Pour réaliser leur documentaire, Mathilde, Téo et Elliot ont traversé l’Europe. Rencontres et interviews ont rythmé l’été de ces trois jeunes militants à la quête d’une réaction citoyenne européenne.
Sillonnant Allemagne, Pologne, Croatie, Italie et Hongrie avec leurs sac à dos et leur caméra, les trois militants du parti Génération.s ont donné naissance à cette initiative indépendante avec un objectif commun : expliquer la poussée des partis d’extrême-droite en Europe en rencontrant les acteurs locaux.
Parce qu’il vaut mieux connaître l’autre pour avancer ensemble, pour favoriser le sentiment de citoyenneté européenne et pour lutter contre les dérives extrémistes, EurHope publiera son documentaire début 2024.
L’initiative d’un trio engagé
Téo, 26 ans, est collaborateur parlementaire et issu d’une formation en arts et en cinéma. Elliot, 22 ans, fraîchement diplômé de Sciences Po Paris, est également collaborateur parlementaire. Mathilde a 30 ans et occupe un poste de directrice marketing.
Tous trois en début de carrière, l’ainée du trio n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Entre 2017 et 2019, Mathilde avait déjà réalisé le documentaire Toi d’Europe, récompensé du Prix Europanova, entre autres. L’objectif était alors de donner la parole aux jeunes de l’Union européenne pour les laisser exprimer leurs opinions à travers une exposition médiatique d’envergure. Le documentaire fut repris par des antennes nationales des services publics et privés de télévision et de radio.
Le point commun de ces trois reporters : le militantisme politique via l’adhésion ou la participation aux activités du parti Génération.s, qui leur a permis de se rencontrer pour faire naître ce projet commun.
Pour autant, leur voyage et leur travail n’est pas financé par l’une ou l’autre organisation politique de même que leur initiative ne porte pas l’étiquette d’une famille politique spécifique.
Un projet itinérant et indépendant
Pendant l’été 2023, Téo, Mathilde et Elliot ont bénéficié du réseau de chemin de fer d’Europe centrale pour parcourir, la Croatie, la Hongrie, l’Italie, la Pologne, puis enfin l’Allemagne. Leur objectif : aller à la rencontre des citoyens, des militants associatifs et politiques, et de tous les acteurs locaux qui se mobilisent contre l'extrême-droite dans leur pays, pour regrouper leurs témoignages et leurs découvertes.
S’appuyant sur un format d’interview d’environ une heure et d’une quinzaine de questions, le trio suit une démarche de mise en lumière des associations et des organisations interviewées pour avoir une explication locale du phénomène observé.
« A la remarque « l’extrême droite est encore la seule alternative qu’on n’a pas essayée », nous voulons répondre que ça a déjà été expérimenté par nos voisins, et sans forcément être un succès » Mathilde Hériaud
A la rencontre des militants
Acteurs locaux, citoyens, associatifs engagés, c'est plus d'une vingtaine d’interviews qui ont été réalisées en quelques mois. En Pologne, c’est un collectif anti-avortement que nos trois jeunes engagés ont choisi, dans un pays où il est considérablement restreint à de rares situations extrêmes.
En Hongrie, une association contre la suppression d’ondes radios relevant de la privation de liberté des médias a été interrogée. Face à la démocratie illibérale menée par Viktor Orban, les médias d’opposition sont réduits au silence en nombre d’entre eux s’exilent.
Côté Italien, on s’appuie sur les témoignages d’une association de sauvetage en mer qui vient en aide aux migrants et au exilés. Face à la politique anti-immigration menée par Giorgia Meloni, ils expriment leurs revendications et la façon dont ils perçoivent la popularité de la Première ministre auprès de son peuple.
Allemands comme Croates doivent eux faire face aux thèses révisionnistes menées par les partis d’extrême droite – AfP en Allemagne, Mouvement de Libération Croate en Croatie. Dans chacun des deux pays, le sujet de l’existence et du fonctionnement des camps de concentration durant la seconde Guerre mondiale est invraisemblablement remis en cause.
Sur le sujet d’un parallèle entre l’AfP et le Rassemblement national, Téo évoque une dédiabolisation plus inquiétante côté français. Bien que leurs scores grimpent en flèche à chaque élection régionale, l’AfP reste pour le moment plus à l’écart des autres groupes politiques.
« En France, le Rassemblement national se fond mieux dans le paysage politique. L’AfD n’en est pas là mais elle obtient des sièges un peu partout, ce qui est déjà préoccupant. » Téo
Régionales en Allemagne : lourde défaite pour Scholz, poussée de l'extrême droite
Pour autant, l’équipe d’EurHope place de l’espoir dans le tandem franco-allemand. Agréablement surpris par le caractère concluant de la rencontre à Hambourg, mi-octobre, ils érigent l’amitié franco-allemande en catalyseur du sentiment de citoyenneté européenne.
Un documentaire d’ici début 2024
Au format traditionnel de 52 minutes et en langue originale anglaise, la sortie du documentaire est prévue pour janvier ou février 2024. A côté du montage, l’heure est aujourd’hui au démarchage des médias, cinémas et associations potentiellement intéressés par la projection du documentaire. Mathilde, Elliot et Téo espèrent intervenir sur des plateaux télés, des meetings et des réunions publiques, idéalement sous le format de la projection/débat. Lepetitjournal.com vous tiendra informés d’éventuelles séances en Allemagne.
Suivre l’actualité d’EurHope
Parfois frustrés de ne pas pouvoir garder chaque séquence dans leur production finale, EurHope publie également quelques contenus exclusifs sur leur compte Instagram. Parmi les courtes vidéos additionnelles, on retrouvera bientôt un échange avec le collectif Omas Gegen Rechts, qui intervient dans toute l’Allemagne pour protester contre la montée de l’extrême droite.
Pour compléter leur investigation journalistique à l’échelle de l’Union européenne, les réseaux sociaux d’EurHope apportent aussi un éclairage sur l’actualité européenne. L’extrême droite et ses représentants sont aujourd’hui implantés dans bien plus de cinq pays dans la région. Dans ce contexte, le témoignage de la société civile locale et la compréhension des enjeux transnationaux s’avèrent d’autant plus primordiaux.
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