Installé à Berlin depuis plusieurs années, Jérôme a décidé d'y monter son entreprise, Vescape, il y a deux ans. Le jeune entrepreneur travaille également au sein de l'incubateur Blue Factory, qui aide les jeunes créateurs d'entreprise à prendre leur envol. Il est ainsi plongé en permanence dans le grand bain de l'innovation et, a accepté de parler de son expérience pour ce deuxième volet consacré aux start-ups.
Lorsqu'il se lance sur la voie de l'entrepreneuriat, à la fin de ses études, Jérôme a une ambition : réconcilier sport et jeux vidéo. "L'obésité est un problème de santé publique de plus en plus sérieux, pas seulement aux États-Unis mais aussi en Europe. Or, lorsqu'on évoque le sujet, les jeux vidéo figurent toujours au banc des accusés, car ils riment avec inactivité. Nous voulions montrer qu'ils pouvaient au contraire avoir leur rôle à jouer dans la lutte contre l'obésité".
Un pari audacieux. Pour le relever, Jérôme a eu l'idée d'utiliser les mécanismes du jeu vidéo pour rendre l'entraînement en salle de fitness moins rébarbatif. Concrètement, cela donne un vélo d'appartement standard? avec un écran et des manettes sur le guidon, qui permet au sportif en herbe de jouer tout en pédalant. Mieux : vélo et console sont en interaction. Ainsi, plus le joueur pédale vite, et plus son personnage avance rapidement dans le jeu. Inversement, la difficulté de pédalage peut décroître ou augmenter en fonction de ce qui arrive au personnage du joueur. Enfin et surtout, il est possible de jouer en ligne, à plusieurs. "Par exemple, nous développons un jeu de course multi-joueurs, dans lequel il est possible de lancer des obstacles à ses concurrents, pour les obliger à pédaler plus vite. Plusieurs joueurs rassemblés dans une même salle pourront ainsi courir les uns contre les autres, plutôt que de pédaler chacun dans leur coin".
Convaincu du potentiel de son idée, Jérôme créé son entreprise en 2011, en compagnie d'un ami ingénieur. Deux ans plus tard, elle compte une dizaine de salariés (programmeurs, graphistes?), tous français. Depuis leurs locaux berlinois, ils envisagent de s'implanter un peu partout en Allemagne.
"L'environnement est favorable à la création"
Lorsqu'on lui demande pourquoi il a choisi de créer son entreprise dans la capitale allemande, Jérôme fait parler le c?ur avant la raison. "C'est une ville où il fait bon vivre, au cadre très agréable. Elle est en permanence en ébullition : il s'y passe des tas de choses".
D'un point de vue plus pragmatique, Jérôme évoque ensuite l'environnement juridique et économique, qui facilite la création d'entreprise. "Il existe de nombreux programmes pour soutenir les entrepreneurs, et surtout pour favoriser la collaboration entre les centres de recherche et les start-ups. Ainsi, nous avons tissé un partenariat avec la Humboldt (université berlinoise), qui nous a permis de participer à un concours national d'entrepreneuriat. Nous avons figuré parmi les gagnants, et obtenu une bourse qui nous a aidés à développer notre projet", explique-t-il.
"L'incubateur créé un fort climat d'émulation"
(Equipe des entrepreneurs sélectionnés par la Blue Factory Berlin)
L'émulation générée par la présence de nombreux jeunes désireux de se lancer joue aussi beaucoup. Il faut dire qu'en tant que coordinateur du projet Blue Factory, Jérôme est plongé dedans. Cet incubateur mis en place par L'ESCP (École Supérieure de Commerce de Paris, qui possède un campus berlinois), accompagne les jeunes entrepreneurs dotés d'un projet innovant. Pour un coût très faible, ceux-ci bénéficient pendant six mois d'un espace de travail et de conseils d'entrepreneurs. Et ils côtoient en permanence d'autres jeunes entrepreneurs. "L'incubateur créé un fort climat d'émulation", déclare-t-il avec enthousiasme.
Son rôle au sein de ce nouvel incubateur est d'entreprendre des prises de contact, de dialoguer Jérôme avec les entrepreneurs, et de gérer les recrutements. Car les projets sont sélectionnés parmi de nombreux postulants. Cette année, cinq d'entre eux ont été retenus dont une plateforme web qui donne des tuyaux pour réparer ses biens, plutôt que de les jeter, et une application pour smartphone qui permet aux utilisateurs de manger plus sainement, à la fois pour soi et pour l'environnement. "Nous voulions des projets qui soient créatifs et innovants. Nous tenions également que ceux-ci transparaissent une volonté de changer la société et qu'ils aient à terme un impact positif sur l'environnement", conclut Jérôme.
Guillaume Renouard (www.lepetitjournal.com/Berlin) jeudi 13 juin 2013
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