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BUCAREST CENTENAIRE – Le Palais Cantacuzino, luxe, histoire et chant

Palatul_Cantacuzino,_Calea_Victoriei_141Palatul_Cantacuzino,_Calea_Victoriei_141
Wikipedia
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 31 juillet 2018, mis à jour le 31 juillet 2018

Gheorghe Grigore Cantacuzino est resté connu dans l'histoire de la Roumanie comme le maire de Bucarest dans la seconde moitié du XIXe siècle, mais aussi comme le Premier ministre des Principautés Unies ou encore comme membre de la « coalition monstrueuse » qui a détrôné le prince Alexandru Ioan Cuza. En raison de ses ressources financières impressionnantes, mais aussi de son opulence destinée à rappeler à tout le monde ses origines princières, la société mondaine de la capitale l’appelait Le Nabab (Nababul). On le retrouve même dans le Dictionnaire de la langue roumaine d’Auguste Scriban (1939), puisque le terme signifiant « homme riche » était complété par : « surnom de Gheorghe Cantacuzino, l'ancien chef des Conservateurs en Roumanie ».

 

On pourrait dire que l'amour de la beauté et de la culture de l'homme politique était un trait de famille, puisqu’il était l'un des descendants directs de Constantin Brâncoveanu. Il héritera du prince valaque le goût pour les constructions monumentales, et bâtira au début du XXe siècle sur calea Victoriei, une sublime résidence avec un destin épique - le Palais Cantacuzino.

 

Tenant compte de l'étymologie du terme, le « baroque » désigne un paradoxe, une perle irrégulière ; l’architecte roumain Ion D. Berindei a assumé entre 1900 et 1903, la responsabilité de construire un joyau architectural idéal, apportant sous un même toit  les contrastes du baroque, l’abondance ornementale du rococo et les lignes courbes du style Art Nouveau. La façade de l'édifice attire le regarde par une abondance d'ornements sculptés, de figures mythologiques, de colonnes miniatures et d'arcs romains mettant en évidence les lucarnes du dernier niveau, et enfin par le frontispice, où trône l’emblème de la famille Cantacuzino. Les statues et les bas-reliefs sont complétés par une série de balconnets en fer forgé, le même matériau étant également utilisé pour la marquise de l’entrée principale qui abrite deux lions en pierre, grâce auxquels la résidence est connue aussi sous le nom du Palais des Lions. Le toit en verre avec une armature métallique lui donne la forme d'un coquillage, la rocaille française, à la base du style rococo. Trois années plus tard, en 1906, après l’aménagement et la décoration minutieuse de l'intérieur, le Palais a été inauguré en présence de plusieurs centaines d'invités éminents, parmi lesquels se trouvait le futur couple royal, le prince héritier Ferdinand et la princesse Maria.

 

Le sculpteur de la Maison Royale de Roumanie, Emil Wilhelm Becker, a continué son oeuvre au sein de l'édifice en utilisant du bronze, du plâtre et du bois, car même les portes ne pouvaient avoir une apparence simpliste. Les moulures et les revêtements encadrent des peintures murales, souvent étendues jusqu’aux plafonds voûtés ou rectangulaires, ces derniers se distinguant par un jeu d’arts visuels, des éléments sculpturaux encadrant les tableaux de peintres comme Nicolae Vermont, Gheorghe Mirea ou Costin Petrescu. L'exubérance, l'élégance et le raffinement de Gheorghe Cantacuzino ont pris fin en 1913, lorsqu'il  mourut. Quinze ans plus tard, son fils, Michael, le suivra.

 

Le palais reviendra par héritage à Maria (Maruca) Cantacuzino, la femme de Mihail et le grand amour du compositeur George Enescu. Ils ne se marieront qu'en 1937, choisissant d'habiter dans le bâtiment à l'arrière du Palais, destiné au personnel de service ; on raconte que cette décision fut prise pour des raisons financières, mais la nature modeste du compositeur y a contribué également. D'ailleurs deux des grandes dames de l'époque ont été troublées par les formes prononcées de l'opulence, car l'aversion de Maruca pour le bâtiment rappelle la situation similaire de la reine Maria, jusqu'à la construction du château de Pelişor à Sinaia.

 

Actuellement, le Palais Cantacuzino est un espace dédié à la musique – suite aux vœux du couple Enescu - accueillant le Musée National "George Enescu" et l'Union des Compositeurs et des Musicologues de Roumanie. Parmi les bals, les dîners et les événements artistiques, l'édifice a également était un témoin privilégié de l'Histoire, puisque entre ses murs, le traité de paix de la Seconde Guerre balkanique (1913) fut signé; à cette époque l'état roumain commençait sa lutte pour l'union, en recevant cette fois la Dobroudja du Sud.

 

Sources: Bucurestiivechisinoi.ro, Historia.ro, Georgeenescu.ro

 

Ana-Maria Roșca

 

Traduction : Lucas Cosset

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

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