Le 25 mars 2024 s'est tenue au Mémorial du Mur de Berlin une conférence de presse au sujet du 35ème anniversaire de la Chute du Mur et de la Révolution Pacifique.
Ce lundi 25 mars 2024 s’est tenue au Mémorial du Mur de Berlin la conférence de presse pour le 35ème anniversaire de la « Révolution Pacifique » et de la Chute du Mur, évènement berlinois majeur de cette année 2024. L’objet principal de cette conférence : présenter le projet d’exposition qui sera mis en place à cette occasion dans tout Berlin par le Kulturprojekte Berlin, entreprise publique, non-lucrative ayant pour but de mener à bien divers projets culturels dans la capitale. Outre les représentants de cet organisme (Moritz van Dülmen et Simone Leimbach) étaient invités au micro le directeur de la Fondation du Mur de Berlin, Axel Klausmeier, Frank Ebert et Marianne Birthler, respectivement commissaire à la compréhension de la dictature de la SED et ancienne commissaire fédérale aux archives de la Stasi, et le maire de Berlin Kai Wegner (CDU).
© Victor Foussereau - LPJ Allemagne
La conférence commence par un mot d’accueil de M. Klausmeier, au cours duquel il rappelle l’importance intemporelle des valeurs liées à la chute du Mur et à la révolution pacifique : la démocratie et la liberté. Avant de laisser la parole à Kai Wegner, il annonce que dans le cadre du projet dont il est question, la Fondation va travailler avec le syndicat Solidarnosk en Pologne, acteur lui aussi des événements de novembre 1989. Il conclut son discours en rappelant la portée de l’événement : ce 35ème anniversaire ne sera pas seulement un moment berlinois ou même allemand, le monde entier aura les yeux rivés sur Berlin en novembre prochain.
Le monde entier aura les yeux rivés sur Berlin en novembre prochain.
Un signe du destin comme peu d’autres
Kai Wegner, maire de Berlin, affirme dès sa montée sur scène que la date du 9 novembre montre plus que la simple existence d’une volonté de liberté à Berlin en 1989 : la chute du Mur a montré que cette volonté est plus forte que la dictature. Selon lui, cette volonté ne pourra « jamais être emprisonnée ».
Il invoque les récentes expériences de conflits dans le monde pour rappeler toute l’actualité des valeurs du 9 novembre : c’est de nouveau le moment d’aller dans la rue pour soutenir les valeurs des droits de l’Homme, de la liberté et de la démocratie, car on peut aujourd'hui agir ainsi sans crainte de répression. Berlin est devenue après 1989 la « ville de la liberté » et cela ne doit pas être oublié.
S’il tire un bilan positif de ces 35 années, Kai Wegner souligne tout de même l’existence encore aujourd'hui de disparités Est/Ouest à Berlin et en Allemagne. Il dit pouvoir être fier du chemin parcouru, mais admet néanmoins qu’il reste beaucoup de travail.
Le maire qualifie la date du 9 novembre de « signe du destin comme peu d’autres » : cette date berlinoise et allemande n’est pas seulement historiquement marquée par la liesse des premiers pas de la réunification, mais également par celle de la révolution de novembre 1918, ainsi que par des crimes abominables à travers les pogroms de 1938. Cependant, et évidemment sans oublier les victimes des pogroms, le 9 novembre doit être, pour Kai Wegner, une fierté. Le 9 novembre, c’est la chute d’un Mur et d’une dictature. Le 9 novembre, c’est le jour où la liberté est devenue possible à Berlin.
Le 9 novembre, c’est la chute d’un Mur et d’une dictature. Le 9 novembre, c’est le jour où la liberté est devenue possible à Berlin.
Un pont reliant combats passés et présents
Le Kulturprojekte Berlin a travaillé main dans la main avec des experts de cette période, dont deux étaient présents sur l’estrade : Marianne Birthler et Frank Ebert. Simone Leimbach a ainsi présenté plus en détail le projet : des expositions d’affiches et de photographies d’époque en plein air, tout le long du tracé du mur et en particulier autour des points d’intérêt (Porte de Brandebourg, Checkpoint charlie…). Le but, replacer les protestations contre le régime en RDA dans le prolongement des combats actuels pour la préservation de la démocratie.
L’événement ne se nomme néanmoins pas « 35ème anniversaire de la Chute du Mur », mais bien « 35ème anniversaire de la chute du mur et de la révolution pacifique ». Il y a dans le projet une volonté de montrer d’autres choses de la chute du Mur : comme le rappelle Marianne Birthler, la dictature SED ne tombe pas en même temps que le béton ; avant le 9 novembre se tient une révolution pacifique dans les rues de Berlin, et l’exposition veut la mettre en valeur, à travers par exemple des photographies des gigantesques manifestations des deux côtés du Mur dans les jours qui ont précédé sa chute. Une partie de l’événement concernera également le rôle des femmes dans la « révolution pacifique ».
Le Kulturprojekte Berlin fait donc un appel à la population pour que les habitants de Berlin prêtent, le temps de l’exposition, leurs propres affiches, panneaux et banderoles, originaux d’époques ou répliques. Les voix critiques sont acceptées, mais évidemment dans le respect de la Loi Fondamentale : la limite est claire.
Le budget total de l’événement s’élève à environ 10 millions d’euros. Cependant, il sera difficile de concrétiser le projet de manière ponctuelle : l’entreprise qui se charge de l’acier pour les expositions a déclaré faillite, et le Kulturprojekte cherche donc un nouveau prestataire.
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