Après avoir été longtemps délaissé, ce quartier résidentiel chrétien de Beyrouth connait un regain de vie et d'attention. Reportage
Il est 10 heures du matin à Badaro. Le vacarme des chantiers se joint à la cohue des klaxons. Employés de bureaux, vendeurs ambulants et habitants du quartier vadrouillent dans les rues du quartier. Malgré la cacophonie ambiante, il est très agréable de se balader dans les allées bordées de pins de ce « village » en plein c?ur de Beyrouth.
À l'approche de l'Hôpital militaire, l'affluence se fait plus forte. Le nombre d'uniformes est impressionnant. Malades et soldats se massent aux terrasses des cafés aux abords. Cette « enclave » militaire contraste avec le reste du quartier.
À l'exception de quelques immeubles modernes, Badaro n'a pas (encore) succombé à la folie bétonnière qui a gagné Beyrouth. Avec ses villas et immeubles résidentiels des années 50, le quartier a su conserver son caractère authentique.
Les cris des enfants qui jouent dans la cour de l'école font écho aux cloches des églises. En fin de matinée, les restaurateurs commencent à préparer les tables. L'odeur des snacks embaume le quartier. À la pause déjeuner, employés de bureaux et soldats savourent sur le trottoir leurs manouchés.
Ce quartier à taille humaine où petits commerçants, bars et restaurants fleurissent, n'a pas toujours été aussi animée. Aménagé dans les années 30, Badaro est devenu dans les années 70 un quartier branché avec de grandes enseignes de la nuit beyrouthine.
« L'ambiance est détendue »
Mais la guerre civile qui éclate en 1975 met un terme à ces années dorées. Le quartier, situé sur la ligne de démarcation, est petit à petit déserté par ses habitants et tombe très vite dans l'oubli.
C'est seulement depuis quelques années que le quartier connait un regain d'attention. Il y a des raisons économiques à ce nouvel attrait pour Badaro, mais aussi culturelles. En effet, d'après Helmut Ruppert, dans son ouvrage Beyrouth, une ville marquée par l'Occident, « la structuration religieuse n'interfère plus » à Badaro.
En fin d'après-midi, le tumulte ambiant s'apaise et les rues se vident. L'ambiance est plus studieuse. Quelques étudiants viennent travailler dans les différents cafés de l'allée principale. L'atmosphère est calme, propice à la flânerie. Les serveurs profitent de cette accalmie pour fumer une cigarette.
En début de soirée, le quartier s'éveille à nouveau. Les restaurants et bars commencent à se remplir. Quarantenaires, trentenaires et étudiants se retrouvent attablés dans les différentes enseignes du quartier.
En soirée, l'ambiance est décontractée ! Ce quartier moins tape à l'?il que d'autres quartiers de Beyrouth, séduit de nombreux expatriés français. Pour Sophia, étudiante française à l'USJ, « l'ambiance est détendue (?) c'est l'endroit idéal pour passer une soirée tranquille entre amis ».