Six jeunes Thaïlandais, accusés d'avoir mis le feu à des portraits du roi, ont bénéficié d’un acquittement, selon leur avocat jeudi, un fait rarissime dans le royaume qui a l'habitude de réprimer très sévèrement toute atteinte au souverain.
La Thaïlande a l’une des lois de lèse-majesté les plus dure au monde et agit généralement de manière très agressive envers la moindre velléité à l’encontre de la famille royale, dont les portraits sont affichés en grand un peu partout dans le royaume.
La loi, connue comme l’article 112, prévoit une peine pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison par chef d’accusation, et les procès se tiennent habituellement à huis clos.
Mais en début de semaine, six jeunes thaïlandais ont été acquittés en appel.
Ils étaient en détention depuis 2017 pour avoir brûlé des arches de cérémonie portant des portraits de l’actuel roi de Thaïlande et de son prédécesseur dans la province de Khon Kaen, dans le nord-est du pays. Ils ont dit avoir été engagés pour vandaliser les portraits.
Mis en examen en janvier, ils risquent toujours des peines de prison de trois à neuf ans pour association criminelle et destruction de la propriété d'autrui, selon l’ONG Thai Lawyers for Human Rights.
Le jugement du tribunal sur les accusations de lèse-majesté a conclu que l’action des prévenus était destinée à endommager les arches seulement, a précisé Thai Lawyers for Human Rights.
Bien que le nombre d’affaires de lèse-majesté ait explosé sous la junte au pouvoir depuis 2014, les condamnations se font moins fréquentes ces derniers mois, suggérant un changement d’attitude envers la loi de diffamation.
"Les poursuites en vertu de l’article 112 ont été très peu nombreuses cette année au point qu’il n’y en a quasiment pas eu", s'est réjoui Pawinee Chumsri, l'avocate de Thai Lawyers for Human Rights représentant les prévenus. Et d’ajouter que les verdicts tendent dorénavant vers l’acquittement ou des peines prévoyant des peines de prison plus légères.
Il y aurait eu quatre acquittements cette année et aucune nouvelle affaire, selon Yingcheep Atchanont, d’iLaw, organisme de veille juridique.
Certains analystes estiment que la loi pourrait être appliquée différemment sous le règne du nouveau roi Maha Vajiralongkorn, qui est monté sur le trône en 2016 après le décès de son père Bhumibol Adulyadej.
Sulak Sivaraksa, un vieil historien qui était accusé de lèse-majesté après avoir remis en question des récits de batailles d’éléphants mettant en scène des rois anciens, a déclaré que c’est la "grâce" du nouveau roi qui a amené l’accusation à renoncer de poursuivre l’affaire plus loin.
Mais beaucoup de gens accusés d'irrespect envers la royauté continuent de purger des peines de prison de plusieurs dizaines d'années pour certains, tandis que d’autres vivent en exil loin de leur pays.