

Pour le compte de la huitième journée d'EuroCoupe, l'Alba Berlin recevait, le mardi 2 décembre dernier, l'équipe du Mans Sarthe Basket. Une belle occasion pour les Albatros d'espérer une qualification pour les phases éliminatoires de cette Coupe d'Europe. Mais bien loin de ses meilleurs jours, l'Alba n'a pas su en profiter?
Sous le pont de la Warschauer Strasse, des graffitis bleus, blancs et rouges parsèment le chemin jusqu'à la Mercedes-Benz Arena. Ils font l'éloge des Eisbären, l'équipe berlinoise de hockey sur glace. Mais l'antre des ours polaires est également le foyer de l'Alba Berlin. Moins populaires que l'équipe de hockey, les Albatros tentent, chaque week-end, de déployer leurs ailes. Mais depuis quelques années, l'animal fatigue. Des affiches énumérant le palmarès de l'équipe dominent la salle : champion d'Allemagne de 1997 à 2003 et en 2008. Depuis plus rien? A l'exception d'une modeste coupe d'Allemagne en 2013. Ces dernières saisons, l'Alba Berlin marque le pas. La devise « Mit Leibe und Seele » (« Corps et âme », en français) n'a de sens plus que pour les plus fidèles supporters. Ce soir, ils sont un peu plus de 7 200 au sein de l'immense complexe de la Mercedes-Benz Arena pouvant accueillir jusqu'à 15 000 personnes. L'enceinte est donc loin de faire salle comble, ce mardi 2 décembre. Pourtant, la rencontre du jour compte pour l'EuroCoupe, deuxième plus importante compétition européenne.
« Ca change du Mans, tout ça ! »
L'adversaire du jour n'est autre que l'équipe du Mans Sarthe Basket. Un opposant largement à la portée des Berlinois. Lors du match-aller, ces derniers s'étaient d'ailleurs imposés en déplacement 88 à 84, après une prolongation. Mais ce soir, la donne est différente. L'Alba Berlin ne dispose pas de sa vedette Nils Giffey, absent pour cause de blessure, et reste sur deux défaites de rang en championnat. Si tous les supporters n'ont pas répondu à l'appel, l'Alba peut toujours compter sur sa mascotte, son speaker qui ne manque pas d'énergie et ses pom-pom girls, les « Alba-Dancers », pour chauffer la salle. Pour occuper l'espace, l'organisation, comme à chaque rencontre sportive de l'Alba, a mis à disposition des cartons pliables sur chaque siège, qui, une fois élaborés, deviennent des éventails et font autant de bruit qu'un vuvuzela dans un stade de foot. Quelques minutes avant le coup d'envoi, les spectateurs déambulent toujours autour des stands de bière et de curry-wurst installés à l'intérieur du complexe. Deux supporters manceaux tentent de comprendre les menus et semblent intriguer par les bières allemandes : "C'est la première fois que l''on vient à Berlin. Ce match, c'est aussi l'occasion de découvrir un peu la ville et de faire du tourisme. Ca change du Mans, tout ça !", lâche Alexis avec un sourire en coin. Ils sont placés à la même enseigne que les autres spectateurs berlinois. Aucun virage n'est réservé aux visiteurs. Les quelques autres supporters français, pas plus de huit personnes, se sont amassés derrière le banc tricolore mais leurs encouragements sont noyés dans les chants qui émanent du « kop ».

Rouge de colère
Des étendards, des drapeaux et une dizaine de tambours. Les supporters de la tribune est se sont parqués, à leur habitude, derrière un panier pour chauffer la salle par différents moyens. A la sortie des joueurs, ils commencent à entonner des chants à la gloire de leur équipe. Les « Alba ! Alba ! Alba ! » ne cessent pas jusqu'aux premières minutes de jeu. Mais très vite, le joueur manceau Tywain McKee refroidit l'ambiance. L'Américain multiplie les paniers dans le premier quart-temps et fait preuve d'une belle adresse au tir à trois points. A la fin des dix premières minutes, Le Mans dispose d'une courte avance de quatre points. Le reste de la rencontre est géré par l'équipe française emmenée par Erman Kunter. L'Alba n'arrive pas à refaire son retard. Son entraîneur, Sasa Obradovic, gesticule dans tous les sens et fait les cent-pas dans sa surface technique. Il explose de colère lorsque ses défenseurs laissent un joueur du Mans esseulé, qui ne se prive pas de marquer à trois points. L'équipe française marque 11 paniers en dehors de la surface, quand les Allemands n'en inscrivent que quatre? L'entraîneur serbe a du mal a se retenir. Il entre même de deux mètres sur le terrain pour sermonner les fautifs et se voit remettre en place par le corps arbitral.
Une ambiance refroidie
A la mi-temps, Le Mans est devant au score, grâce à un Tywain McKee en feu, qui sera nommé « Most Valuable Player » à la fin de la rencontre. Plus mal classés dans ces phases de poule, les Français étonnent et font douter les Albatros en seconde période. Les Manceaux résistent et profitent de la maladresse des Allemands pour enfoncer le clou, dès le troisième quart-temps. Dix points d'avance et il ne reste plus que dix minutes de jeu. Le speaker hausse le ton et implorerait presque le public de sortir de sa léthargie. Les Albatros enchaînent cinq points de suite et l'ambiance monte d'un cran. A quatre points du Mans, l'Alba n'a jamais été aussi prêt de recoller au score. Les dernières minutes sont longues et pleine de suspense. L'Alba commet plusieurs fautes pour pouvoir récupérer la balle après les lancer-francs manceaux. Les Allemands s'en remettent à leur score du dernier quart-temps : Will Cherry. Dès la récupération de balle, l'Américain fonce, tête baissée, vers le camp adverse pour marquer rapidement ou récupérer une faute. Malgré cette technique, les Allemands ne parviennent pas à reprendre le dessus. Certains spectateurs quittent l'enceinte avant le coup de sifflet final. Ils ne sont pas dupes et connaissent déjà l'issue du match. L'Alba Berlin s'incline 80 à 86 face à Le Mans. Avec quatre victoires pour autant de défaites, la campagne européenne des Albatros bat de l'aile. A deux journées de la fin des phases de poule, les Berlinois ont très peu de chance de se qualifier pour les phases éliminatoires, ce qui ferait tâche sur le bilan de la saison. Ce mardi, à la sortie du stade, les spectateurs semblent avoir assimilé la situation. Aucun chant, aucune discussion ou analyse post-match. Juste le froid du mois de décembre.
Antoine Belhassen (www.lepetitjournal.com/berlin) vendredi 18 décembre 2015






















































