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BIRMANIE – Un an après Nargis, certains survivants ont encore besoin d’aide

Dans la nuit du 2 au 3 mai 2008, le cyclone Nargis dévastait le sud de la Birmanie, en particulier la région du delta de l'Irrawaddy. Un an plus tard, la reconstruction est en route mais les habitants des zones les plus touchées ont encore besoin d'une aide alimentaire. Reportage

La vie a repris pour une partie de la population du delta de l'Irrawaddy, mais 250.000 personnes dépendent encore de l'aide alimentaire et un tiers de ceux qui ont perdu leur maison avec Nargis vivent encore sous des bâches (Photo Claire Marli)

Il y a un an, la route qui va de Rangoun, la plus grande ville de Birmanie, à Bogalay, au c?ur du delta de l'Irrawaddy, était impraticable, jonchée de débris de maisons et d'arbres arrachés, de cadavres d'hommes et d'animaux. En s'abattant sur cette région productrice de riz du sud de la Birmanie, le cyclone Nargis avait fait près de 140.000 morts, dont 10.000 dans la seule région administrative de Bogalay. En tout, deux millions et demi de personnes ont été affectées. Aujourd'hui, on peut de nouveau emprunter la route et les checkpoints militaires qui y avaient été installés pour verrouiller l'accès au delta ont été levés. La vie a repris pour les 45.000 habitants de Bogalay. Construit tout au bord de l'un des bras du fleuve Irrawaddy, le marché de la ville avait été quasiment rasé par la vague qui avait accompagné l'ouragan. Doté d'un toit de tôle flambant neuf, il regorge de nouveau de fruits, de légumes, et de poissons. L'électricité fonctionne désormais aussi bien que dans le reste de la Birmanie, c'est-à-dire quelques heures par jour.
Dans les villages plus isolés, à quelques heures de trajet en bateau de Bogalay, la situation des survivants de la catastrophe est plus fragile. Ces hameaux construits au ras de l'eau ont souvent été totalement balayés par la vague qui a accompagné le passage de la tempête. Environ 80% des habitants ont trouvé la mort, dont une majorité de femmes et d'enfants. Dans certains endroits, les hommes représentent les 2/3 de la population. Veufs pour la plupart, ils se retrouvent désemparés face aux difficultés pour reconstruire une famille. "J'ai perdu ma femme et mes cinq enfants, je me sens si seul, raconte Zoe Min. C'est difficile de retrouver une nouvelle épouse. Les gens d'à côté viennent parfois prendre celles qui restent."

250.000 personnes ont encore besoin d'une aide alimentaire
La reconstruction est visible, certains villages alignent des dizaines de maisonnettes en bambous identiques reconstruites par des ONG ou des donateurs privés. Mais les problèmes matériels sont loin d'avoir été résolus, même si les situations varient énormément, parfois à seulement quelques kilomètres de distance. Ainsi, dans le village de Zoe Min a été totalement reconstruit par une ONG japonaise. Mais l'approvisionnement en eau potable pose problème, car les étangs ont été salinisés pendant le cyclone et ils n'ont pas été totalement nettoyés. En cette fin de saison sèche où la chaleur se fait écrasante, les villageois dépendent donc des livraisons d'une ONG locale. "On ne sait pas combien de temps ça durera, explique Soe Aung, le chef du village. Avant le cyclone, nous étions ravitaillés par des vendeurs d'eau, mais beaucoup sont morts à cause de la tempête.""L'accès à l'eau potable a été l'un des problèmes clés de ces trois derniers mois de saison sèche", confirme Chris Kaye, directeur du Programme Alimentaire Mondial à Rangoun. Dans le village situé sur la rive d'en face, ce sont les abris qui posent problème. Beaucoup d'habitants vivent encore dans des cabanes faites de bâches en plastique.

L'agriculture a du mal à redémarrer
Si les pêcheurs réussissent à se débrouiller pour travailler en partageant filets et bateaux, les agriculteurs ont du mal à redémarrer. "Nous n'avons que deux buffles d'eau pour tout le village alors qu'il nous en faudrait 100", soupire Soe Aung. Manquent aussi les tracteurs et les engrais, que le gouvernement fournit au compte-goutte. Dans les zones les plus dévastées, 250.000 personnes dépendent donc encore de l'aide alimentaire selon le PAM. "Il faudra fournir de la nourriture à ces gens jusqu'à la fin de la prochaine récolte, reconnaît Chris Kaye. Mais en dehors de ces zones très touchées du Sud, la récolte de riz n'a pas été aussi mauvaise que ce que nous craignions. De manière générale, il n'y a plus de menace sur la sécurité alimentaire."
Le PAM va commencer à se retirer progressivement. Un récent rapport de l'ONU estime que la région aura tout de même besoin d'une forme d'assistance pendant encore trois ans.
Claire MARLI (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) lundi 4 mai 2009

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