final, ce sont les moments avec soi-même dont on profite le plus ! ». La solitude est un concept que Tony ne lie pas avec son voyage : « Une solitude choisie telle que la mienne n’en est jamais vraiment une, considérant le nombre de personnes que j’ai rencontrées pendant le trajet, la solitude des gens qui n’arrivent pas à nouer des liens alors qu’ils sont dans une zone peut-être plus confortable est plus préoccupante à mon avis ! ».

Tony Morvant en Thaïlande le long de la frontière du Myanmar. Crédits : Au Bambou de mes rêves/Facebook page

 

Le Cambodge, le bout de son rêve

Loin d’être une étape de son parcours, le cycliste désire s’installer durablement dans la capitale cambodgienne. Il a pour projet d’y développer une entreprise responsable spécialisée dans le développement d’équipements réalisés en composites de bambou. Confiant de la réussite et de la résistance de son vélo, Tony n’envisage pas pour autant de se concentrer sur la fabrication de cadres pour cyclistes. Son but principal est de mettre sur le marché des produits conçus en accord avec l’environnement mais également dont l’usage est en accord avec un mode de vie et de consommation plus responsable. Pour le moment, il envisage de s’orienter principalement vers la production d’articles de sport, pour cyclistes et autres.

Au-delà du développement durable, le cycliste endurci voudrait participer au développement économique du pays et former des Cambodgiens pour concevoir avec lui ses futurs produits. Cette idée lui vient de son premier séjour ici en tant que volontaire : « J’ai vu des enfants travailler des matériaux extrêmement résistants avec rien, je ne pense pas avoir rencontré des gens aussi doués de leurs mains de toute ma vie ». L’emploi au Cambodge reste le facteur principal de l’élévation sociale et il souhaite faire partie de ce processus en permettant à des jeunes cambodgiens de gagner correctement leur vie pour une cause qui a du sens à ses yeux.

De tous ces projets, Tony n’en est encore qu’aux balbutiements et espère construire rapidement un réseau professionnel à Phnom Penh pour pouvoir démarrer rapidement son affaire : « Les jeunes entrepreneurs sont très attirés par Phnom Penh, et en quelques jours j’ai déjà plusieurs rendez-vous de fixés et des conférences auxquelles je participe pour présenter mon projet, la vitesse à laquelle vont les choses est assez impressionnante ! ». Avant tout, Tony Morvant souhaite s’installer, trouver un local et débuter par la production de plusieurs articles haut de gamme, afin de récolter assez d’argent pour pouvoir par la suite développer des produits plus abordables pour le marché cambodgien : « Mes premières productions seront automatiquement destinées à l’export vers la France et l’Europe. Il existe un gros marché d’accessoires de vélos et des clients prêts à investir d’importantes sommes d’argent dans ces articles ».  

 

L’enthousiasme d’un créateur

Pour résumer son expérience, Tony confie : « Être ingénieur à la base m’a appris une chose : il faut à tout prix oublier la réalité, tout ce qui a été fait auparavant, et vous serez en mesure de créer véritablement quelque chose de nouveau. Quand rien avant n’a été créé de similaire, vous devez en permanence utiliser votre esprit et vos capacités pour résoudre les problèmes, mais seul vous pouvez trouver une solution. ».

« Sur le chemin, ce que j’ai retenu, c’est simplement que peu importe où nous sommes nés, nos religions, nos traditions, nous nous ressemblons bien plus qu’on ne le pense et nous aimons les mêmes choses : manger, être avec nos proches et se reposer. Une fois que vous avez intégré cela, il suffit de se laisser aller ».  

La page facebook de Tony, Au Bambou de mes rêves, détaille son aventure et ses futurs projets.

Coucher de soleil au nord-est de l'Inde. Crédits : Au Bambou de mes rêves/Facebook page

 
 

victor_bernard
Publié le 16 août 2018, mis à jour le 17 août 2018

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