Une nouvelle méthode de projections de la montée des océans a permis d’identifier qu’en 2050, environ 300 millions de personnes courent le risque d’habiter en dessous du niveau de la mer et qu’en 2100, les terres aujourd’hui occupées par 200 millions de personnes seraient probablement englouties.
L’organisation “Climate Central” qui a mis au point l’outil de projection “CoastalDEM” indique dans son rapport que les mesures de protection comme la construction de digues ou la relocalisation des habitants vers des lieux plus élevés permettront de réduire le risque. Mais, malgré cela, la montée des océans, les inondations et le coût de construction de protection contre la mer vont avoir des conséquences humanitaires, économiques et politiques profondes et cela va arriver non pas dans un futur lointain, mais pendant la vie des jeunes générations actuelles.
L'Asie, la 1ère à subir les effets du changement climatique
Selon les scientifiques de “Climate Central”, la montée du niveau des océans aura évidemment un impact sur tous les pays disposant d’une côte, mais, dans les décennies à venir, ce sont les pays d’Asie qui en subiront les premiers les effets, du au grand nombre de personnes de ce continent qui habitent des zones peu élevées.
L'Inde, le 3ème pays le plus touché par les inondations en 2050
Les projections de “Climate Central” montrent que l’Inde sera probablement le troisième pays le plus touché par les inondations en 2050, et en particulier les villes de Kolkatta et Mumbai : 36 millions de personnes seraient sous l’eau. Si l’on poursuit la projection, en 2100, 200 millions d’Indiens pourraient voir leur lieu de résidence en permanence immergé.
Le changement climatique, une menace bien réelle pour Mumbai
Mumbai est une zone très vulnérable à la montée des océans. Dans son livre, “The Great Derangement”, l'écrivain indien Amitav Ghosh décrit parfaitement la situation de la ville :
Mumbai est un doigt tendu dans l'océan. Si une énorme tempête venait à s’abattre sur celle-ci, elle serait sans défense. Le vent et la mer balayeraient tout sur leur passage, imaginez une vague de dix mètres de haut s’abattant sur la ville.
La situation difficile de Mumbai est en grande partie due à la façon dont la ville a été construite. De nombreux quartiers ont été créés en remblayant des zones qui étaient immergées il y a 300 ans. Les Britanniques, après avoir acquis des îles côtières auprès des Portugais, les ont relié entre elles afin de créer une péninsule sur laquelle la ville a été développée. Ce faisant, ils ont comblé les passages entre les terres qui permettaient un écoulement des eaux pendant la mousson. Aujourd’hui, lorsque Mumbai subit de fortes pluies qui coïncident avec la marée haute, la menace d’inondations est décuplée.
L’indice 2018 de mesure du risque de la société Verisk Maplecroft classe Mumbai dans la catégorie à haut risque pour sa vulnérabilité face au changement climatique. Parmi les trente et une mégalopoles mondiales, Mumbai est considérée comme la neuvième la plus dangereuse sur la base de cinquante critères mesurant la préparation d'une ville aux chocs climatiques tels que les vagues de chaleur, les sécheresses, les ouragans et les inondations.
Les inondations, le risque majeur pour Mumbai
Verisk Maplecroft indique que la forte densité humaine, le taux élevé de pauvreté et la faiblesse des systèmes d'égout et d'évacuation des eaux amplifient le risque d’inondations à Mumbai. La société suggère que la ville rénove son système d'écoulement des eaux usées, stoppe le remblaiement des terres en dessous du niveau de la mer et replante la mangrove qui agit comme un barrage naturel entre la mer et la ville grâce à ses racines emmêlées.
Malheureusement, le gouvernement du Maharashtra et la mairie de Mumbai ne semblent pas avoir pris conscience de ces besoins vitaux pour la survie de la ville. Le projet de “coastal road” qui prévoit le remblaiement d’une grande partie de la côte ouest de la ville, (un chantier sur lequel les ouvriers travaillent jour et nuit depuis début 2020) ou le projet de “bullet train Mumbai - Ahmedabad” qui doit passer dans une zone de mangroves en sont des exemples.