Édition internationale

PHOTO - Izis, le Paris des rêves exposé à Berlin

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012

A l'occasion du 100e anniversaire d'Izis et de la quatrième édition du mois de la photographie à Berlin, l'Institut français se joint à la Willy Brandt Haus pour proposer une grande rétrospective des ?uvre du photographe franco-lituanien. Déjà présentée l'année dernière à Paris, Izis le Paris des rêves réunit la quintessence des ?uvres de l'artiste

Bien-sûr, il y a les images rêveuses de Paris, celles qui donnent son titre à l'exposition. Heureusement, il y a bien plus. Les 300 photos sélectionnées, réparties entre la Willy Brandt Haus et l'Institut français, constituent une rétrospective touffue qui invite, photo par photo, à une relecture attentive du travail d'Izraëlis Bidermanas, mieux connus sous son surnom : Izis. Du portraitiste mondain, aux images, plus rudes, des maquisards en passant par les artistes de cirques, Chagall et la terre d'Israël, on explore toutes les facettes de ce photographe champion - à voir la superbe série The Queen's People - des "à cotés", dont l'élégance et la tristesse rêveuse du regard le rend reconnaissable entre mille. Le regard, tôt marqué par la tragédie, d'un homme "Inconsolable, mais gai" selon son fils Manuel Bidermanas, commissaire de l'exposition.

Jardin des Tuileries, 1950 (photo : Izis Bidermanas)

Un photographe moderne
L'?uvre d'Izis, d'une grande richesse et d'une grande originalité, ne peut donc se résumer à l'imagerie d'un Paris populaire. Son ami Willy Ronis n'aura d'ailleurs eut de cesse de vanter sa démarche esthétique, plus complexe qu'il n'y paraît :  "La photo d'Izis a sa propre musique, simple, harmonieuse et délicate, qui cache sous ces airs populaire l'intranquilité des quelques notes de requiem". Cette "petite musique personnelle", très influencée par Brassaï, est pour Armelle Canitrot, l'autre commissaire de l'exposition, peut-être un trop facilement qualifiée d'"humaniste". "Izis ne s'est jamais enfermé ni dans un genre ni dans une forme, explique-t-elle. Son travail sur Paris est certes d'une facture classique, mais sur les autres sujets, il ne s'interdit rien [...] Izis bouscule les formes traditionnelles du portrait, s'intéresse au hors champs, s'autorise les recadrages et n'hésite pas à avoir recours à la série."

Pourtant cité dans toutes les histoires du domaine comme l'un des grands de la photographie, celui qui fut sélectionné en 1951 avec Brassaï, Cartier-Bresson, Doisneau et Willy Ronis pour la prestigieuse exposition Five French Photographer au MoMA, le reporter et l'auteur de plusieurs livres de photographie classiques - tel que, justement, Le Paris de rêves qui frôla les 170 000 exemplaire vendus -, celui, encore, qui fut l'ami de Chagall, Colette et Prévert, reste mal connu. En quelque sorte oublié de la vague de popularité qui déferle, depuis quelques années, sur les photographes humanistes. A propos de cet étonnante "mise au purgatoire" déplorée par Willy Ronis, Armelle Canitrot avance deux explications. Premièrement, le photographe, disparu, trop tôt, en 1980, s'est effacé avant que ne renaisse vraiment l'intérêt pour la photographie comme forme noble d'art. Ensuite, le fait qu'il ait été salarié pendant vingt ans à Paris Match ne "lui imposait pas de chercher à se faire connaître pour gagner sa vie".

La naissance d'un artiste
L'ascension jusqu'au journal Paris Match n'a pourtant pas été une mince affaire. Née en 1911, Izis arrive à Paris en 1930 juste muni de son édredon, de quelques francs en poche, et la tête pleine du paris artistique bouillonnant de l'époque. Le jeune homme issu d'une famille lituanienne pauvre, qui ne parle que Yiddish et Hébreu, réussira après quelques années difficiles faites de petit boulots et d'apprentissage chez Arnal - un studio photographique réputé de l'époque - à devenir le gérant d'un magasin de photographie dans le 13e arrondissement de Paris. Profondément marqué par l'assassinat de ses parents par les nazi en 1941, celui qui voulait d'abord devenir peintre connaitra son épiphanie artistique en photographiant les maquisards à la libération. D'un coup "il rejette tous les codes mièvres et trop guindés appris en studio, précise Armelle Canitrot. [...] On le voit passer de l'état d'artisan à celui d'artiste." Un artiste à la poésie noire, brute, dont la tristesse amusée hante longtemps les spectateurs de l'exposition.

Willy Brandt Haus, Wilhelmstr. 140 10963 Berlin, Allemagne - 030 25993-700. Ouverture : de 12h à 18 h du mardi au dimanche.
Institut français de Berlin, 10719 Berlin, Allemagne - 030 8859020. Ouverture : Lundi, 14h00 - 18h00 ; Mardi/Vendredi, 14h00 - 19h00 ; Mercredi/Jeudi, 12h00 - 19h00 ; Samedi, 11h00 - 15h00.

Nicolas Gateau (Lepetitjournal.com - Allemagne) Vendredi 26 novembre 2010

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Publié le 26 novembre 2010, mis à jour le 14 novembre 2012
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