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COUPLE FRANCO-ROUMAIN - Dana et Jacques

couple franco-roumain Dana Gruia Dufaut et Jacquescouple franco-roumain Dana Gruia Dufaut et Jacques
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 31 mai 2021, mis à jour le 31 juillet 2023

Cette semaine, notre rédaction est allée à la rencontre d'un nouveau couple franco-roumain, Dana et Jacques.

 

Pouvez-vous nous présenter brièvement votre parcours?

Dana : Franco-Roumaine, avocate de formation, je suis née à Bucarest où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 17 ans, lorsque mes parents ont fui le régime communiste pour s’installer en France. Ils ont quitté la Roumanie à un âge très avancé pour recommencer une vie à partir de zéro - mon père avait 50 ans - mais ils souhaitaient surtout offrir à leurs enfants un autre avenir ! C’est donc en France que je me suis formée et j’ai embrassé une carrière juridique, continuant ainsi, mais sans préméditation aucune, une tradition familiale : celle de mon grand-père maternel, éminent juriste roumain, ancien président de l’Académie Roumaine et de la Haute Cour de Cassation et de Justice, mais également de mon père, avocat de renommée.

J’ai fait un premier voyage en Roumanie, en février 1990, immédiatement après la Révolution, en compagnie de mon père, pour revoir la famille. On y vendait sur le Boulevard Magheru des « Martisor » à l’effigie de Petre Roman.

Puis je suis revenue quelques mois plus tard, en tant qu’avocat français, avec la mission d’aider le groupe Colas à s’installer sur le marché roumain et mon destin a changé de nouveau. J’ai commencé à travailler en Roumanie et j’ai ouvert à Bucarest l’un des premiers cabinets d’avocats francophones spécialisés en droit des affaires et c’est au cabinet que j’ai eu la chance de rencontrer Jacques …

 

Jacques : Je suis né en Champagne, dans une famille de quincaillers. De formation commerciale, j’ai fait une carrière exclusivement à l’international. J’ai commencé comme Attaché Commercial auprès de l’Ambassade de France en République Dominicaine.

De retour en France, j’ai intégré la filiale ingénierie du groupe Alcatel, pour qui j’ai géré les relations avec les organismes de financement internationaux, la Banque Mondiale, la Banque Inter-américaine de développement et les Fonds Arabes. J’ai également développé de nouveaux marchés dans les pays du Golfe. Je suis ensuite allé prendre la direction de la filiale du groupe au Mexique, où j’ai eu une expérience passionnante dans la gestion des affaires avec le secteur public.

Revenu de nouveau au pays, j’ai rejoint le monde du négoce international, ce qui m’a conduit en Syrie, en Inde, à Saint-Domingue, mais également en Europe de l’Est. Au début des années 90, voyant le potentiel de l’Europe de l’Est, j’ai décidé de créer ma propre entreprise, d’abord dans la filière sucre, puis consacrée au machinisme agricole, en République Tchèque, en Slovaquie, au Kazakhstan et bien évidemment en Roumanie.

 

Parlez-nous de votre première rencontre ?

Dana : Notre première rencontre est plutôt cocasse. Jacques, après avoir prospecté le marché du conseil en droit des affaires en Roumanie, auprès de différentes instances - Ministère de l’Agriculture, Ambassade de France, -  a fini par venir à mon cabinet, pour me présenter un potentiel client. A l’époque, je collaborais en Roumanie avec un grand cabinet d’audit …. Donc, le jour en question, je l’ai fait d’abord recevoir par le patron de ce cabinet d’audit, qui était une personne un peu particulière, puisqu’il l’a reçu avec son chien à poils frisés sous le bras…. ce qui a plutôt défrisé Jacques… Mais il faut croire que nous étions faits pour nous rencontrer, puisque nous avons entamé d’abord une excellente relation professionnelle, avant d’aller au-delà quelques années plus tard.

Jacques : Première rencontre - professionnelle ! Après avoir été reçu par une assistante « bimbo » et un associé hirsute, avec un caniche dans les bras, je me demandais où j’avais atterri et si ça valait le coup que je reste…. C’est alors que Dana est apparue, pour sauver la mise…

 

Qu’est-ce qui vous a plu chez l’autre ?

Dana : Son caractère, le fait qu’il a toujours un petit argument qui fait qu’il est persistant pour atteindre ses objectifs... Instinctivement, je me sentais attirée par lui, justement parce que c’était un beau challenge que de faire passer mes arguments et ce l’est toujours.

Jacques : Le contraste entre la professionnelle rigoureuse et la femme privée, avenante et décontractée. Mais c’est surtout son côté « tout terrain » qui m’a séduit, car c’est la seule femme que j’ai connue qui, lorsqu’on partait en weekend ou en vacances, était toujours prête pour l’aventure, sans jamais se soucier de l’endroit où elle allait dormir le soir. Et enfin, c’est la seule femme qui ne m’ait jamais « dragué » ... et en plus elle a fait preuve d’une patience extrême, que je ne lui ai jamais retrouvée par la suite…

 

Jacques, aviez-vous des a priori sur la Roumanie avant d'y venir pour la première fois? Qu'est-ce qui vous séduit le plus dans ce pays?

Compte tenu de mes expériences antérieures dans différents pays, je n’avais aucun a priori, mais fort aussi d’une expérience réussie dans les pays de l’Est dans le domaine de l’agriculture, en Tchéquie ou en Slovaquie, j’étais convaincu de l’énorme potentiel de la Roumanie dans ce secteur. Il n’y avait qu’à se retrousser les manches.

J'ai toujours apprécié ici l’authenticité des gens, leur goût des choses simples et la convivialité. La possibilité de circuler librement dans le pays et de profiter de la grande variété des paysages me séduit même à présent, ainsi que la richesse et la diversité de l’artisanat roumain.

 

Dana, vous avez une double culture, vous vivez entre Paris et Bucarest. Vous sentez-vous plus proche d'un pays que de l'autre?

Je ne peux pas dire que je me sente plus proche d’un pays, que de l’autre. En effet, née en Roumanie, je suis arrivée en France en classe de seconde et j’ai atterri directement au Lycée du Parc à Lyon. Ensuite j’ai passé mon Baccalauréat (scientifique, car je voulais à ce moment-là faire médecine), puis j’ai fait la Faculté de droit au Panthéon la Sorbonne et enfin je suis entrée dans la profession d’avocat au Barreau de Paris… En quittant la Roumanie communiste, mes parents m’avaient plutôt incitée à ne plus regarder en arrière, vers un pays qui paraissait à l’époque fermé à tout jamais.

La chute du mur de Berlin et la Révolution roumaine, m’ont ouvert de nouveau la route vers l’Est et vers le pays de ma naissance, que j’ai retrouvé au début des années 90, avec une grande émotion. … Alors, aujourd’hui, entre les deux, mon cœur balance.

 

Qu'est-ce que cela vous a apporté dans votre cheminement personnel?

Dana :  Le fait de vivre dans un milieu biculturel, entre la France et la Roumanie est très enrichissant. On s’adapte, mais on apprend aussi beaucoup des deux cultures.

Cela combine et synthétise les traits de chacune des deux cultures – attitudes, valeurs, comportements et c'est à la base de ce que j’ai réussi à faire dans ma vie professionnelle. J’ai une grande satisfaction que d’avoir pu, à mon modeste niveau, apporter ici, en Roumanie, un peu de ce que j’ai appris de l’autre côté en France et d’avoir pu former, depuis près de 30 ans maintenant, une génération de jeunes avocats qui se sont imprégnés du savoir-faire français …

D’ailleurs, une de mes anciennes collaboratrices a même créé un groupe intitulé « Alumni DGD » qui regroupe certains de ceux qui sont passé par le Cabinet. Nous nous sommes tous enrichis de nos expériences communes et je suis très fière d’eux !

 

De manière un peu plus légère, y-a-t-il chez l'autre un trait de caractère proprement français, et proprement roumain que vous aimez ou que vous détestez ?

Dana : D’abord c’est quoi les traits de caractère proprement français? Il est entier, têtu, mais aussi indépendant et épris de liberté. Mais est-ce là des traits de caractère proprement français ? Je n’en sais rien… Pour le reste, Jacques aime la vie, l’aventure, aime bien manger, mais moi aussi. Là encore ce ne sont pas des traits proprement français. Sincèrement je ne sais pas !

Jacques : Elle n’a pas de trait de caractère spécifiquement roumain ou français. Elle a tout simplement du caractère, parfois à l’excès. Elle démarre au quart de tour et s’enflamme facilement, mais, à l’inverse, cinq minutes après, tout est oublié et la vie reprend son cours comme avant. C’est une question d’habitude.

 

Une expression, un dicton que vous avez appris dans les deux cultures ?

Dana : Je dirais que lorsque je suis revenue en Roumanie j’ai appris ce que c’était «imediat ». À savoir qu’il faut être patient, ce qui ne fait pas vraiment partie de mes traits de caractère... J’ai aussi appris « merge și așa », encore une expression qui me hérisse le poil, car je peux être professionnellement un peu maniaque sur les bords, et l’à peu près, n’est pas quelque chose que j’aime.

Côté français, une expression que j’adore et qui vient du sud-ouest est « boudiou », prononcée bien sûr avec l’accent du coin. Certains disent que ce serait un juron, mais on peut s'exclamer en utilisant le terme « boudiou » pour montrer sa surprise, sa fureur ou encore son émerveillement.

Jacques : une expression roumaine apprise ici: « Merge si asa », même si moi non plus je n’aime pas trop cela …

 

Un mot de la fin, Dana ?

Un dicton français que j’aime beaucoup: « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », ce qui veut dire qu’il faut toujours se battre pour ce en quoi on croit et ne jamais baisser les bras à la première difficulté. Cela a toujours été ma devise !

grégory rateau
Publié le 31 mai 2021, mis à jour le 31 juillet 2023

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