COUPLE FRANCO-ROUMAIN - Carmen et Simon
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Cette semaine notre rédaction vous présente notre nouveau couple franco-roumain, Carmen et Simon. Elle est roumaine, lui est français, ensemble ils ont eu deux enfants et vivent aujourd'hui en France où ils se sont rencontrés.
Pouvez-vous nous présenter brièvement votre parcours?
Simon: A l'origine je suis kinésithérapeute, j’ai ensuite évolué vers le métier de Cadre de santé que j’ai pratiqué pendant une dizaine d’années avant de devenir professeur dans un lycée professionnel et auteur d’ouvrages relatifs au domaine sanitaire et social. Ma vie débute dans les Cévennes, plus exactement dans la ville d’Alès que j’ai quittée lors d’une parenthèse de quelques années pour mes études, plusieurs expériences professionnelles, et surtout après la rencontre de mon épouse.
Carmen: J’ai eu un penchant pour les langues depuis mon enfance, c’est pourquoi j’ai choisi un parcours bilingue dès le collège, avec des cours de français renforcé. J’ai pu continuer dans cette voie au lycée et ensuite poursuivre des études supérieures dans les langues étrangères. En obtenant une bourse Erasmus, en 3ème année de Licence, je pouvais enfin mettre en pratique mes connaissances acquises au fil du temps. Le goût pour l’enseignement m’a été transmis par plusieurs professeurs passionnés par leur métier. Par conséquent, grâce à eux, je suis devenue, à mon tour, enseignante. Je ne suis plus en contact avec eux mais je les remercie pour le travail qu’ils ont accompli et pour la passion qu’ils ont su transmettre.
Parlez-nous de votre première rencontre ?
Simon: En 2004, Carmen, étudiante à Bucarest en langues étrangères Français/Anglais, bénéficiait d'un échange Erasmus pour venir étudier la langue et la culture française au sein de l'Université de Savoie pour une durée de 6 mois. Je venais également tout juste de m’installer comme masseur-kinésithérapeute dans la ville de Chambéry. Tous deux dépaysés, nous devions nous tisser un nouveau réseau social, nous forger de nouvelles amitiés et également découvrir pour l'un un pays avec sa culture et pour l'autre une nouvelle région. La vie professionnelle ne me donnait que peu d'opportunités de retrouver des personnes de mon âge. L'intégration était par conséquent plus lente jusqu'au jour où j’ai soigné un professeur de l'université de Savoie. Celui-ci lui m’a proposé de participer aux journées de randonnées découvertes des Alpes qu'il organisait pour les étudiants Eramus.
Le week-end suivant, nous voilà donc partis pour le col de la Vanoise et ses glaciers. Une heure de bus et c'est parti pour trois heures de montée intense. Certains, peu expérimentés, partent au galop, d'autres plus prudemment. Après une heure de marche, je finis par rattraper une demoiselle dont le souffle l'a emporté sur l'enthousiasme. Il s’agissait de Carmen. Quelques encouragements et une discussion s'instaure. Elle me dit, en roulant les « r », qu'elle est Roumaine, qu'elle vient de la ville de Buzau qui m’était totalement inconnue à l’époque, et qu'elle a un petit frère. Au terme de la randonnée, nous échangeâmes nos numéros. Ce fut le faux départ de notre rencontre.
Mais, lorsque 2 jours plus tard, j’essaie de la contacter, le numéro est invalide. Etait-ce un mauvais coup, un coup du sort ou une erreur ? Je souhaitais en avoir le cœur net. Le week-end suivant, je me suis donc rendu à la "randonnée Erasmus" mais Carmen s'était évaporée. Quelle déception ! Ce n'est qu'à la randonnée suivante qu'elle est réapparue et, de là, est née notre relation d’amour franco-roumain.
Qu’est-ce qui vous a plu chez l’autre ?
Simon: Pour ma part, j’ai vraiment apprécié la bonne humeur, la gentillesse, la capacité d'émerveillement, l’optimisme et surtout l’accent qui roulait les « r » de Carmen. J’ai aussi été tout de suite admiratif quant à sa vivacité d’esprit et surtout son aptitude à observer tous les détails d’une situation.
Carmen: L’ouverture d’esprit car Simon a été très curieux et ouvert, il l’est encore d’ailleurs. Il s’intéressait à tout ce que l’on pouvait se raconter en demandant des détails, des précisions. Sa générosité, son humour, son envie de partager, d’échanger, sa détermination.
Simon, aviez-vous des a priori sur la Roumanie avant d'y venir pour la première fois?
Oui, énormément, comme beaucoup de Français, les seules images que j’avais de la Roumanie étaient celles qui avaient été mises en avant dans les médias de l’époque à savoir l’exécution du couple Ceaucescu et quelques reportages sombres sur les orphelins des rues de Bucarest, tout cela dans des décors plutôt sinistres. Lorsque j’ai pris l’avion pour la première fois pour la Roumanie, je pensais donc à rencontrer un pays triste, sans joie de vivre, peu moderne, gris, où tout se ressemble, et souffrant d’une pauvreté extrême. Quelle ne fut pas ma surprise !
Carmen, vous vivez actuellement en France, comment s'est passée votre intégration ?
J’ai poursuivi mes études à l’issue du Master 1 à l’Université de Bucarest avec un Master 2 à l’Université de Paul Valéry de Montpellier. Pour moi, le Master 2 s’inscrivait dans la poursuite de mes études. Je peux donc dire que mon objectif est resté le même : réussir mes études bien que j’ai changé de ville et de pays.
J’ai ensuite découvert le monde professionnel avec plusieurs CDD qui se sont succédé. C’est ainsi que j’ai eu la possibilité de rencontrer des personnes très sympathiques, quelques unes sont restées des connaissances, d’autres sont devenues des ami(e)s. Certain(e)s viennent comme moi d’autres pays. Ce sont des relations très enrichissantes. Ma famille a été très proche, bien que très loin géographiquement, et m’a toujours soutenue. C’est très réconfortant de savoir que l’on est soutenu et encouragé à continuer dans ce que l’on a envie de faire.
Pensez-vous revenir habiter en Roumanie un jour?
Carmen: J’y pense souvent et l’idée m’enchante beaucoup. Cela ne fait pourtant pas partie de nos projets. C’est donc un rêve car tant que notre métier nous retient en France ce n’est pas envisageable de faire autrement. Mon pays me manque énormément, ma famille, mes amis, la langue, les traditions. Je reste très attachée et nostalgique d’un endroit qui occupe une place très importante dans mon cœur. Pour l’instant, nous avons toujours pu passer les vacances d’été en Roumanie, en famille. J’espère que cela continuera encore. J’aimerais en profiter pour faire découvrir aux enfants de nouveaux lieux en Roumanie pour qu’ils puissent s’en imprégner aussi et en être fiers.
Comment vivez-vous Carmen ce contexte très particulier en ce qui concerne votre famille en Roumanie?
Heureusement que nous sommes en 2020 et que les moyens de communication sont si nombreux et faciles d’accès. Cela ne fait pas tout. Ma famille me manque énormément. Avec le confinement, j’ai vraiment pris conscience de la distance qui nous sépare, qui ne se fait pas avec un vol de 2h30 quand on en a envie. J’ai de la chance car ils vont bien. Cette période anxiogène s’ajoute à la distance, du coup c’est encore moins facile à vivre.
Vous avez eu deux enfants, comment vos familles respectives ont-elles réagi à votre union ?
Simon: Nous sommes issus de 2 familles extrêmement tolérantes. Pour ma part, j’ai toujours senti de l’enthousiasme vis-à-vis de notre union et même une certaine fierté de la part de mes parents, en particulier à l’égard du courage de Carmen et surtout de la double culture de leurs petits enfants.
Carmen: Mes parents ont été contents de savoir que je pouvais construire mon avenir dans un autre pays où les perspectives seraient plus nombreuses. Partir à l’étranger est conçu de façon générale comme un meilleur avenir et des opportunités nouvelles. Il faut néanmoins savoir les saisir.
De manière un peu plus légère, y-a-t-il chez l'autre un trait de caractère proprement français, et proprement roumain que vous aimez ou que vous détestez ?
Simon: J’apprécie beaucoup « l’optimisme à la roumaine » de mon épouse ; cette capacité à avoir une confiance en l’avenir qu’il soit proche ou lointain. Il n’y a pas à proprement parler de trait de caractère que je déteste mais j’avoue parfois être très surpris par sa logique organisationnelle.
Carmen: Je ne crois pas que l’on puisse généraliser mais j’apprécie beaucoup, et je suis admirative, de sa façon de voir la vie, d’anticiper un maximum, de prévoir à l’avance, de se projeter, de bien organiser certaines choses. J’essaie de prendre l’exemple car il vaut mieux être organisé que dissipé mais l’organisation de Simon ne correspond pas à la mienne. Ceci ne relève pourtant pas des différences culturelles mais plutôt des différences hommes/femmes.
Un cliché lié à vos deux cultures respectives que vous avez su dépasser chez l'autre?
Simon: J’ai très rapidement fait le deuil du cliché du pays triste et archaïque. Ainsi, j’ai vite compris, que, nous Français, n’avions aucune leçon de modernité à donner à nos amis Roumains. Très vite j’ai été frappé par leur ingéniosité, l’extrême modernité de leurs connaissances, leur capacité à surprendre, leur aptitude à s’adapter à toute situation et leurs évolutions sociétales rapides. A noter également, la chaleur humaine et l’humour qui caractérisent les relations humaines roumaines du moins dans les cercles amicaux et familiaux.
Carmen: Quand on apprend le français à l’école, en étant enfant ou adolescent, on associe rapidement la France à Paris, à la culture française, à la mode, aux parfums, etc. Mais tous les Français n’habitent pas à Paris et, en plus tous, les Français ne se mettent pas sur leur 31 pour faire les courses ou acheter le pain à la boulangerie. Il y en a qui privilégient le confort à l’élégance.
Une expression, un dicton que vous avez appris dans les deux cultures ?
Simon: Impossible de séjourner en Roumanie sans apprendre les fameux « noroc » ou « sanatate » qui rassemblent à eux seuls la chaleur de l’accueil qui vous sera réservé. Maintenant que nous avons des enfants, j’appris les expressions « puisor mic», « puiule » mais aussi le début des histoires « A fost o data ca niciodata ».
Carmen: Il y en a beaucoup. J’ai été surprise de découvrir lors d’un mariage « Mariage pluvieux, mariage heureux » ou « En mai, fais ce qu’il te plait » ou encore « On ne change pas une équipe qui gagne ».
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