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PORTRAIT – Le Street Art par Théo Vallier

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 13 septembre 2011, mis à jour le 8 février 2018

Théo est grapheur à Phnom Penh. Probablement le seul d'ailleurs. Il nous parle du street art, de ses travaux et de l'écho qu'il rencontre dans la capitale. Le jeune homme de 31 ans, tout excité par les paysages urbains qu'il rencontre dans la ville, raconte au petitjournal.com Cambodge son parcours


(crédit: Eléonore Sok-Halkovich)

Lepetitjournal.com Cambodge : Depuis quand graphez-vous ?

Théo Vallier : Je pense avoir commencé en 1998 à Marseille. C'était dans un hangar désaffecté assez connu, la Friche de la belle de Mai, où j'allais avec des potes. Mais tout s'est enchaîné rapidement. J'ai suivi un an de prépa artistique à Paris puis j'ai passé trois ans dans une école de graphisme à Marseille avant d'y enchaîner les petits boulots et d'y exposer pour la première fois en 2005.

Pourquoi être venu au Cambodge ?

C'était en 2007 et j'exposais à Paris. J'y ai rencontré une Khmer qui vivait à Phnom Penh et avec qui j'ai plutôt bien accroché. J'avais beaucoup voyagé dans le passé, dans toute l'Europe et en Amérique du Sud, donc pour moi, c'était l'occasion d'aller en Asie ! Cette amie avait organisé toute une expo' pour moi, j'avais 10 jours en arrivant pour créer toutes mes ?uvres et les mettre en place. Le jour J, j'ai tout vendu, c'était la première fois que ça m'arrive. Je m'y suis donc installé, sans intension de revenir en France durant les années suivantes. Sans parler du fait qu'ici, je peux vivre de mon art grâce à un public différent de celui qui existe en France, même si mes clients sont des expat'. Il faut dire qu'au Cambodge, l'art contemporain ne représente pas grand chose? Même si ça se met en place tout doucement, il n'y a que peu de khmers qui y travaillent.

(crédit: Théo Vallier)

Vos travaux de peintures ont-ils été inspirés par la capitale ?

A l'époque où je suis arrivé dans le pays, je travaillais déjà sur la taule rouillée. Forcément, à force de travailler dans la rue on devient familier avec ce genre de matériaux. J'ai beaucoup travaillé sur la matière : les murs écaillés, les incidents plastiques, les taches de moisissures... donc ici, je trouve mon bonheur. J'ai continué à développer la technique de la taule peinte rouillée par couche successives ici, et ça a donné de très bons résultats. J'ai aussi été ravi de pouvoir peindre à Boeng Kak Lake. J'y vais depuis 4 ans, parfois seul, parfois avec des potes. Quelques Anglais aussi s'y font plaisir avec leurs bombes de peinture. Il y a de la place mais le plus souvent, lorsqu'on revient la semaine suivante, les murs sont déjà détruits. De manière générale, les peintures extérieures se dégradent plus vite de toute façon : humidité et peinture de mauvaise qualité ne font pas bon ménage.

Et le paysage phnom-penhois ?

J'ai toujours travaillé sur la ville, mais ce ne sont pas les grands et récents gratte-ciels qui m'intéressent. J'aime les bâtiments années 50, les rues qui grouillent de monde, les vendeurs ambulants, tout en évitant les grosses bagnoles quand je prends mes photos sur lesquels je travaille.

D'après vous, pourquoi le graph et le street art sont-ils si peu développés à Phnom Penh ?

Pour répondre à cette question, il faut savoir qu'il y a 4 ans nous avons ouvert un atelier de graph en ville. Mais les Khmers n'ont pas vraiment saisi le concept : acheter une bombe de peinture avec son propre argent sans que cela rapporte quelque chose? Pourquoi feraient-ils ça ? En plus, dans le street art, il y a aussi la notion de transgression qu'eux ne connaissent pas. Ils ne veulent pas s'écarter du droit chemin. Résultat : le street art au Cambodge par des Cambodgiens n'existe pas. La culture underground n'a pas le même sens ici. Il n'y a pas de contre culture, on ne va pas à contre-courant et on ne critique pas le gouvernement. On aimerait leur dire de se réveiller et d'arrêter de suivre le troupeau, mais ils ont bien trop peur de devenir des parias.

Des projets pour la suite ?

Je viens de terminer une série qui est actuellement exposée dans le hall de l'Institut français. J'ai récemment eu une commande pour un bar encore en chantier du côté de Riverside. Ils n'ont pas encore de nom pour le lieu mais ils veulent une décoration moderne. Je l'avais déjà fait pour le Score Bar avec deux potes. J'ai fait la soirée du Tiger Translate et vais réaliser une performance live avec Lisa Mam et Peap Tarr devant le théâtre Chenla le 14 septembre à 17h dans le cadre du festival de théâtre Lakhaon.

 

Emilie TÔN (www.lepetitjournal.com/cambodge) Mardi 13 septembre 2011

Exposition de Théo Vallier « Graffiti : écritures urbaines » jusqu'à la fin du mois dans le hall de l'Institut Français.

Performance par Théo Vallier, Lisa Mam et Peap Tarr devant le théâtre Chenla le 17 septembre à 14h.

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Publié le 13 septembre 2011, mis à jour le 8 février 2018

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