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NEUES MUSEUM - Néfertiti en son nouvel écrin

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Il y a la star des stars, ce buste de Néfertiti vieux de plus de 3000 ans, qui a enfin retrouvé sa place. Mais il y a surtout l'écrin conçu par David Chipperfield, un travail de rénovation magnifique et sensible, qui complète enfin l'offre de l'Ile aux Musées

C'est un labyrinthe antique où se côtoient des squelettes néolithiques, les sarcophages des pharaons, les bustes d'Hérodote ou de Sapho, et les vestiges de l'empire romain. C'est un lieu ravagé par la seconde guerre mondiale, où subsiste le clinquant d'un 19e siècle fou d'égyptologie. Fermé pendant presque 70 ans, le Neues Museum a rouvert ses portes depuis le 17 octobre dernier. L'île aux musées affiche enfin complet. L'architecte anglais David Chipperfield a gratté les artifices, ravivé les couleurs des voûtes, retrouvé le charme des mosaïques, évacué les dorures, gardé les impacts des balles et les blessures des murs, et pour le neuf, préféré le clair, le blanc, l'épure. Un certain goût des mélanges qui se poursuit jusque dans le parcours du Neues Museum. Dans une scénographie parfois difficile à suivre chronologiquement, l'?il passe du buste de Néfertiti aux dieux romains, des statues soudanaises aux figurines du monde arabe. Mais c'est pour mieux embrasser toute la richesse d'un monde méditerranéen antique, berceau de nos civilisations.

Du kitch à l'authentique
Lors de son inauguration au milieu du 19e siècle, Emmanuel de Rougé, directeur du département des antiquités égyptiennes du Louvre n'avait pas goûté les fresques murales et le kitsch du musée : "Ce sont là des exemples que nous n'imiterons pas". Aujourd'hui le musée semble avoir préféré un goût de la mesure et de l'authentique. Cette coupole où réside Néfertiti est l'un des lieux phares bien sûr. Elle est là seule, tranquille, auréolée d'une magnifique coupole, cernée de murs verts et ocres. Lui faisant face, au bout de l'allée, les statues colossales d'Hélios et d'une déesse romaine inconnue. Ces deux statues disent aussi l'histoire allemande. Elles n'ont plus été vues depuis 1949. Les Russes les avaient ramenées chez eux avant de les rendre en 1958. Enfouies dans les stocks, elles viennent tout juste d'être rénovées. Entre Néfertiti et Hélios, l'une des plus belles collections de papyrus du monde fait tampon. On joue des tiroirs roulant pour faire surgir des morceaux de tissus où émergent hiéroglyphes et lettres grecques, dessins colorés et plans architecturaux millénaires. Les pas résonnent joliment sur les mosaïques multicolores, récupérées des débris après la chute du mur, patiemment recollées pendant les 10 ans de rénovation.

Les trésors de la préhistoire
Le premier étage sera sans doute le plus visité, c'est là qu'on trouve Néfertiti et Akhénaton, toute la statuaire égyptienne, dont cette tête de la reine Tiyi femme d'Amenophis III, figure miniature à la finesse incroyable, mais aussi les papyrus, les statues grecques, les colonies romaines en Allemagne, les premiers signes de la christianisation. Au second étage, les matériaux sont chauds, bois à terre, vitrines colorées, on y revisite de manière très didactique les âges préhistoriques, déambulant de silex en squelettes dont celui de cet élan remontant à la fin de l'ère glaciaire. Clou de cet étage ce splendide chapeau astral en or massif qui daterait de 3.000 ans et dont on compte seulement trois autres exemplaires similaires dans le monde.

Pénombre des chambres funéraires
Au sous-sol les Egyptiens ont retrouvé le calme et la pénombre des chambres funéraires. Seules les cours offrent une lumière naturelle. Mais là encore les commissaires d'exposition ont préféré mêlé les continents et les époques. Des statues Dogon répondent aux statuettes mayas. Le monde des divinités dans l'Antiquité s'embrasse d'un coup d'oeil, les objets s'organisent thématiquement dans les vitrines : agriculture, vie quotidienne, croyances, rites funéraires. Au rez-de chaussée, la reconstitution des chambres funéraires de Mérib, Metjen et Manofer est un des grands moments.

Avec ses murs patinés, ses peintures écorchées et son goût de l'épure, le Neues Museum est un endroit où il fait bon errer. Les espaces sont larges, desservis par cet escalier gigantesque et lumineux. On ne peut s'empêcher de penser aux figures égyptiennes vivantes de Sasha Waltz qui dansaient sur les rampes, circulaient sur les marches au printemps dernier. Dans le hall résonne encore le rire d'une belle hystérique en crinoline. Les esprits du temps se sont emparés d'un lieu.
Stéphanie Pichon (www.lepetitjournal.de), jeudi 22 octobre 2009

Neues Museum

Pratique
Neues Museum, Bodestraße 1-3. Rens. www.smb.museum/neuesmuseum
Du lundi au mercredi de 10h à 18h, du jeudi au samedi de 10h à 20h, le dimanche de 10h à 18h.
10 euros, 5 euros pour les enfants jusqu'à 16 ans.
Il est possible de réserver des tickets à l'avance sur le site internet, en précisant son heure d'arrivée ou par téléphone au 030 266 42 42 42.
Les audioguides dans toutes les langues sont inclus dans le prix du ticket.

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Publié le 22 octobre 2009, mis à jour le 13 novembre 2012
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