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BANQUE - BNP Paribas boucle la reprise de Fortis pour 10,4 milliards d'euros

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La banque française prendra 75 % de Fortis Banque, qui à son tour acquerra 25 % des activités d'assurance. De nouvelles garanties ont été négociées sur les 11,4 milliards d'euros d'actifs toxiques. Une assemblée générale de Fortis sera convoquée les 8 et 9 avril

Dernier acte pour BNP Paribas-Fortis ? La banque française et l'Etat belge ont annoncé samedi, au terme de près de vingt-quatre heures de négociations, un nouvel accord pour la reprise d'une partie des activités belges et luxembourgeoises de Fortis. Sous réserve de l'approbation par les actionnaires de Fortis, BNP Paribas va ainsi prendre 75 % de Fortis Banque, aujourd'hui propriété de l'Etat belge à 100 %. Fortis Banque fera de son côté l'acquisition de 25 % des activités d'assurance pour 1,375 milliard d'euros, financée par BNP Paribas. L'opération coûtera au final 10,4 milliards d'euros à la banque française, dont 10 % en cash, au lieu des 14,7 milliards prévus initialement, qui comportaient un tiers de cash.
En contrepartie, BNP Paribas a accepté d'accroître son exposition aux risques de défaut des actifs toxiques hérités de Fortis et actuellement logés dans un véhicule dédié (SPV, « special purpose vehicle » ou fonds commun de créances), dont le montant atteignait en octobre 10,4 milliards d'euros. Le SPV accueillera environ 2 milliards d'euros de lignes de crédit supplémentaires, provenant d'un autre portefeuille d'actifs resté dans Fortis Banque et présentés comme non risqués en octobre, et dont 1 milliard d'euros sont déjà compensés par des remboursements intervenus depuis l'été. La valeur du SPV est donc majorée de 1 milliard d'euros, à 11,4 milliards d'euros d'encours pondérés.
Le financement du SPV reposera presque uniquement sur Fortis Banque, puisque la garantie de l'Etat a en effet été ramenée de 5 milliards d'euros à 4,36 milliards. La part de BNP Paribas se limitera à 480 millions d'euros pour la dette senior, d'un montant total de 4,84 milliards d'euros (10 %).

Emploi et gouvernance
En outre, BNP Paribas accordera à Fortis Holding un prêt de 1 milliard d'euros lui permettant notamment de financer sa participation dans le véhicule, prêt intégralement garanti par l'Etat belge à première demande.
Côté capital, BNP Paribas détiendra environ 12 % du SPV, l'Etat belge 43 % et Fortis Holding 45 %. La valeur de la participation de l'Etat belge est en effet passée de 2 milliards à 740 millions d'euros, celle de Fortis Holding à 760 millions d'euros et celle de BNP Paribas est ramenée de 290 à 200 millions d'euros.
C'est par ailleurs BNP Paribas qui supportera, à hauteur de 3,5 milliards d'euros, les premières pertes du portefeuille de crédits structurés restant dans Fortis Banque, jugé de meilleure qualité, et dont le montant s'élève à 21,5 milliards d'euros. L'Etat belge prendra ensuite le relais, mais avec un plafond de 1,5 milliard d'euros. Il est par ailleurs prêt à renflouer Fortis Banque dans les trois ans qui suivent l'accord, à hauteur de 2 milliards d'euros maximum, si son ratio de solvabilité venait à passer sous les 9,2 %, contre 10 % aujourd'hui.
La banque française s'est engagée en matière d'emploi et de gouvernance chez Fortis Banque. L'intégration sera, comme prévu, pilotée par le directeur général délégué de la banque, Jean-Laurent Bonnafé. Les synergies attendues du nouvel accord seront connues au printemps.

20 milliards de pertes en 2008
L'opération, lancée en octobre, doit permettre à BNP Paribas de devenir la première banque de dépôt dans la zone euro. Contrairement à ce qui avait été annoncé à l'automne, elle n'améliorera pas les ratios de solvabilité de BNP Paribas, mais sera neutre. La banque belge attend en effet des pertes de 6 milliards d'euros au quatrième trimestre, soit 1 milliard de plus qu'attendu. Elle a déjà perdu 14,1 milliards d'euros sur les neuf premiers mois de 2008. Aujourd'hui, le ratio Tier-1 de BNP Paribas s'établit à 8,4 %, après soutien de l'Etat, contre environ 10 % pour Fortis Banque, selon l'Etat belge. « Compte tenu de la situation, on ne pourra pas avoir mieux, estime un analyste cité par Bloomberg. Je ne crois pas qu'il faille s'attendre à un meilleur accord. »
Cette nouvelle révision des modalités vise à emporter l'adhésion d'une partie des actionnaires qui ont bloqué de justesse le précédent accord, le mois dernier. Les actionnaires de la banque belge seront convoqués les 8 et 9 avril, à Bruxelles et Utrecht, pour se prononcer sur l'opération.
Vendredi, les rumeurs d'accord ont propulsé le cours de l'action Fortis en hausse. A la clôture, le titre affichait une hausse de 13,34 %, à 0,96 euro, alors que de son côté BNP Paribas avait perdu 5,42 %, à 21,735 euros.
E. C. de notre partenaire www.lesechos.fr (www.lepetitjournal.com) lundi 9 mars 2009

Dix ans d'acquisitions
Paribas (1999) : prenant à revers la Société Générale, qui avait lancé une offre publique d'échange amicale, la BNP lance une double offre sur Paribas et la Société Générale. Au terme d'une bataille boursière de cinq mois, la BNP parvient à prendre le contrôle de Paribas, mais doit renoncer à la Société Générale, dont elle contrôle pourtant 37 % du capital.

BancWest (2001) : déjà actionnaire à 45 %, BNP Paribas monte à 100 % de cette banque américaine cotée qui a deux filiales principales, First Hawaiian Bank et Bank of the West, fortes de 1,1 million de clients.

United California Bank (2001), acquis pour 2,4 milliards de dollars. UCB est intégré à BancWest, qui devient la quatrième banque généraliste de Californie.

BNL (2006) : BNP Paribas prend le contrôle de 48 % du capital de Banca Nazionale del Lavoro, sixième banque de détail italienne, avec 800 agences. BNP Paribas lance ensuite une OPA, qui le porte à 97 % du capital seulement trois mois après le déclenchement de l'opération. L'opération est bouclée pour 9 milliards d'euros.

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