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BUCAREST CENTENAIRE - Le magasin Victoria, un paradis commercial

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Wikipedia
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 9 août 2018, mis à jour le 9 août 2018

L’histoire du Magasin Victoria, les anciennes Galeries Lafayette du petit Paris, semble tout droit sortie d’un roman d’Emile Zola : l’écrivain français anticipait, une décennie avant, l’apparition de gigantesques magasins proposant des nouveautés, refusant de se résumer au commerce d’étoffes et anéantissant la chance de petites boutiques traditionnelles et affaires familiales. C’est pourquoi à la fin des années 20, dans un Bucarest fleurissant du point de vue social, culturel et financier, suite à son nouveau statut de capitale de tous les Roumains, les officialités commencent la construction du premier, et longtemps unique, magasin d’inspiration occidentale du pays.

 

 

On sait que l’architecte d’origine juive, Hermann Clejan, était diplômé de l’Université technique de Munich d'où sa prédilection particulière pour le style Art Déco, fortement influencé par l’expressionnisme allemand. En 1928, lui incombe la tâche de bâtir un édifice monumental, au croisement de l’avenue Victoriei et de la rue Lipscani, qui était autrefois occupé par la librairie et la maison d’édition Socec ; deux années plus tard, on inaugurait un bâtiment à cinq niveaux, dont le rez-de-chaussée était destiné à l’ancienne librairie et les étages supérieurs, à la filiale bucarestoise des Galeries Lafayette.

 

L’unité stylistique extérieure de l’immeuble s’oppose à l’académisme, misant sur le géométrie de la perspective architecturale - l’affinité pour les formes rectangulaires remplace la sévérité des conventions esthétiques, promue par les lignes courbes de l’Art Nouveau. Les fenêtres, les entrées principales, les piliers ou les lucarnes semi-circulaires, comportent des éléments rectangulaires qui créent une parfaite harmonie des volumes parallélépipédiques ; on peut même suspecter une sorte de coquetterie architecturale purement innocente, suite au fait qu’une petite coupole prend la place des frontispices classiques qu'on retrouve sur les façades les bâtiments alentour. L’immensité de son intérieur semble tempérée par la multitude des voies et des couloirs d'accès, encadrée par des colonnes en marbre et par la grandeur des espaces d'expositions. Une autre preuve du luxe et de la modernité du premier magasin universel du pays était représentée par son ascenseur, et quelques décennies plus tard, un système d’escalators y sera ajouté.

 

Le principe révolutionnaire qui constituait le fondement de ce type de magasin, nommé bazar par les critiques français du début du XXe siècle, envisageait la commercialisation d’une grande variété de produits, sur un seul et même espace. Suivant le modèle parisien, les petits stands de l'intérieur du magasin offraient à leur clientèle bucarestoise, une sélection d'articles vestimentaires, de maroquinerie, des chaussures, de bijoux, des produits cosmétiques, des linges de lit ou des éléments de décoration intérieure ; mais c'était aussi un centre commercial élitiste, étalant des marchandises de qualité supérieure, achetées auprès de grandes marques européennes. Peu à peu, le plus élégant magasin du Petit Paris se métamorphose en une société commerciale représentative de l’essor socio-économique et culturel du jeune royaume de Roumanie.

 

Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en 1948, les autorités communistes changent le nom des Galeries Lafayette, à cause de sa résonance bourgeoise qui rappelait la période de gloire de la monarchie roumaine. Prenant le nom du grand boulevard historique, l’immeuble devient le Magasin Victoria, qui reste encore aujourd'hui, dans toutes les mémoires grâce au dicton qui lui a collé à la peau : 50 magasins en un seul.

 

Aujourd’hui, presque un siècle après sa construction, le Magasin Victoria enchante les passant par son allure bohème, ayant su garder un parfum de la royaume de la Roumaine d'antan…

 

Source: Romaniatv.net, Bucurestiivechisinoi.ro

 

Ana-Maria Roșca

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

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