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CINÉMA - MIND CAGE, un film dark au Festival du Film International du Cambodge

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 7 mars 2017, mis à jour le 21 mars 2017

Dans le cadre du Festival du Film International du Cambodge, Lepetitjournal.com a assisté à la première publique de Mind Cage, d'Amit Dubey. Retour sur le film en compagnie du réalisateur et des spectateurs.

Mind Cage raconte l'histoire d'un guérisseur traditionnel qui enferme ses patients atteints de troubles mentaux de son village dans des cages suspendues aux arbres. Sa cruauté se transforme en folie meurtrière le jour où il se fait, à son tour, enfermer. Après s'être échappé, il décime la famille du chef du village et se rend à Phnom Penh pour traumatiser la famille d'un psychiatre qui s'oppose à ses méthodes. Le résultat est d'une violence inouïe. Le psychopathe réussit un défi bien plus ambitieux : enfermer non plus le corps, mais l'esprit de sa victime dans une cage dont il sera plus difficile de s'échapper. 

Les lumières se rallument, Amit Dubey entre dans la salle. Après les applaudissements, les remerciements, le public fait part de ses interrogations sur la fin du film et les divers symboles présents tout au long de l'histoire. Mind Cage laisse perplexe, et c'est précisément ce que recherchait le réalisateur.
Ravi de voir que son plan fonctionne, il confie : « Je voulais faire un film où l'on ressort avec des questionnements. Ce n'est pas intéressant quand on comprend tout d'un coup. En tout cas, ce n'est pas ce que je cherchais à faire.
En soi, l'histoire est simple. À la fin le docteur devient le patient. Mais chacun peut se faire sa propre interprétation ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le personnage principal est-il un vrai guru traditionnel, ou un imposteur fou ?
« C'est un médecin traditionnel. Pour sûr. Mais il est aussi fou. Ce n'est pas exclu que l'on puisse être l'un et l'autre dans la réalité, certaines personnes pratiquent mais sont dangereuses. Il vient d'une famille qui a été dans cette lignée traditionnelle pendant des siècles, mais ce n'est pas une bonne personne, il profite de ses patients qu'il martyrise. »

Était-il un meurtrier avant le film, ou le devient-il ?
« Au début il est respecté, le Chef lui confie même sa fille. Ce n'est pas étonnant, il ne faut pas oublier que la médecine traditionnelle occupe toujours une place importante dans les campagnes. Mais il arrive que des gens se retrouvent enfermés dans des cages, c'est la réalité. 
Pour revenir sur la psychologie du personnage, c'est l'humiliation qui l'a poussé à commettre tous ces crimes. Sa famille était très respectée, et d'un coup il se retrouve enfermé dans sa propre cage. Était-il une très bonne personne avant cet événement ? Non, c'était un mauvais docteur, mais pas un tueur. Le rôle de l'humiliation est déterminant ici. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mind Cage représente donc la fracture entre deux mondes : celui de la médecine moderne des villes et celui de la médecine traditionnelle des campagnes. Cette dichotomie prend forme à travers l'antinomie des deux personnages principaux. En effet, tout semble les opposer. L'un est un psychiatre citadin aisé, rationnel, entouré de ses proches. L'autre est un guérisseur traditionnel, issu d'un petit village, instable et seul. Le regard qu'ils portent sur la transsexualité est un bel exemple d'opposition entre les deux hommes. Tous deux sont confrontés à « Bambi », devenu femme dans le film. Pour le psychiatre moderne, il s'agit d'une personne qui a souffert psychologiquement de ne pas être née comme elle voulait être. Pour le médecin traditionnel, il s'agit d'une créature anormale qui ne mérite pas d'exister parce qu'elle n'est « ni homme, ni femme. ».

Un fossé est creusé, conséquence de deux éducations radicalement différentes. Mais entre chaque homme des traits communs peuvent être trouvés, et Mind Cage relie ces deux protagonistes sur un point intéressant. Tous deux sont convaincus d'avoir raison. Enfermés dans leurs points de vue respectifs, ils ne se soucient guère des avis contraires.
Le manque d'ouverture d'esprit serait-il un enfermement ?

Romain Van Bloeme ( http://www.lepetitjournal.com/cambodge ) mercredi 8 mars 2017

 

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Publié le 7 mars 2017, mis à jour le 21 mars 2017

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