Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Deux frères à l'origine de l’ensemble de musique de chambre Franco-roumain L’Athénée

Elie Hackel Laurentiu Stoian Ensemble de musique de chambre Franco-roumain L’AthénéeElie Hackel Laurentiu Stoian Ensemble de musique de chambre Franco-roumain L’Athénée
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 27 mars 2023, mis à jour le 27 mars 2023

Notre rédaction rencontre Elie Hackel, violoniste français et anciennement étudiant au Conservatoire National Supérieur de musique de Paris et son demi-frère violoniste, Laurentiu Stoian. Ensemble ils ont créé en 2022 l’ensemble de musique de chambre Franco-roumain L’Athénée. Réunissant des jeunes et talentueux musiciens issus des meilleurs conservatoires supérieurs d’Europe, ils souhaitent faire vivre les liens artistiques entre leurs deux pays en mettant à l’honneur les compositeurs français de la Belle Époque, les œuvres de George Enesco ainsi que celles de leurs contemporains.

 

 

Cette tournée roumaine est une première pour l’Athénée. Les Instituts Culturels Français de Cluj Napoca et Bucarest mais également les Alliances françaises de Ploiesti, Brasov et Suceava sont les partenaires essentiels qui ont rendu possible ce périple musical.

Grégory Rateau: Depuis l'année dernière, vous et votre demi-frère avez créé l’ensemble de musique de chambre Franco-roumain L’Athénée. Pouvez-vous nous en parler ? Quels objectifs cet ensemble s'est donc fixé ?

Elie Hackel : Nous avons fondé avec Laurentiu Stoian l’ensemble de musique de chambre L’Athénée afin de fédérer des jeunes et talentueux musiciens issus des meilleurs conservatoires européens autour de l’amitié franco-roumaine. Cet ensemble à géométrie variable tisse un lien entre les compositeurs français de la Belle Epoque, George Enescu et ses contemporains. Cette approche collaborative offre l’opportunité aux membres de L’Athénée d’acquérir une riche expérience professionnelle et d’étudier auprès de brillants représentants de ces écoles, parmi eux les violonistes Sarah Nemtanu, Christophe Giovaninetti ou encore Adelina Oprean. Par-delà la distinction entre musique savante et populaire, nous voulons apporter un regard neuf sur les pièces majeures du répertoire mais également valoriser l’héritage de la musique folklorique roumaine et des compositeurs qui s’en sont inspirés. Cet esprit de transmission, de solidarité européenne et cet amour de la musique de chambre sont les fondements de notre ensemble.

 

Elie Hackel violoniste
Elie Hackel

 

 

Vous êtes Français et votre demi-frère a des racines franco-roumaines. Quels liens entretenez-vous avec ce pays ? Cela est-il présent directement dans vos influences musicales ?

Elie Hackel : Je dirais que c’est tout d’abord par la musique traditionnelle roumaine que le coup de foudre a eu lieu. Aussi loin que remonte ma mémoire, j’ai toujours écouté ces mélodies magnifiques à la maison et ma mère m’a rapidement encouragé à en jouer dès l’âge de neuf ans. J’ai eu la chance de voyager en Roumanie pour la première fois durant l’adolescence et d’y acheter mon violon d’étude à l’école de lutherie de Reghin. A Paris, Bruxelles, Cluj Napoca et Chisinau, c’est la rencontre avec plusieurs musiciens populaires qui m’a définitivement donné envie d’étudier aussi rigoureusement que possible ces langages folkloriques si riches ! C’est aussi et surtout par l’amitié quasi fraternelle qui me lie à Laurentiu qu’a grandi cette passion pour la culture roumaine. Nous nous connaissons depuis l’enfance et avons vécu tant d’histoires mémorables dans les Carpates !

 

Laurentiu Stoian : Je suis né dans une famille de musiciens roumains, où l’héritage musical de ce pays et sa culture ont toujours été au centre de mon foyer. Passant mes étés dans la campagne du Marmures, j’ai appris la musique traditionnelle directement des mains et du violon de mon grand-père. D’année en année, le temps passé à ses côtés a ancré en moi un amour profond pour cet art. De retour en France, ma mère et mon père m’ont quotidiennement fait écouter cette musique et mon envie d’en perfectionner la pratique n’a fait que grandir. Influencé par ces impressions d'enfance, j’ai eu l’envie de valoriser le paysage musical roumain dans mon parcours. Elie porte en lui une très grande ferveur pour cette tradition et je suis heureux de partager cet idéal avec lui.

 

 

Parlez-nous de cette grande tournée qui se prépare sur le territoire avec l'Institut français de Roumanie ?

Elie Hackel : Cette tournée roumaine est une première pour l’Athénée. Les Instituts Culturels Français de Cluj Napoca et Bucarest mais également les Alliances françaises de Ploiesti, Brasov et Suceava sont les partenaires essentiels qui ont rendu possible ce périple musical. Nous partagerons la scène avec Laurentiu autour de l’art des duos pour violon, formation qui a traversé les époques, les styles et les pays. Le programme s’ouvre par une magnifique Sonate du maître baroque français Jean Marie Leclair. La tradition allemande apporte avec Louis Spohr une vocalité et une tendresse touchante dans son Duo Concertante. En guise de défi, nous avons choisi la Sonate pour deux violons d’Ysaye qui est un véritable triomphe de virtuosité ! Enfin nous rendons hommage au compositeur hongrois Béla Bartok avec des extraits issus des 44 duos pour violons. Au début du 20ème, cet artiste d’exception a collecté lors de ses voyages dans les villages d’Europe centrale, des folklores qu’il a sans cesse intégrés à ses compositions. Il est une figure particulièrement inspirante dans mon parcours. Nous nous réjouissons tellement de rencontrer le public roumain et de pouvoir échanger avec lui sur nos héritages culturels communs.

 

Laurentiu Stoian violoniste
Laurentiu Stoian

 

 

D'où vous vient cette passion pour la musique, plus particulièrement pour le classique ?

Elie Hackel : C’est encore une fois lié à mon enfance. Dans la voiture, pour aller faire une course avec ma mère ou partir en vacances, nous n’écoutions que deux albums : les Sonates et Partitas de Bach par Henryk Szeryng et un savoureux album de petites pièces par Ivry Gitlis. J’allais fréquemment aux concerts de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg avant mon départ pour le Conservatoire de Paris à 9 ans et j’ai eu la chance d’y entendre plusieurs brillants violonistes. Aujourd’hui j’aurais du mal à discerner mon amour de la musique de celui du violon. Les deux sont tellement liés.

 

Laurentiu Stoian : Je pense que cette passion pour la musique vient de ma famille. Depuis tout petit j’entends du violon et de la musique tous les jours. Mon père m’a toujours emmené à tous ses concerts, ma mère a fini ses études de master quand elle était enceinte, mon grand-père me laissait souvent jouer son violon quand j’étais petit. Baignant dans un tel environnement, j’ai d’abord développé un amour profond pour le violon et ensuite pour la musique classique. 

 

 

Quel a été votre plus beau souvenir de concert?

Elie Hackel : C’est dur à dire, chaque expérience est marquante à différents niveaux. En tant qu’auditeur je dirais que c’est le concert du Quatuor Ebene et Belcea à la Philharmonie de Paris il y a un an. Ils devaient jouer originellement l’Octuor de Mendelssohn et Enescu mais deux membres du Quatuor Ébène ont eu malheureusement le Covid et le programme a été changé à la dernière minute. Je crois que je me souviendrai toute ma vie du Quintette à deux violoncelles qu’ils ont joué. La salle était magnétisée. En tant que musicien, je dirais que c’est le second mouvement du Concerto de Tchaïkovski que j’ai joué à la Seine Musicale pour le concert de clôture de l’Académie Jaroussky. Quel rêve !

 

Laurentiu Stoian : Un concert me vient tout de suite à l’esprit. L’année dernière je suis allé à la Tonhalle de Zurich pour écouter les Quatuors Belcea et Ebene. Après l’Octuor de Mendelssohn, j’étais émerveillé et après l’Octuor de Enescu, j’ai pleuré. De la même manière, je chéris les nombreux concerts où j’ai pu partager la scène avec mon père lors de concerts de musique classique, de musique traditionnelle et de café-concerts.

 

 

Quelque chose à dire à des jeunes qui, comme vous, souhaiteraient entamer une carrière dans le classique?

Elie Hackel : Passion, courage, et patience ! Il y a tellement de possibilités dans le monde de la musique classique et nous pouvons aujourd’hui bien plus qu’auparavant naviguer entre le métier de soliste, la musique de chambre, l’orchestre, la création contemporaine et les musiques actuelles. L’Europe permet une mobilité internationale enrichissante et la rencontre toujours enthousiasmante de l’altérité. Je pense qu’il ne faut jamais oublier la tradition, la vie des compositeurs et les grands interprètes du passé, mais que les champs des possibles sont immenses et que notre génération à encore beaucoup de choses à faire découvrir aux publics.

 

Quelques dates à venir : - 28 mars, 19h00, Cluj-Napoca à Casa Tranzit, ancienne synagogue des artisans de la ville, en partenariat avec Institut français de Roumanie à Cluj - 30 mars, 19h00, Bucarest dans l’Atrium de l’Institut français de Roumanie à Bucarest - 31 mars, Brasov au Bal de la Francophonie à Serenity Resort - 1er avril, 18h00, à la Philharmonie de Ploiesti - 3 avril, Suceava à l'Auditorium "Joseph Schmidt" de l’Université Stefan cel Mare.

grégory rateau
Publié le 27 mars 2023, mis à jour le 27 mars 2023

Flash infos