Conçue comme une "cathédrale de la technique", la gare centrale de Berlin avait dû subir au fil de sa construction d'importantes amputations, imposées par des questions budgétaires et par l'impératif de la Coupe du monde de football. L'architecte, Meinhard Von Gerkan, qui avait porté plainte pour atteinte à la propriété intellectuelle, vient de remporter le procès. La décision de mardi dernier rouvre le débat sur la préséance de l'?uvre artistique dans les constructions publiques
Photo. C.B.
Les maîtres d'?uvre des bâtiments publics ont-ils le droit de disposer des plans originels de l'architecte comme bon leur semble ? Peuvent-ils, au nom de la rentabilité et de la protection des deniers publics, mettre au panier le projet esthétique ? Le tribunal de grande instance de Berlin a tranché, mardi dernier, dans un arrêt qui fait jurisprudence et condamné la Deutsche Bahn pour atteinte à la propriété intellectuelle.
Pomme de discorde entre le créateur et le maître d'?uvre : la toiture du sous-sol de la gare centrale de Berlin, imaginée comme une voûte de verre aux multiples facettes, dont la forme devait rappeler celle d'un cloître. Le projet, jugée trop onéreux, avait été finalement abandonné et la toiture remplacée par un plafond d'acier rectiligne. Selon l'architecte, Meinhard Von Gerkan, cette amputation aurait été décidée sans qu'il ait été consulté.
Une décision controversée
Le maître d'?uvre, Hartmut Mehdorn se défend. Il explique qu'il a voulu construire "une gare, et pas une cathédrale" et réduire les coût de construction d'un projet qui avait déjà dépassé les prévisions de plusieurs millions d'euros.
Mais la chambre fédérale des architectes se félicite de ce jugement qui devrait considérablement renforcer le droit de la propriété intellectuelle dans les constructions publiques. De même, le groupe CDU à la chambre des députés de Berlin salue la décision. La gare centrale devait, selon les députés, correspondre aux plans originels de ce qu'ils considèrent comme la "figure de proue" architecturale de la ville.
Cécile BOUTELET. (www.lepetitjournal.com - Berlin) 4 décembre 2006
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