C'est un symbole de l'amitié franco-allemande qui célébrait ce 15 mai son 75e anniversaire : la Maison de France. Inaugurée en 1950 par des représentants français et allemand, sa création constituait alors un grand pas dans la réconciliation des deux pays, cinq ans seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Depuis, elle est devenue un lieu culturel majeur de Berlin, et un emblème du célèbre Kurfürstendamm. Pour l'occasion, "Les Ailes du Désir", chef d'œuvre du plus francophile des cinéastes allemands Wim Wenders, était projeté le 15 mai au Cinéma Paris, en présence du réalisateur.


La Maison de France, c'est d'abord un large immeuble de quatre étages, situé à l'angle entre le Kurfürstendamm et la Uhlandstraße. Sur sa façade régulière et blanche se déclinent en grosses lettres les noms des différentes institutions qu'elle abrite, l'Institut français et sa médiathèque, bien entendu, mais également le Cinéma Paris. Au rez-de-chaussée, la brasserie Le Paris offre soupes à l'oignon et huîtres Fines de Claire, dans un décor nettement plus chic qu'une typique brasserie parisienne (nous sommes tout de même dans le quartier huppé de Charlottenbourg). En 75 ans d'existence, la Maison de France s'est non seulement imposée comme espace prépondérant pour la célébration de la francophilie et des relations franco-allemandes, mais également comme actrice à part entière de la scène culturelle berlinoise.
Wim Wenders, grand francophile, au cœur de la célébration
C'est donc cette institution qui célébrait le 15 mai son anniversaire. Et pour l'occasion, elle a invité Wim Wenders, l'un des cinéastes allemands les plus francophiles. A 17 heures était ainsi projeté au Cinéma Paris son film Les Ailes du désir (Der Himmel über Berlin, 1987), dans lequel la Maison de France apparaît d'ailleurs brièvement. Considéré comme un chef d’œuvre, ce conte merveilleux mettant en scène deux anges se promenant dans les rues de Berlin a marqué l'histoire du cinéma. Le film fut d'ailleurs le premier programme diffusé sur la chaîne Arte pour son démarrage en 1992.

Devant une salle comble, la projection a été suivie d'une discussion détendue entre le réalisateur et la journaliste d'Arte Annette Gerlach, au cours de laquelle la francophilie de Wim Wenders a été longuement abordée. Celui qui a fait une partie de ses études à Paris a confirmé avoir passé ses week-end à la Cinémathèque française, où il pouvait visionner jusqu'à cinq films par jour. Le cinéaste s'est également exprimé sur les transformations de la ville de Berlin depuis le tournage du film Les Ailes du Désir, affirmant que s'il le tournait aujourd'hui, le film serait totalement différent, puisqu'il aurait sous les yeux une autre ville.
La suite de la soirée s'est déroulée dans la salle Boris Vian, au quatrième étage. Après un discours de l'ambassadeur de France en Allemagne, François Delattre, qui a célébré la Maison de France et sa contribution essentielle au dialogue des cultures française et allemande, le dernier court-métrage de Wim Wenders, Les Clés de la Liberté (en domaine public), a été projeté. En une poignée de minutes, il revient sur un épisode méconnu de la fin de la Seconde Guerre mondiale, lors duquel une école rémoise accueillit le 7 mai 1945 des officiels français et allemands pour la signature de la première capitulation du Troisième Reich. Wim Wenders a clos les prises de parole sur une promesse : « À dans 25 ans ! ».

La Maison de France, une histoire en miroir des évolutions de la relation franco-allemande
Le bâtiment qui accueille aujourd'hui la Maison de France fut très largement détruit pendant la guerre. En 1948, il est confié au Gouvernement Militaire Français, pour y créer un centre culturel. A l'époque, il abrite également le Consulat général de France. Inauguré en 1950 par l'ambassadeur André François-Poncet et le maire de Berlin Ernst Reuter, une agence Air France y est même établie pendant plusieurs années. Le début des années 1950 voit la normalisation progressive des relations culturelles entre la France et l'Allemagne, qui s'illustre par des expositions d'artistes français à la Maison de France soutenues par le Sénat de la ville de Berlin. L'enjeu est alors pour la représentation française de faire de l'Allemagne un véritable partenaire culturel.
En 1983, un attentat organisé par le terroriste Carlos, avec l'appui logistique de la Stasi, fait un mort et 23 blessés. En travaux pendant deux ans, ses portes sont rouvertes en 1985 par François Mitterrand et Helmut Kohl, dans un nouveau moment important de l'amitié franco-allemande. Après la chute du Mur, la représentation culturelle française qui avait été ouverte en RDA pour maintenir le lien avec les Berlinois de l'Est fusionne avec la Maison de France. Depuis, elle poursuit son travail de promotion de la francophilie et des relations franco-allemandes, et a accueilli au fil des ans de nombreuses personnalités françaises et francophones, parmi lesquelles Leila Slimani, Sophie Marceau, Benjamin Stora ou encore Amélie Nothomb.
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