Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 4

La grève générale française vue par la presse allemande

grève France presse allemandegrève France presse allemande
© Pixabay
Écrit par Jean Coudray
Publié le 10 décembre 2019, mis à jour le 10 décembre 2019

La grève générale du jeudi 5 décembre d'une ampleur inégalée depuis 1995 suscite des réactions au sein des grandes rédactions allemandes. Nombre d'entre elles tentent de comprendre ce qui motive environ un million de personnes à sortir si massivement dans la rue en bloquant l'économie et d'expliquer les conséquences de cette mobilisation.

La presse allemande peine cependant à analyser les manifestations en France comme un mouvement de contestation générale de la politique gouvernementale en continuité du mouvement des Gilets jaunes mais se focalise surtout sur la réforme des retraites comme source principale voire exclusive des revendications et reproche aux syndicats de s'opposer vent debout à la réforme sans connaître son contenu.

 

L'accent sur l'entrave à la mobilité

L'ensemble des journaux fait le décompte des kilomètres de bouchons qui congestionnent l'Ile-de-France, soit entre 350 et 600 km selon les jours depuis le commencement du mouvement en évoquant une « situation chaotique ». Le Spiegel fait état des « métros à l'arrêt » et du « blocage de 7 raffineries sur 8 ». Aussi, la mobilité entre les deux pays a été affectée par la grève comme l'explique le Frankfurter Rundschau : « les trains et les vols entre l'Allemagne et la France ont été touchés ». La Deutsche Welle quant à elle évoque un « Paris (…) presque vide » jeudi dernier.

Le Frankfurter Rundschau s'attarde aussi sur l'action d'un groupe de militants pour le climat nommé « Exctinction Rebellion » qui a entrepris de saboter 2600 scooters électriques que ses activistes considèrent comme des « briseurs de grève » car ils permettent de palier au blocage des infrastructures de transport.

 

La réforme des retraites comme moteur de la contestation

Une grande partie des rédactions analyse la grève générale comme le fruit des réticences de la population à réformer les régimes dits « spéciaux » qui concernent certaines professions.  La Deutsche Welle qualifie d'ailleurs le système de retraite français de « désuet » et rappelle les différences dans la part du PIB destinée à financer les retraites entre la France et l'Allemagne, qui se chiffre respectivement à 14% et 10% du PIB de chaque pays. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung insiste sur les mots du président français qui se définit comme « calme et déterminé » face à la mobilisation, ce quotidien titre pourtant « La république ne marche plus » au vu de l'ampleur de la contestation.

Si la mobilisation de corps comme celui des enseignants, la police, ou les hôpitaux est mentionnée dans certains titres, elle ne l'est que sous le prisme d'un refus de la réforme des retraites et non comme la contestation de la globalité de la politique gouvernementale comme cela peut être entendu en France notamment vis-à-vis du manque de moyens et des conditions de travail dans la fonction publique.

Le lien entre la crise des Gilets jaunes et la manifestation monstre de jeudi n'apparaît que dans le cadre des comparaisons sur la participation au mouvement social mais pas sous l'angle d'une quelconque convergence des luttes.

Les Allemands, en passe de voir leur âge légal de départ à la retraite peut-être réhaussé à 69 ans, ne comprennent majoritairement pas cette fronde populaire en dehors d'un quelconque cadre de négociation entre les partenaires sociaux et le gouvernement.

Publié le 10 décembre 2019, mis à jour le 10 décembre 2019

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024