Scandale à Hambourg: l'ex-chancelier fédéral Helmut Schmidt a été photographié cigarette aux lèvres le soir du Nouvel An. Une association de non-fumeurs souhaite poursuivre le couple pour non-respect de l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Un éclat qui redonne de la voix aux fumeurs militants
Helmut Schmidt, jamais sans sa cigarette (photo. afp)
"La volutes de fumée s'élèvent d'Helmut Schmidt depuis des dizaines d'années comme d'un volcan en activité", écrivait le quotidien Hamburger Abendblatt la semaine dernière. L'ex-chancelier social-démocrate en poste de 1974 à 1982 a réussi à faire accepter son vice au parlement régional hanséatique comme aux plateaux de télévisions américains, et chique même à l'intérieur du Bundestag !L'octogénaire, qui a déclaré publiquement ne pas avoir l'intention d'arrêter la cigarette, a déjà subi quatre pontages coronariens et porte un stimulateur cardiaque.
Un délai de grâce jusque fin février
Le 1er janvier dernier, Helmut Schmidt et sa femme Hannelore dite "Loki", respectivement 89 et 88 ans, sont photographiés cigarette à la main dans un théâtre hambourgeois, alors que l'interdiction de fumer dans les lieux publics était entrée en vigueur quelques heures auparavant. Les clichés déclenchent la colère d'une association anti-tabac de Wiesbaden qui porte plainte. Le procureur en charge de l'instruction a pronostiqué samedi que l'affaire ne déboucherait sur aucune sanction, un délai de grâce ayant été instauré jusqu'au 29 février. Au-delà, des amendes de 50 à 200 euros seront applicables.
Hambourg fait parti des onze Länder dans lesquels les fumeurs doivent désormais se rendre devant la porte ou dans des salles prévues à cet effet pour assouvir leurs pulsions ? à quelques exceptions près. Le sénateur sans appartenance politique Udo Nagel a par exemple décidé de déclarer son bureau "coin fumeurs", et sa décision a été acceptée par le conseil du personnel. Les rendez-vous en présence de non-fumeurs militants se tiendront donc dans une salle différente.
Une plainte "petite-bourgeoise"?
Kai, 31 ans, fumeur occasionnel, trouve la plainte posée contre les époux Schmidt "petite-bourgeoise" et "ridicule", mais reconnaît moins fumer depuis qu'il est obligé de sortir. La loi anti-tabac semble généralement plutôt bien comprise, même si elle est loin d'être uniformément appliquée. Bastions de la fête, les clubs et boîtes de nuit de Sankt Pauli et la Reeperbahn sont toujours emplis de l'odeur de la cigarette au plus tard vers 2 heures du matin.
Plus tôt dans la soirée, Katia et Babette, ex-fumeuses rencontrées dans un restaurant du Karolinenviertel, se réjouissent de pouvoir désormais sortir en famille sans danger pour la santé des enfants. Tony, le patron du lieu, confirme la hausse des fréquentations par les familles. Dans le bar voisin, Constantin, le DJ, continue à rouler ses cigarettes consciencieusement derrière les platines. "Si je devais sortir pour fumer, il faudrait passer des disques plus longs !", constate le jeune homme, avant d'ajouter qu'il comprend aussi les "bons côtés de la chose" là où l'interdiction est vraiment appliquée. "Du moment qu'on sait à l'avance qu'il faut aller devant la porte, on s'adapte", note Nadine à la table voisine. Selon elle, les non-fumeurs pourront maintenant conquérir le royaume de la nuit sans crainte pour leurs bronches. "Ca fera plus de nouvelles personnes intéressantes qui vont apparaître d'un coup. Ca remplacera les fumeurs qui restent à la maison !", assure la jeune fille en riant.
Margot REIS (www.lepetitjournal.com - Hambourg) lundi 28 janvier 2008
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