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AMOUREUX DE LA ROUMANIE - Ces deux Français ont acheté une maison saxonne à Saschiz

Cette semaine notre rédaction est allée à la rencontre de deux amoureux de la Roumanie, Marie-Luce et Laurent. Marie-Lucie est fonctionnaire du ministère de l'agriculture français et Laurent est gendarme en retraite. Après avoir vécu plusieurs années en Roumanie et pour ne pas quitter le pays et les amitiés tissées, ils ont acheté un pied-à-terre à Saschiz, un joli village saxon de Transylvanie.

Marie-Luce GhibMarie-Luce Ghib
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 31 août 2024, mis à jour le 24 septembre 2024
Nous avons des amis dans toute la Roumanie, depuis la Bucovine jusqu'au delta en passant par le Banat, Sibiu, Cluj et Bucarest. Finalement la localisation est assez centrale. La maison est un prétexte pour revenir et ne pas perdre ces belles amitiés. Le choix de ce village est aussi dû au fait qu'il est vivant avec beaucoup de projets qui y fourmillent.
 
Grégory Rateau: Pourquoi avoir choisi d'acheter votre maison à Saschiz ?
 
Je suis venue en Roumanie en 2003 la première fois en Erasmus à Sibiu. J'y ai rencontré mon ex-mari et père de mes deux filles. Nous avons vécu pendant 10 ans ensemble entre la France et une vieille maison du côté de Tarnaveni. Quand je suis revenue pour travailler à Bucarest en 2017, il était évident pour moi que je devais retrouver une maison, pour mes filles, mais aussi pour consolider mon lien avec ce pays. Ma première visite à Saschiz remonte à 2011, à l'invitation du Groupe d'action local Leader des collines des Tarnaves, nous avions organisé notre première rencontre de l'association que nous avions montée alors avec d'autres jeunes chercheurs "Rural'Est". J'y suis revenue et après être devenue amie avec Florentina Calugar, bien connue ici notamment pour son camping et les activités qu'elle y organise, j'ai rencontré sa soeur Anca et son mari français lui aussi, Charlie, de Casa de pe deal, mais bien d'autres encore : les tenants de la tisanerie/bar Tei, le très chouette maire, Rudy et Oana ! Laurent, est arrivé conjointement dans la maison et dans ma vie en 2021. 
 
Nous avons des amis dans toute la Roumanie, depuis la Bucovine jusqu'au delta en passant par le Banat, Sibiu, Cluj et Bucarest. Finalement la localisation est assez centrale. La maison est un prétexte pour revenir et ne pas perdre ces belles amitiés. Le choix de ce village est aussi dû au fait qu'il est vivant, et beaucoup de projets fourmillent. Notre idée était de trouver une maison qui soit utile aussi pour d'autres. On est ici sur le tracé de la très grande randonnée qui traverse la Roumanie Via transilvanica et c'est un endroit très agréable pour y passer ses vacances.
 
 
Comment vous y êtes-vous intégrée ?
 
Je dirais qu'on s'y est bien intégrés, toutes les mamies sur les bancs nous connaissent maintenant, mais on ne cherche pas non plus à l'être trop, ce lieu est pour nous un lieu de repos et j'avoue qu'on profite aussi pour y faire un peu les ours en passant beaucoup de temps dans notre jardin.
 
 
Vous avez rénové une vieille maison saxonne. Avez-vous eu du mal à trouver des artisans qualifiés?
 
La maison est une maison roumaine même si d'influence saxonne. Elle est face à la petite église orthodoxe sur la colline dans le quartier roumain. Elle a été construite par Dumitru Muntenas en 1916 grâce à l'argent qu'il avait gagné lors de son émigration aux Etats-Unis! Comme beaucoup de Roumains de ce village à cette époque. Il a ensuite adopté une nièce ou filleule, issue d'une grande fratrie, Amalia. Cette dernière s'est mariée en 1950 avec un Suciu. C'est à ses 3 enfants que nous avons acheté la maison bleue (recouverte de gris alors) en 2020 après le décès d'Amalia en 2019. Nous sommes devenus bons amis avec deux de ses enfants, Nicu et Mariana, malheureusement décédés eux aussi ces deux dernières années, mais nous avons eu le temps de connaître l'histoire de cette maison et tout ce qu'elle contient! Un vrai musée ! 
 
Pour les artisans, nous avons la chance d'avoir des voisins dans le métier ! Je ne donnerai pas leur nom parce que c'est une denrée en effet trop rare, mais oui, ce n'est pas toujours facile, ils sont très sollicités. Deux d'entre eux viennent de rentrer d'Allemagne. Nous essayons aussi de faire tout ce que nous pouvons faire par nous-mêmes, mais ni le gros œuvre, ni l'ébénisterie, ni la plomberie! 
 
 
Combien de fois par an revenez-vous ?
 
Nous revenons trois ou quatre fois par an depuis notre départ de Roumanie en 2022, le plus souvent pour une semaine ou deux. Les connexions ne sont pas toujours faciles avec les travaux sur les lignes de train. Nous avons tout essayé : train via Vienne en 2 jours, avion via Cluj, Sibiu, Bucarest... on attend la téléportation. L'idée est de revenir sur de plus longues périodes si nos métiers le permettent à l'avenir mais aussi de louer la maison en entier au mois, ou à la quinzaine à des retraités ou des familles qui voudraient tester la vie à la campagne ou à des groupes de cyclistes (il y a de beaux tracés, et une course VTT tous les mois d'août, la Transilvania Bike Trails  Race organisée avec l'appui notamment de la fondation adept.) A terme, l'idée serait d'aménager la grange en une sorte d'auberge/albergue pour des randonneurs, un peu rustiques, de Via transilvanica avec des hamacs pourquoi pas. Mais on a encore pas mal de travail pour cela ! 
 
 
Une anecdote que vous aimeriez nous raconter de votre expérience roumaine ?
 
Mon expérience roumaine a plus de 20 ans ! J'ai des dizaines d'histoires en tête personnelles ou professionnelles, de rencontres croisées, mais aucun ours pour ma part, malgré les très nombreuses randonnées faites dans les Carpates ! Peut-être la rencontre fortuite de Gatlif dans un bar perdu en 2008 et je l'ai pris pour un autre... , ou les fois où on m'a confondu avec deuxautres Françaises, mariées à des Roumains, plus ou moins connus. La meilleure anecdote de Laurent, c'est d'avoir été mon chauffeur quand je me suis cassée le pied (rire).
 
 
Aviez-vous des a priori avant de découvrir le pays pour la première fois ?
 
En 2003 j'avais le choix entre la Mongolie et la Roumanie. Mon grand-père était venu en 1994 avec son groupe de folklore savoyard, il m'en avait raconté que du bien. L'a priori était donc positif !
Laurent, mon nouveau compagnon, a, lui, vécu en Hongrie, Bosnie et au Kosovo, la Roumanie était une nouvelle opportunité  professionnelle quasi naturelle!
 
 
Comment percevez-vous les habitants de la région ?
 
Difficile à dire, je ne les connais pas tous (rire).  Les Roumains disent que ce sont les Suisses de la région, mais ils conduisent quand même aussi vite qu'ailleurs!
 
 
De nouveaux projets ?
 
Finaliser les travaux de la maison et ensuite ceux de la grange sont déjà de beaux enjeux! Nos projets sont surtout d'essayer à notre petite mesure, de promouvoir ceux des autres ici, ceux qui vivent à l'année notamment : les associations des femmes (vecinatate femeilor din Saschiz), l'association YOYO de protection des animaux, les associations qui accueillent des jeunes volontaires européens et font des animations pour les enfants des villages, Via transilvanica aussi bien sûr ! La citadelle de Saschiz est en train d'être terminée, c'est un très gros projet qui a été porté par la commune et son maire notamment. De belles pages sont à écrire quant à l'activité qu'elle va apporter au village avec une approche de tourisme durable à trouver.
grégory rateau
Publié le 2 septembre 2024, mis à jour le 24 septembre 2024

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