Édition internationale

CULTURE - Deutsches Requiem pour Serge Gainsbourg

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Alors que Joann Sfar s'apprête à sortir en France son film ?Gainsbourg, vie héroïque?, Berlin accueille dimanche soir ?Interview avec S.G.? une pièce musicale en hommage au chanteur. Parait même qu'il poussera quelques chansons en allemand. Vous reprendrez-bien une p'tite gitane, messieurs dames?

Photo Ute Haufe

La dernière fois que j'ai croisé la troupe de Phantasmogoria c'était dans un cinéma berlinois, à Prenzlauer Berg, le Blow Up. Ils y jouaient Morion, un sorte d'opéra rock tragique, avec toges blanches et guitares saturées, pantomime et vidéo. Fallait oser. Les revoilà donc dans une autre salle obscure, au Babylon Mitte. Oubliées les tenues antiques, le héros porte barbe de trois jours et chemises en jeans, il fume des Gitanes et ne refuse pas un verre de pastis, voire dix. 18 ans après sa mort, Gainsbourg réapparait sous les traits d'un Français Berlinois, Nicolas Rocher. Il accorde une ultime interview à un journaliste allemand et revient sur sa vie, sans oublier de pousser la chanson.

Un répertoire revisité
?Interview avec S.G.? n'a pas simplement l'ambition de retracer sur les planches la vie du plus provoc' des chanteurs français. Bien sûr s'y glissera un peu de sa vie privée, des épisodes marquants, des anecdotes incontournables, des femmes surtout : Bardot, France Gall, Jane Birkin, Charlotte autant d'icônes indissociables du parcours artistique de Serge. Mais la pièce se veut aussi un voyage musical sur les traces de Gainsbourg. S.G. a fait le déplacement depuis les nuages avec son backing band de musiciens célestes venus explorer la palette musicale du maître chanteur. Et en presque 40 ans de carrière, des styles il y en eut beaucoup : de la chanson façon Prévert au reggae enregistré en Jamaïque, des expérimentations du cultissime Melody Nelson au langoureux Je t'aime moi non plus, du rap version torride On the Beat aux adaptations incestueuses de Chopin.

Gainsbourg peu connu en Allemagne

Photo Ute Haufe

Avec Interview avec S.G., la troupe de Phantasmagoria met donc en scène un ?deutsches Requiem? pour un maestro de la chanson française. Une ?uvre réinterprétée par une troupe franco-allemande, et parfois même pour certains morceaux, traduite dans la langue de Goethe. Il faut dire que de ce côté ci du Rhin on ne voue pas le même culte qu'en France au poète frappé, au parolier de génie, à l'arrangeur dépravé. A la limite Melody Nelson tourne t-il encore sur les platines des musiciens connaissseurs et Je t'aime moi non plus se fredonne parmi les francophiles. Mais pas plus. Rien à voir avec la popularité française. Il fallait bien une ultime interview et quelques chansons pour laver l'affront et rétablir post-mortem le mythe Gainsbarre. Après une première au Babylon Mitte le 6 décembre, la troupe de Phantasmagoria retrouvera le Blow Up, les 15 et 16 janvier pour deux autres représentations. Quant au film de Joann Sfar ?Vie héroïque?, c'est le 20 janvier prochain qu'il sortira sur les écrans français. Qui sait, peut-être bientôt en Allemagne.
Stéphanie Pichon (www.lepetitjounal.com/berlin.html), vendredi 4 décembre 2009

?Interview avec S.G.? de Raphael Dlugajczyk, Nicolas Rocher, Nico Schütze. Le 6 décembre, 20h, Babylon Mitte, 9-11 euros. Egalement les 15 et 16 janvier, 20h, au Blow Up.
Rens. et réservations sur le site : http://www.myspace.com/interviewavecs

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Publié le 4 décembre 2009, mis à jour le 13 novembre 2012
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