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Michèle Ramis: la parité hommes-femmes dans l'entreprise

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Michèle Ramis, Ambassadrice de France en Roumanie aux côtés de Mme la Secretaire d'État Andreianu et des intervenants de la table ronde tenue à l'ambassade le 6 mars 2020
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 9 mars 2020, mis à jour le 10 mars 2020
A l'occasion de la Journée Internationale des droits des Femmes, l'ambassade de France a organisé le vendredi 6 mars dernier, une table-ronde ayant pour thème: « Quelle politique pour l’égalité femmes-hommes au sein des grandes entreprises françaises en Roumanie ? ». L'occasion pour nous de poser quelques questions à Madame l'Ambassadrice de France en Roumanie, Michèle Ramis.



Cette Table-ronde avait pour objectif de convoquer autour d'un débat, les représentants de cinq grandes entreprises françaises implantées en Roumanie afin d’échanger sur les bonnes pratiques favorisant l’égalité femmes-hommes dans l’entreprise. L'occasion également d'aborder les sujets du recrutement, de la formation tout au long de la vie, des promotions mais aussi des conditions de travail. Pour modérer ce débat, l'ambassade a fait appel à la modératrice Virginia Otel, Présidente du Professional Women’s Network Romania.

Parmi les invités, on comptait: Liudmila Climoc, PDG d’Orange Roumanie; Liviu Ion, Manager Général de la “Renault Bucharest Connected Employee; Isabella Candescu, Directrice des Ressources Humaines chez Michelin; Felicia Dinca, Manager chez Accor des talents et de la culture pour l’Europe du Sud-Est; Adriana Record, Directrice exécutive de la Chambre française de commerce franco-roumaine (CCIFER).
 
 

Notre entretien avec Mme Michèle Ramis, ambassadrice de France en Roumanie :
 
 
Grégory Rateau: Le 8 mars célèbre-t-on « la femme » ou « les femmes »?
 
Michèle Ramis: Le 8 mars prochain nous allons célébrer à la fois le genre féminin, sa place et sa contribution dans la société mais aussi  les femmes dans leur diversité. La Journée Internationale des droits des Femmes est une journée célébrée dans le monde entier depuis 40 ans à l’initiative des Nations Unies. Il s’agit de rappeler que l’égalité des genres est une cause universelle qui doit s’atteler à tous les aspects de cette thématique:  droits humains, droits politiques et participation à la vie publique, droits sexuels et reproductifs, droits et autonomisation économiques, leadership féminin dans le secteur privé, lutte contre les violences….
 
 
Vous êtes Ambassadrice, pendant longtemps cette profession était réservée aux hommes. Est-ce plus difficile, encore de nos jours, d’avoir une fonction à hautes responsabilités quand on est une femme?
 
Il est vrai que ce métier a longtemps été réservé aux hommes pour des raisons liées à ses attributs de puissance et aux stéréotypes attachés à cette fonction, à ses contraintes de mobilité géographique et à l’étroitesse du vivier de candidates. Dans la diplomatie française, la première femme à avoir occupé la fonction d’Ambassadrice était Madame Marcelle Campana, Ambassadrice de France au Panama en 1972. Ce n’est donc que depuis moins de 50 ans que les femmes ont accès à une telle fonction ! Cependant, depuis, la parité a gagné du terrain et nous sommes actuellement 46 Ambassadrices dans l’ensemble du réseau diplomatique français.
La France a fait de la promotion des femmes à des postes de responsabilité une politique publique vigoureuse, afin de lutter contre le phénomène du plafond de verre, tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Nous avons adopté des lois contraignantes aussi bien pour l’accès au haut encadrement dans le secteur public que pour la féminisation des conseils d’administration des entreprises ou des listes de candidatures aux élections politiques. Selon les chiffres Eurostat, nous sommes passés de seulement 10,2% des postes de cadre supérieur occupées par des femmes en 2009 à 45,2% en 2019. C’est un progrès considérable en l’espace de dix ans qui pourrait nous permettre d’atteindre la parité dans un avenir proche.
 
 
Etes-vous confiante sur la question de l’égalité hommes-femmes dans les grandes entreprises françaises?

En France, le gouvernement a mis en place la publication d’un Index de l’Egalité Professionnelle entre les Hommes et les Femmes pour les entreprises. Des efforts restent à faire, notamment au sujet des plus hautes rémunérations perçues à 90% par des hommes, ainsi que pour l’écart salarial à poste et compétence égale qui reste de 9% mais globalement les choses évoluent dans le bon sens et j’ai confiance en la capacité des grandes entreprises françaises pour qu’elles deviennent, dans un avenir proche, un modèle d’égalité femmes-hommes. Une loi impose aussi la présence de 40 % de femmes dans les conseils d’administration.
C’est aussi dans cet esprit que nous avons organisé à l’Ambassade de France à Bucarest cette semaine une table ronde avec les représentants de cinq grandes entreprises françaises implantées en Roumanie, afin de pouvoir échanger sur leur politique et leurs bonnes pratiques pour favoriser l’égalité femmes-hommes.
 
 
Croyez-vous qu’en Roumanie les mentalités vont évoluer rapidement sur cette question de la parité et des inégalités entre les hommes et les femmes ? Comment peut-on aider concrètement à les faire évoluer dans ce sens?
 
Je constate tout d’abord qu’en Roumanie le secteur économique est un moteur en matière d’égalité femmes-hommes. A titre d’illustration l’écart salarial entre femmes et hommes est inférieur à 3% ; alors que la moyenne européenne se situe à 14,8%. A cela, s’ajoutent des initiatives à valoriser, telle que la décision prise par la Fédération Roumaine de Football de ne plus accorder, à compter de l’année prochaine, de licence de participation dans les saisons à venir aux équipes qui n’ont pas d’équivalent dans le football féminin. Ces exemples peuvent et doivent être transposés dans les autres secteurs de la société roumaine. Le plus important toutefois, afin de faire évoluer les mentalités, reste la prise de conscience et, en ce sens, je suis convaincue que la Roumanie, tout comme la France, a connu ces dernières années une véritable évolution, notamment grâce aux mouvements lancés sur les réseaux sociaux, qui mettent en liaison les citoyens et les groupes au-delà de frontières, notamment en Europe.  La construction européenne est un facteur d’intégration et d’harmonisation des législations et des pratiques dans le domaine de l’égalité des genres.. La Roumanie a également une société civile vivace et dynamique, où se distinguent d’ailleurs de nombreuses femmes activistes. C’est un atout majeur.
 
 
 
grégory rateau
Publié le 9 mars 2020, mis à jour le 10 mars 2020

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