Pour cette journée du 8 mars placée sous le signe des femmes, l’Institut français de Timisoara vous propose une série de conversations en ligne entièrement au féminin qui aura lieu durant tout le mois de mars. Ces échanges auront pour objectif de réfléchir "ensemble" aux changements actuellement en cours dans nos sociétés avec celles et ceux qui ont fait, font et feront l'Europe. Tilla Rudel, l'actuelle directrice de l'Institut français de Timisoara nous présente cette belle initiative.
Grégory Rateau: Comment vous est venue cette idée d'organiser à l'Institut français de Timisoara des échanges avec des artistes, des philosophes, des sociologues sur l’état de nos sociétés, de la culture et de la création en Europe?
Tilla Rudel: Nécessité fait loi, comme dit l’adage, et comme je ne pouvais pas organiser d’événements culturels, artistiques ou littéraires dans ce magnifique espace, la Villa Kimmel, qui est l’un des joyaux architecturaux de Timisoara, nous avons réfléchi avec l’équipe, à comment occuper les longues soirées d’hiver des premiers mois de l’année 2021… la formule de la rencontre, ou plutôt de la conversation zoom s’est immédiatement imposée.
Nous avons ensuite réfléchi au format et, comme nous ne voulions pas risquer de provoquer un effet de lassitude, car tout se passe en ligne à présent, nous avons opté pour un format court de 20 minutes. Nous avons également décidé de choisir des intervenants des deux pays avec à chaque fois un traduction et sous-titrage en roumain ou en français selon la langue utilisée. Nous avons également eu la chance de trouver une journaliste culturelle totalement bilingue, Mihaela Dedeoglu, pour mener ces entretiens.
C'est quoi pour vous "des gens qui font l'Europe", sur quels critères les avez-vous choisis pour leur donner la parole?
Je ne voudrais pas prétendre à l’exhaustivité dans le choix de nos invités mais nous sommes partis de l’idée que, puisque nous étions géographiquement au cœur de l’Europe, que Timisoara sera Capitale Européenne de la Culture en 2023, et qu'elle porte ce titre depuis 2016, l’année où elle a été choisie, l’Europe nous paraissait un bon point de départ. Chaque artiste, chaque écrivain, chaque philosophe, cinéaste, universitaire, acteur ou musicien, qu’il soit français ou roumain ou de n’importe quel autre pays européen, contribue par son art, sa science, son écriture ou sa pensée, à la construction et à l’élaboration de cette Europe et peut exprimer son opinion sur ce sujet. Dans son entretien passionnant, le premier que nous avons diffusé, Georges Banu parle du théâtre et de la série de conférences qu’il organise à Paris à la Bibliothèque Nationale de France, intitulée « Le théâtre, une invention de l’Europe ». Il cite le cinéaste Pier Paolo Pasolini qui a dit un jour : « nous ne sommes pas nombreux mais nous venons d’Athènes… ». Le théâtre et la démocratie sont nés à Athènes, en Europe, cela justifie sans doute que nous en parlions ! Pour les critères de choix, c’est souvent les affinité électives, l’équilibre français et roumain, une diversité des disciplines, la disponibilité des uns et des autres, leur actualité lorsqu’il y a la publication d’un livre ou la sortie d’un film et surtout la certitude qu’ils auront des idées et opinions sur leur identité de citoyen européen. Et bien sûr, la question de l’Europe vue sous le prisme des différentes disciplines comme l’histoire, la philosophie, le théâtre, la poésie ou les arts plastiques. Dans un des entretiens, l’écrivaine Ioana Parvulescu dresse une longue liste de ce qu’est, à son avis, l’Esprit Européen, et ce qu’il exige. Par exemple : « avoir dans sa bibliothèque des livres en plusieurs langues et dans l’idéal avoir accès à des livres en latin et en grec car ce sont les deux langues qui constituent les bases même de l’Europe… Elle met aussi dans cette liste, le devoir d’être civilisé, poli, éduqué, avoir le sens de la justice, la tolérance, le respect de la diversité…
Selon vos premiers invités, la pandémie va-t-elle bouleverser sur le long terme l'état de nos sociétés?
Ils ne sont pas prophètes, nous ne le sommes pas non plus et jusqu’à présent, aucun d’entre eux ne s’est prononcé sur cette vaste question !
En revanche, lors de la Nuit des Idées, le 28 janvier dernier, l’invitée (en zoom) de l’institut français de Timisoara était la sociologue Eva Illouz qui s’est longuement prononcé sur cette question et a apporté des réponses très intéressantes que je vous invite à découvrir sur le lien suivant : https://youtu.be/RQLLcT31ryI
Vos rencontres/conférences se font en ligne et non en présentiel du fait des restrictions. Cela ne devient-il pas une force à l'arrivée pour une plus grande visibilité à l'international?
Au départ, nous pensions justement intituler cette série « Conversations sans Frontières » en ayant à l’esprit l’idée que, grâce à la technologie et à cause de la situation sanitaire qui nous empêche de voyager, ces conversations pourraient bénéficier d’une plus large diffusion, au-delà des frontières de notre institut, de la ville, du pays, du continent ! L’infini des possibilités de diffusion de ces conversations est inversement proportionné à la limitation de nos déplacements… et ce n’est pas le seul paradoxe de cette époque ! Les chiffres des premières diffusions sont très encourageants et j’espère qu’ils ne font que commencer leur croissance que j’espère exponentielle !
Je remercie notre ambassadrice Madame Laurence Auer et notre conseillère Culturelle Madame Hélène Roos d’avoir cru en ce projet et de nous avoir soutenus dans cette initiative.
Quels sont vos prochains invités?
Pour l’instant nous avons eu des intervenants du monde littéraire et intellectuel et pas encore d’artistes. Voici nos prochaines dates pour le mois de mars:
- 10 mars: la photographe Mihaela Noroc
- 17 mars: l'artiste Ana Kun
- 24 mars: la comédienne Elsa Zylberstein
- 31 mars: l'écrivaine et professeur de littérature Adriana Babeti