Entre le 29 mai et le 2 juin, 175 pays se sont rassemblés à Paris pour discuter d’un futur traité international visant à mettre fin à la pollution plastique. Une coalition d’une cinquantaine de pays, dont fait partie la France, a défendu un texte « de haute ambition » qui préconise notamment la réduction de la production de plastique et l’interdiction des plastiques à usage unique. Dans le camp adverse, ce sont les États-Unis, premier consommateur mondial de plastique, et la Chine, premier producteur, qui cherchent à éviter des mesures obligatoires et contraignantes.
Des négociations cruciales ont eu lieu à Paris dans les locaux de l'UNESCO la semaine dernière pour tenter d'avancer sur la réduction du plastique dans le monde.
L'Inde est partisane d'une meilleure gestion des déchets plastique et du recyclage mais ne souhaite pas réduire la production du plastique au contraire de la France par exemple.
L’Inde et le plastique
L’utilisation du plastique en Inde
En 2021-22, la demande de plastique en Inde était de 20,89 millions de tonnes, et devrait dépasser les 22 millions de tonnes en 2023, selon un rapport sur l'état de l'industrie du plastique en 2021.
Selon un rapport du Conseil central de contrôle de la pollution (le Central Pollution Control Board - CPCB), 4 953 unités enregistrées travaillent le plastique dans 30 États et territoires de l'Union en Inde et il existe 823 unités de fabrication/recyclage de plastique non enregistrées dans neuf États et territoires de l'Union.
La législation indienne sur le plastique
En Inde, les déchets plastiques sont réglementés par les lois de 2016 et 2018 et l'amendement de 2021 qui se concentrent sur les plastiques à usage unique. Ces règles détaillent les différentes catégories de plastiques et recommandent des méthodes de recyclage basées sur le type de polymère plastique utilisé.
Le 1er juillet 2022, le gouvernement indien a interdit la fabrication, l'importation, le stockage, la distribution, la vente et l'utilisation d'articles en plastique à usage unique dans tout le pays.
La liste détaillée des articles interdits comprend les assiettes, les gobelets, les verres, les couverts (fourchettes, cuillères, couteaux, pailles, plateaux), les agitateurs, les oreillettes avec des bâtonnets en plastique, les bâtonnets en plastique pour les ballons, les drapeaux en plastique, les bâtonnets de bonbons, les bâtonnets de crème glacée, le polystyrène pour la décoration, les films d'emballage autour des bonbonnières, les cartes d'invitation, les paquets de cigarettes et les bannières en plastique ou en PVC d'une épaisseur inférieure à 100 microns.
Bien que cette mesure vise à réduire la pollution plastique croissante dans le pays, la loi de juillet 2022 n'inclut pas le plastique d'emballage dans la liste des produits interdits.
Dans la pratique, la plupart des commerces de rue continuent de donner des sacs en plastique à usage unique à leurs clients ou des pailles en plastique pour les vendeurs de noix de coco.
De plus, une annexe de la loi de 2016 publiée en février 2022 rend les entreprises productrices responsables du recyclage de leurs déchets d'emballages plastiques dans le cadre de la responsabilité élargie des producteurs (REP). Les producteurs, importateurs et propriétaires de marques doivent obligatoirement s'enregistrer sur un portail centralisé en ligne et soumettre leur plan d'action au CPCB.
Toutefois, seul un nombre négligeable d'entreprises adhère à la règle de la REP et peu se sont enregistrées sur le portail centralisé en ligne. Par conséquent, leurs activités ne sont pas comptabilisées. Le CPCB et les autres départements concernés ne savent pas quelle quantité de déchets plastiques ils collectent, trient et recyclent, ni quelle est leur infrastructure.
Le traitement des déchets plastiques en Inde
En Inde, la principale préoccupation concernant les déchets plastiques n'est pas la quantité de déchets produits, mais une gestion inefficace des déchets, comme la collecte et le recyclage inappropriés des déchets.
Le CPCB estime que l'Inde produit 3,5 millions de tonnes de déchets plastique par an, soit 25 490 tonnes par habitant. La production de déchets plastiques a quadruplé au cours des cinq dernières années et la pandémie a également entraîné une hausse de la production de plastique sur les marchés des produits de grande consommation, du commerce électronique, des services de livraison de nourriture, etc.
En Inde, il existe un vaste secteur informel qui traite entre 42 à 86 % des déchets selon Recykal, un fournisseur indien de solutions pour la gestion des déchets. Mais, en raison d'un manque de connaissances et de machines, la majorité des ordures sont acheminées vers les décharges. De plus, les installations de récupération des matériaux et les recycleurs du secteur de la gestion des détritus reçoivent souvent des déchets contaminés qui ne peuvent pas être récupérés et qui sont finalement mis en décharge.
Le gouvernement indien affirme que 60 % des déchets plastiques du pays sont recyclés. Toutefois, la réalité est quelque peu différente, puisque l'Inde ne pourrait recycler que 12 % de ses déchets plastiques, selon les statistiques du CSE basées sur les données du CPCB (ce qui est plus que la moyenne mondiale qui a été estimée à 9 % selon l’UNESCO). En outre, 20 % des déchets plastiques sont détournés vers la co-incinération, la transformation du plastique en carburant et la construction de routes.
De plus, Recykal assure que 40 % des déchets plastiques produits par la société indienne ne seraient pas collectés. Ces déchets plastiques non gérés se retrouvent dans les cours d’eau et la mer, mais aussi dans les estomacs des animaux. Selon l’institut de recherche sur l’énergie et les ressources (The Energy and Resources Institute - TERI) basé à Delhi, les mers autour de Mumbai, du Kerala et des îles Andaman et Nicobar sont parmi les plus polluées au monde. Le 25 juillet 2022, le ministre des Sciences de la terre a déclaré que plus de 200 tonnes d'ordures, principalement du plastique à usage unique, ont été retirées des côtes maritimes au cours des 20 premiers jours de la campagne de nettoyage des bords de mer, dont l'objectif était de retirer 1 500 tonnes de déchets des 7 500 km de côtes d'ici au 17 septembre 2022, date de la Journée internationale du nettoyage des côtes.
Depuis quelques années, la population indienne commence à être sensibilisée à la pollution déposée sur les plages par la mer. A Mumbai, les principales plages de la ville, Juhu et Girgaon, sont nettoyées par la municipalité deux fois par jour et plusieurs associations organisent des séances de collecte des déchets sur les autres plages de la ville comme celle de Mahim par exemple.
A Pondichéry, ce sont les élèves du lycée français qui ont organisé une collecte des déchets sur la plage principale l'année dernière.