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Le road-trip écologique de deux Français en Roumanie, Arthur Lannoy et Louis Cahuzac

Le road-trip écologique de deux Français en Roumanie, Arthur Lannoy et Louis CahuzacLe road-trip écologique de deux Français en Roumanie, Arthur Lannoy et Louis Cahuzac
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 4 octobre 2021, mis à jour le 5 octobre 2021
Deux amis, Arthur Lannoy et Louis Cahuzac, ont décidé ensemble de se lancer à l'aventure. Leur objectif? Voyager à travers l'Europe à la rencontre d'ONG, d'écovillages ou d'associations qui expérimentent des alternatives dans des domaines variés tels que l'éco-construction, la low-techs, la permaculture, la mobilité douce, le système législatif et l'économie circulaire, le tout en privilégiant la mobilité douce: en stop, en transport en commun ou à vélo! Ils ont ensuite mis en place des documents récoltés et des livres conseillés sur leur blog et sur leur Instagram. Retour sur la partie roumaine de leur road-trip.
 
On est nécessairement opposés à la surconsommation dans ce type de mobilité, car on adopte un mode de vie assez minimaliste, on se focalise vraiment sur l'essentiel.
 
Grégory Rateau: Votre projet de voyage est très engagé et motivé par le combat environnemental. En quoi le fait de traverser l'Europe en vélo pourrait changer l'état des choses?
 
Arthur Lannoy: On voulait avoir une démarche cohérente avec nos convictions écologiques, et ça passe par une remise en question de notre rapport à la mobilité. C'est très politique de voyager en vélo, c'est dire non au "fast-travel" qui permet d'aller visiter toutes les capitales européennes en une semaine si on en a l'envie, mais au prix d'un coût environnemental désastreux. Et puis on est nécessairement opposés à la surconsommation dans ce type de mobilité, car on adopte un mode de vie assez minimaliste, on se focalise vraiment sur l'essentiel. Notre but était d'aller voir des projets écologiques à travers l'Europe et d'ensuite réaliser des interviews (voir notre chaîne YouTube). Et le fait de documenter ces idées et initiatives a pu inspirer certaines personnes qui nous suivent. En même temps on faisait la promotion de la mobilité douce, en stop, en transport en commun et à vélo. On a montré un aspect fun et sympa de ce type de voyage sur nos réseaux sociaux pour donner envie aux gens et montrer que l'on peut voyager loin, longtemps et mieux, sans forcément prendre l'avion ou sa voiture. Et puis, comme dirait l'autre, ce n'est pas la destination qui compte dans un voyage mais plutôt le chemin parcouru. C'est le côté "vivant" du voyage à vélo, on rencontre énormément de gens et ça permet de prendre la température de la conscience écologique citoyenne en Europe.
 
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Nous allons nous concentrer sur la partie qui nous concerne, la partie roumaine. Aviez-vous des a priori avant de venir en Roumanie?
 
Pour ma part, j'avais une image de la Roumanie très positive ! J'avais effectué mon stage d'IUT à la Military Technical Academy of Bucarest pendant 3 mois en 2017 et j'en garde un super souvenir. J'avais en particulier apprécié la convivialité des gens, il était très facile de s'intégrer ! Notamment par le biais du sport, avec l'équipe de handball mixte "Acvila" de Bucarest. Louis n'avait eu que les échos classiques et peu reluisants de la Roumanie. Il a été frappé en arrivant par la disparité du niveau de vie entre les villes et les campagnes, où l'on voit des routes en terre, du travail agricole à traction animale et des bidonvilles... On a pas l'habitude de voir ça en Europe et c'est assez choquant au premier abord. 
 
 
Comment perceviez-vous l'image des Roumains depuis la France?
 
Beaucoup de nos amis n'ont pas d'"image type" des Roumains car ce n'est pas un pays dont on entend beaucoup parler. On sait juste que beaucoup viennent travailler pour pas cher en France dans les exploitations agricoles ou dans le bâtiment. Sur place, on a côtoyé surtout la jeunesse roumaine, avec qui le courant passait super bien. On a été accueillis par un couple d'amis à Bucarest, Irina et Andrei, qui nous emmenaient faire du spikeball avec leur groupe d'amis dans les parcs de la ville. Ce sont aussi de jeunes européens avec qui on partage beaucoup de choses, et nos cultures sont très similaires. Ils parlent aussi très bien anglais, du moins dans les grande villes. 
 
Nous avons vu un des meilleurs projets écologiques de notre expédition en Roumanie, l'ONG EcoRuralis, basée à Cluj. Ils se battent pour la sauvegarde de la biodiversité, pour le droit des terres des petits paysans et pour promouvoir les circuits courts d'alimentation
 
Une rencontre spéciale?
 
Nous avons vu un des meilleurs projets écologiques de notre expédition en Roumanie, l'ONG EcoRuralis, basée à Cluj. Ils se battent pour la sauvegarde de la biodiversité, pour le droit des terres des petits paysans et pour promouvoir les circuits courts d'alimentation. On a rencontré et interviewé Raluca Dan (interview disponible sur notre chaîneYouTube), qui y travaille et qui nous a aussi montré d'autres projets dans lesquels elle s'investissait : un collectif de jardins partagés ("Cultiva orasul") et un lieu social qui sert de petit magasin à une coopérative dont ils font partie. C'est fou de voir des personnes avec un tel degré d'engagement et autant d'énergie, ça donne de la force et de la confiance pour la suite.
 
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Qu'est-ce qui vous a le plus marqué durant votre périple en Roumanie ?
 

Doubler à vélo des charrettes dans les campagnes, on ne le vit qu'ici! Plus sérieusement, les Roumains ont le coeur sur la main et on n'a pas eu beaucoup de mal à se faire héberger pour passer la nuit, et ce même en temps de COVID!



Quel a été votre ressenti quant à la conscience écologique citoyenne en Roumanie

On a été bluffé par la taille de l'association Eco Ruralis à Cluj, qui compte plus de 1800 membres et est un bon indicateur de la conscience écologique citoyenne. Mais, à l'opposé, à Bucarest, quand on parlait d'écologie aux jeunes que l'on côtoyait, beaucoup étaient conscients du problème sans jamais s'y être vraiment intéressés.



Comment vous êtes-vous déplacés en Roumanie ? Et justement est-ce un pays qui est adapté à la mobilité douce?

 
On a commencé par se déplacer en train. On a pris le train dans des petites villes, puis à Bucarest et à Cluj, et le réseau ferroviaire roumain nous a paru important et bien développé, même si les trains sont un peu lents... Puis nous sommes repartis de Bucarest en pédalant. Nous avons trouvé et équipé nos vélos en utilisant OLX et en allant dans de nombreux petits bikeshop de la capitale qui sont assez nombreux. On peut facilement trouver de tout en seconde main en cycles à Bucarest, la culture second-hand nous a paru plus présente qu'en France. Et la ville est plate... donc à vos vélos !
 
 
Combien de pays avez-vous parcouru jusqu'à présent?
 
On a terminé ce tour d'Europe après avoir traversé 17 pays. En tout, nous avons fait environ 9 000 km en stop et en transports en commun, et plus de 5 000 km à vélo.
 
 
Etes-vous optimiste pour l'avenir?
 
Il faut être réaliste, surtout. Le premier volet du 6ème rapport du GIEC vient de sortir et on sait que climat est déstabilisé pour les quelques milliers d'années à venir, que cela est dû aux activités humaines et que les conséquences de ce réchauffement climatique sont apocalyptiques. La première famine climatique a eu lieu à Madagascar et ce n'est qu'un avant-goût de ce que connaîtra notre génération. Et c'est justement pour ça qu'il faut se battre et préparer des solutions pour demain en changeant nos modes de vie. Nous devons écouter les conclusions de la communauté scientifique et accepter le problème avec pragmatisme, c'est la première étape avant de passer à l'action.
 
 
Un projet de voyage? Une autre action que vous pourriez engager pour faire bouger les choses?
 
Bien sûr qu'on a des projets de voyage ! Et on continuera à mêler écologie et aventure : j'ai pour ma part l'envie d'effectuer une transatlantique en voilier d'ici quelques années... D'ici là, je compte trouver une association ou un projet engagé où je puisse travailler en tant qu'ingénieur et être utile. Nous sommes tous les deux actuellement en pleine recherche d'emploi après être revenu en France courant juillet.
 
 
Quel message aimeriez-vous faire passer à la jeunesse?
 
Notre génération est au fait de la 6ème extinction de masse et du réchauffement climatique. La bataille des idées est déjà gagnée, mais il faut maintenant gagner la bataille des faits. Donc soyez curieux et allez expérimenter des choses !
grégory rateau
Publié le 4 octobre 2021, mis à jour le 5 octobre 2021

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