Cette semaine notre rédaction rencontre la guide de montagne Cristina Cucu. Parfaitement francophone, Cristina fait découvrir aux touristes étrangers sa culture et le beauté des paysages roumains. Avec sa société Boots on Roots, elle nous entraîne en dehors des sentiers balisés.
La Roumanie offre toujours des coins de nature qui restent intouchables ou très peu altérés par la modernisation. Et c'est ce que les habitants des villes recherchent, le côté sauvage, silencieux et simple. Heureusement, nous avons toujours des endroits que l'homme n'a pas encore réussi à transformer.
Grégory Rateau: Pouvez-vous nous présenter votre activité ?
Cristina Cucu: Je suis guide de montagne en Roumanie depuis 6 ans. J'ai commencé à faire de la randonnée dans les montagnes quand j'étais au lycée et plus assidûment pendant l'université et les années suivantes, avec des groupes d'amis. J'ai eu la chance de trouver un bon entourage d'alpinistes plus expérimentés qui m'ont insufflé le goût d'être là-haut.
Après avoir suivi les cours de formation au métier de guide, j'ai commencé à travailler pour des agences locales avec des Roumains au tout début, mais très vite j'ai développé des collaborations avec des agences qui amenaient des touristes étrangers ici pour passer des vacances actives dans les Carpates. Mon ancien profil de prof de langues et mes études de français et allemand m'ont beaucoup aidée dans mon domaine actuel, pas seulement avec la communication mais aussi la patience de gérer toute sorte de situations et de clients.
À part les collaborations, j'organise très souvent des activités outdoor avec ma petite société qui s'appelle Boots on Roots. On sort chaque week-end dans les montagnes pour faire des randos classiques ou des balades en raquettes, faire du ski de rando, de l'escalade, de l'alpinisme mais aussi des colonies de vacances où l'on fait du bivouac.
Comment est née votre passion pour la marche, l'escalade et le tourisme?
J'ai pas eu la chance de grandir dans un village de montagne comme la majorité des guides de Chamonix (rires). Mais j'ai eu la chance de connaître des gens qui m'ont insufflé le respect pour la nature et le goût de l'altitude. Je leur serai toujours reconnaissante pour m'avoir montré ce chemin. Et ensuite, le passage vers le tourisme s'est fait naturellement de mon côté, ça m'a semblé le bon choix à prendre quand j'avais 25 ans. J'aimais déjà la montagne, les hauteurs, j'aimais les gens et j'aimais partager avec eux ce que l'on peut ressentir à chaque pas. Peu importe s'il s'agit d'une voie de corde ou d'une rando facile, j'ai gardé le même plaisir et le même esprit. Et j'espère être capable d'inspirer d'autres personnes à mon tour.
Quel est le profil type de votre clientèle?
Avec Boots on Roots j'organise plusieurs types de sorties à la montagne :
- des randonnées niveau moyen-difficile, escalade, alpinisme, ski de rando - avec des adultes roumains ou des expats qui habitent en Roumanie, des gens qui cherchent un peu d'adrénaline ou tout simplement à sortir de leur zone de confort et se détacher de leur quotidien
- des randos faciles pour des familles avec enfants (6-12 ans) - parfois on dort une nuit ou deux en tente ou dans des cabanes/ refuges et les petits sont super contents - les clients sont Roumains ou expatriés, parfois les deux (si c'est mélangé, on parle tous anglais dans le groupe)
- des rrandos culturelles - d'habitude ce sont les touristes étrangers qui viennent en Roumanie pour découvrir la vie sereine des villages traditionnels, la bonne nourriture et la nature sauvage que notre pays a su préserver.
Selon vous en quoi la Roumanie offre-t-elle encore des espaces d'évasion possibles?
Même si elle a beaucoup changé après le communisme et après que l'on ait construit dans les endroits les plus isolés, la Roumanie offre toujours des coins de nature qui restent intouchables ou très peu altérés par la modernisation. Et c'est ce que les habitants des villes recherchent, le côté sauvage, silencieux et simple. Heureusement, nous avons toujours des endroits que l'homme n'a pas encore réussi à transformer. Dans les parcs nationaux et pas seulement, avec un peu d'exploration et de bons conseils, on peut les trouver toujours intacts.
Comment la pandémie a influencé votre activité?
Les années 2020 & 2021 ont été difficiles à cause de la pandémie, mais depuis l'année dernière il y a de bons signes. Le tourisme local et international reprend ses droits et cela me rend très heureuse. J'adore ce que je fais, je me vois pas faire autre chose en ce moment de ma vie, donc je suis ravie de voir que la persévérance et l'exigeance donnent des résultats après quelques années d'efforts et de doutes. Le soleil est presque à son zénith et j'en suis très heureuse !
Quel avenir voyez-vous pour le secteur du tourisme en Roumanie?
C'est un secteur qui se développe continuellement chez nous, parfois d'une façon chaotique, parfois de manière plus organisée, mais ça bouge. C'est vrai que ça reste un domaine assez fragile dans les contextes internationaux actuels, mais je garde bon espoir. En plus, je vois de plus en plus de petites affaires qui introduisent des concepts écologiques, ce qui est toujours un bon signe pour moi et un principe de vie et de travail.