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JO BERLIN 1936 - Jesse OWENS, le cri de l'Histoire face à Hitler

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 3 avril 2012, mis à jour le 5 janvier 2018



Jesse OWENS est un athlète américain considéré comme le premier sportif noir de renommée internationale et comme l'un des meilleurs sprinters de l'entre-deux-guerres

Il fut quadruple médaillé d'or lors des jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin.
Le 20 juin 1936, Jesse OWENS bat le record du monde du 100 mètres en 10 secondes 2. Un mois et demi plus tard, il remporte le 100 m olympique devant son compatriote Ralph METCALFE sous les yeux d'Adolf HITLER, infligeant ainsi un cinglant démenti aux théories nazies sur la prétendue supériorité de la race aryenne.

Cette course va donc faire l'Histoire ...

Selon la légende, HITLER, furieux de voir un noir triompher, aurait refusé de serrer la main d'OWENS.  Mais, il n'en a pas été tout à fait ainsi. Certes, HITLER ne s'était pas caché en privé d'être ennuyé par les victoires des athlètes noirs. Il parlait de ces supplétifs noirs de l'équipe américaine. Il avait trouvé un prétexte pour sortir du stade. Beaucoup d'allemands ne partageaient pas le point de vue du chancelier.
Berlin fut fertile en anecdotes et en incidents. Citons la victoire dans le marathon du Japonais SON. En réalité, le vainqueur était coréen et s'appelait Kee Chung SOHN. Il avait été contraint de courir sous le maillot nippon, le Japon occupant son pays depuis 1910. Lors de la cérémonie protocolaire, il refusa de regarder le drapeau japonais.
De taille moyenne (1 m 79), 71 kg, les jambes fines et fuselées, OWENS offre quand il court, une étonnante impression d'harmonie, de grâce et de force.
Le 5 août 1936, il s'impose largement sur 200 m en 20 seconde 7, établissant un nouveau record du monde. Participant au relais 4 fois 100, les Etats-Unis établissent un nouveau record du monde de l'épreuve en 39 seconde 8.
Il fut aussi vainqueur du saut en longueur (8 m 06) devant l'allemand Lutz LONG, ce dernier le félicitant chaleureusement comme cela est visible dans le film culte Les dieux du stade de Leni RIEFENSTAHL, pourtant très proche du pouvoir hitlérien.
Le record du monde de OWENS à la longueur (8 m 13 établi en 1935) va durer un quart de siècle et sera battu par Ralph BOSTON  le 12 août 1960 aux jeux de Rome.

100 ans après, une référence absolue, le Beethoven de l'athlétisme

De nos jours encore, OWENS reste une référence absolue, une sorte de Beethoven de l'athlétisme. Seul Carl LEWIS a égalé la performance de OWENS en remportant 4 médailles d'or aux jeux olympiques de Los Angeles 1984 (100m, 200m, 4 fois 100 et longueur)
Jesse OWENS est né le 12 septembre 1913 à Danville, petite ville située dans l'Alabama, dans le Sud américain. Petit-fils d'esclave, il est fils d'une modeste famille employée à la cueillette du coton. Il est dixième enfant d'une famille qui en compte onze.
Quand il a 7 ans, le jeune OWENS quitte le Sud avec sa famille qui n'a plus de travail dans les champs de coton. Nous sommes en 1920. Cette migration, commune à des centaines de milliers de noirs, conséquence de l'installation des premières machines, conduit la famille vers Cleveland, ville industrielle.
Doué pour la course, il déclenche l'attention des meilleurs collèges. Il choisit l'Ohio State à Colombus parce que les programmes lui permettent d'être aussi pompiste, ou bagagiste, ou garçon de piscine après ses heures de cours et d'entraînement.
Il est très vite repéré et en 1935 il bat ou égale 6 records mondiaux en 70 minutes.
Il est devenu unique. Après l'apothéose à Berlin, il sera considéré comme un héros national, tout en restant un afro-américain privé de droits civiques dans une Amérique ségrégationniste. Le Président ROOSEVELT refusa d'avoir un entretien avec lui à la Maison Blanche car trop soucieux de la réaction des états du Sud dans le cadre de sa réélection.
Et si le Président EISENHOWER en fit un missionnaire pour le tiers-monde, il ne faut pas oublier qu'il eut malgré tout des difficultés de vie.

Il est décédé le 31 mars 1980 à l'âge de 66 ans d'un cancer du poumon.

Mais les Dieux ne meurent pas qu'une fois ...

 

Gilles Labourroire (www.lepetitjournal.com/hambourg.html) mardi 3 avril 2012

Les autres chroniques de Gilles, sur le site du SATUC, dans le groupe des Shadocks.

Gilles est membre actif du SATUC, club universitaire toulousain. Qu'il soit ici remercié de sa contribution tant sportive qu'historique.

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Publié le 3 avril 2012, mis à jour le 5 janvier 2018

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