Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

CHRONIQUE CULTURE - 2021

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 26 septembre 2016, mis à jour le 8 février 2018

 

Timișoara vient de remporter le titre de Capitale européenne de la culture 2021. C'est là une récompense pour la détermination, l'enthousiasme et le savoir-faire de l'équipe ayant porté le projet, mais aussi le point de départ d'un parcours du combattant qui ne fait que commencer. Et pas seulement pour Timișoara... 

Photo : www.opiniatimisoarei.ro

Ça y est ! Après Sibiu, la Roumanie a une nouvelle capitale symbolique, culturelle, située dans l'ouest du pays. C'est un jury d'experts européens qui a accordé le titre de Capitale européenne de la culture 2021 à Timișoara, suite à une compétition "acharnée", un mot sur lequel on a beaucoup appuyé dans l'annonce lue lors de la soirée de gala accueillie par la Bibliothèque nationale de Bucarest. Une compétition avec des différences notables, à tous les niveaux, entre les quatre candidats - Baia Mare, Bucarest, Cluj et Timișoara -, les deux derniers ayant la cote la plus importante parmi les commentateurs, vu les choix opérés depuis 1985, dans le cadre de ce concours continental.

Il s'agit de grandes villes, mais avec des superficies "maîtrisables" et cohérentes, avec une infrastructure culturelle (mais pas seulement) en place, active, qui génère des événements originaux, spécifiques, avec une visibilité nationale et internationale, mais qui peut encore largement être améliorée et générer des bénéfices divers pour la communauté. Cluj et Timișoara ont également une importante dimension multiculturelle et tentent de resserrer encore davantage le dialogue intercommunautaire. Dans le même temps, elles nécessitent des stratégies et des transformations ciblées sur leurs populations plutôt jeunes. Les nuances se sont avérées, sans doute, déterminantes dans la prise de décision et le rapport du jury nous apportera bientôt davantage de précisions en ce sens.

Toutefois, une de ces nuances est, sans conteste, le travail de l'association ayant préparé la candidature de Timișoara - et qui continuera à porter le projet -, un organisme indépendant qui a dû galérer parfois contre vents et marées pour s'imposer devant les acteurs publics et privés de la ville. Détail important à souligner, ce projet n'a pas été imposé "d'en haut", par un sursaut d'orgueil des autorités, comme ça a été le cas dans la plupart des villes candidates de Roumanie. Il s'agit d'une démarche de la société civile - personnes physiques et ONGs - galvanisée, au tout début, par... l'équipe entreprenante et débordant d'idées du Théâtre national de la ville. Toutefois, "amener la population à faire, elle aussi, confiance à ce projet, a été le défi essentiel", avoue Simona Neumann, présidente de l'Association Timișoara Capitale Européenne de la Culture 2021, experte des politiques européennes, coordinatrice tenace et charismatique de la candidature. À ce jour, le fort scepticisme du début semble largement dépassé - quelque 90% des habitants de Timișoara se disent prêts à s'impliquer dans la mise en oeuvre de ce projet, assure l'association, citant un sondage réalisé à cette fin par l'Université de la ville.

Ça y est, mais ce n'est pas encore fait... Plusieurs échéances attendent l'association, les autorités, les habitants, toute cette ville à laquelle, rappelons-le, les Roumains doivent leur liberté après 1989. Ils devront tous passer en mode action pour faire vivre leurs bonnes intentions. En cinq ans, qui passeront en un clin d'oeil, il s'agira, entre autres, de compléter les infrastructures non-culturelles et, donc, de moderniser la ville pour le bien être des habitants, mais aussi pour absorber les nouveaux flux touristiques et professionnels engendrés par les activités de la Capitale. Une grande partie de la cinquantaine de millions d'euros de budget prévue devra être acquise - à savoir les fonds structurels européens, or la Roumanie a toujours eu des difficultés à ce chapitre. Il sera également capital d'élaborer des stratégies et des projets à long terme, qui excèdent l'année 2021 et avec une composante durable prioritaire.

Dans le même temps - et surtout - Timișoara devra prouver sa force culturelle régionale, alors qu'en 2021 elle sera un des trois pôles d'un triangle de capitales européennes de la culture, aux côtés d'une ville grecque et d'une autre serbe ou monténégrine, à déterminer. Timișoara a déjà noué des collaborations avec des villes hongroises, serbes et même croates, comprises dans le projet. On attend d'elle de mettre à profit cette opportunité pour affirmer son originalité et son rayonnement transfrontaliers, être en cohérence avec son homologue de l'espace ex-yougoslave et livrer une image créative de la région Danube-Cris-Tisa, situé aux portes de Balkans souvent tourmentés. Enfin - mais nullement en dernier lieu - Timișoara doit garder en l'état la mobilisation de sa population et renforcer son esprit d'appartenance à une communauté culturellement diverse, à travers des projets innovants et viables pour 2021. C'est-à-dire, donner de la substance et un sens concret à son slogan accrocheur : Shine your light, light up your city (fais briller ta lumière intérieure, fais briller ta ville).

Andrei Popov, journaliste culturel à la rédaction francophone de Radio roumaine internationale (www.lepetitjournal.com/Bucarest) Mardi 27 septembre 2016 

À lire aussi l'analyse visant l'échec de la candidature de Cluj réalisée par l'inlcubateur de politiques urbaines Proiect Cluj (en roumain) - https://proiectcluj.wordpress.com/2016/09/21/servus-de-ce-a-pierdut-clujul-de-ce-a-castigat-timisoara/

A Timișoara, jusqu'au 30 septembre - le Festival européen du spectacle de théâtre et de la dramaturgie roumaine

lepetitjournal.com bucarest
Publié le 26 septembre 2016, mis à jour le 8 février 2018

Flash infos