

L'Allemagne est aujourd'hui le premier pays pour les sorties d'albums et les concerts de musique française. Une situation inimaginable il y a 10 ans seulement. Daniel Winkel, directeur adjoint pour l'Allemagne du Bureau export de la musique française (BEMF) donne les clés pour comprendre ce fabuleux destin
Daniel Winkel, au service de la musique française en Allemagne (photo. M. Touilliez)
D'après les chiffres que le BEMF a rendu publics en février 2008, en 2007, l'Allemagne est le premier pays pour les sorties d'albums et les concerts de musique française. Comment expliquez-vous cet engouement des Allemands pour la musique française ?
Daniel Winkel : Dans les années 1990, l'image de la musique française à l'étranger, et particulièrement en Allemagne, a radicalement changé. Tout ce qui était exporté avant correspondait à un certain cliché, même si cela n'est pas une mauvaise chose. Les artistes d'alors, figures de proue de la Chanson Française, Greco, Piaf, Aznavour, Brel etc. ont ouvert une brèche. Dans les années 1990, il s'est passé quelque chose d'important dans le domaine de l'électro. Des artistes regroupés sous le label "French Touch", tels que Laurent Garnier, Étienne de Crécy, Bob Sinclar ont soudain très bien marché en Angleterre et en Allemagne. Alors qu'il s'agissait de marchés très difficiles, non francophones, et qui, avant cela, n'était pas ouverts à la musique française, en dehors de la chanson française. La "French Touch"a changé beaucoup de choses pour la perception de la musique française à l'étranger.
Comment cette engouement pour l'électro s'est-il propagé sur le reste de la musique française?
D. W. : Après la "French Touch", il y a eu une autre vague de musique française avec Manu Chao en chef de file. Son succès à l'étranger et notamment en Allemagne a été une surprise totale. Cela a attiré l'attention des professionnels, des médias et des publics étrangers sur la production française. Et la troisième étape, c'est sans aucun doute Le fabuleux Destin d'Amélie Poulain et la bande originale du film écrite par Yann Tiersen. Tout d'un coup, au moment de ce succès énorme à l'étranger, on a découvert toute une famille d'artistes dans l'entourage de Yann Tiersen. C'est cette école de la nouvelle Chanson Française de Dominique A à Keren Ann, en passant par Françoiz Breut ou Benjamin Biolay.
Quelle est l'image de la musique française aujourd'hui en Allemagne ?
D. W. : Ces trois étapes ont provoqué une évolution radicale de l'image de la musique française à l'étranger et en particulier en Allemagne. Il y a dix ans, il y avait pas mal de maisons de disques en Allemagne pour dire : "Cette musique est super. C'est admirablement produit. Mais nous n'avons pas de marché pour cela ici, nous ne pourrons pas le vendre". Aujourd'hui, il y a une toute autre perception de la musique produite en France. Si je dis aujourd'hui "musique française", cela ne signifie plus uniquement "Chanson".
Marina TOUILLIEZ. (www.lepetitjournal.com/berlin.html) vendredi 5 septembre 2008
Le Bureau Export de la Musique à Berlin
En 1993, à Paris, le Bureau Export de la Musique Française (BEMF) est créé avec le soutien des pouvoirs publics et des professionnels de l'industrie du disque. L'idée : faciliter l'export de la musique française grâce à un bureau implanté au c?ur des marchés étrangers. En 1994, une filiale est ouverte en Allemagne, compétente aussi pour l'Autriche, la Suisse Allemanique, les Pays-Bas et les Pays de l'Est. Sa mission principale est d'être une interface entre les marchés français et allemand. Le Bureau observe les marchés étrangers et prend connaissance de certains mouvements à la radio, dans les charts, dans la presse et sur la toile, dans les salles de concerts. Le Bureau conseille ensuite les Français qui veulent s'exporter à l'étranger, dans le choix de partenaires, et les recommande auprès de son réseau. Le Bureau peut également apporter une aide financière.
Plus d'informations: www.french-music.org/de






















































