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Les manifestants thaïlandais font une pause pour les fêtes

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REUTERS/Krit Phromsakla Na Sakolnakorn - Un leader de la contestation a dit que les manifestants allaient faire une pause et pour revenir plus forts en 2021

Les manifestants thaïlandais vont faire une pause et reviendront plus forts l'année prochaine, a déclaré lundi l’un des chefs de file de la contestation alors que le bras de fer avec le pouvoir est encore monté d’un cran la semaine dernière, les uns invoquant la loi de lèse-majesté et les autres évoquant la notion de république.

"Cette année n'a été qu’une entrée en matière", a lancé Arnon Nampa, un avocat spécialisé dans les droits de l'homme parmi les principales figures de ce mouvement antigouvernemental qui bouscule l'establishment thaïlandais comme il ne l’a jamais été depuis des années.

"Nous allons faire une pause pendant les vacances du Nouvel An et nous reviendrons l'année prochaine avec plus d'intensité et une plus grande participation", a-t-il annoncé aux journalistes depuis un commissariat de police, où il se présentait pour entendre des accusations liées à son implication dans les manifestations.

Le porte-parole du gouvernement Anucha Burapachaisri a pour sa part déclaré à Reuters que les manifestants pourraient se rassembler à nouveau l'année prochaine, mais seulement s'ils sont pacifiques.

"Nous croyons toujours que chaque partie peut encore se réunir pour trouver une solution", a-t-il dit.

Le mouvement de protestation mené principalement par de jeunes thaïlandais avait commencé en demandant la destitution du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, l'accusant d'avoir pipé les élections l'an dernier pour conserver le pouvoir dont il s’était emparé lors d'un coup d'État en 2014.

Mais les manifestations ont pris un tour tout à fait inédit lorsque des leaders, en août, ont formulé des demandes de réformes pour limiter les pouvoirs du roi Maha Vajiralongkorn et critiqué ouvertement la monarchie qui, selon la Constitution, doit être vénérée. Ils entendent d’ailleurs également réécrire la Constitution rédigée en 2017 par l'ancienne junte du général Prayuth.

Ces nouvelles revendications, qui sont intervenues alors que le roi passait le plus clair de son temps en Allemagne pendant que son peuple souffrait des effets de l’épidémie de Covid-19, ont renforcé la contestation, à la surprise de certains conservateurs persuadés qu’un tel affront à la sacro-sainte monarchie provoquerait au contraire la dispersion du mouvement.

Après avoir tenté en vain d’intimider et de pousser à la faute des manifestants imperturbablement pacifiques, inventifs et bien organisés, les autorités ont déployé l’arsenal juridique ces derniers jours, ressortant l’article 112 du code pénal, la fameuse loi de lèse-majesté qui n’avait pas été utilisée depuis 2018, à la demande du roi lui-même, selon une déclaration de Prayuth Chan-O-Cha en juin. 

Pendant ce temps, le roi, revenu en Thaïlande début octobre pour marquer l’anniversaire de la mort de son père, est engagé dans une véritable campagne de séduction du peuple thaïlandais, enchainant les apparitions publiques et actes de sympathie envers ses sujets. Dans un échange rarissime avec un journaliste britannique au milieu de la foule, le roi avait dit début novembre des manifestants qu’il les "aimait quand même" et que "la Thaïlande était une terre de compromis".

En vertu de la loi de lèse-majesté, qui prévoit entre 3 et 15 ans de prison pour toute insulte ou critique envers le roi et sa famille proche, au moins 25 militants antigouvernementaux ont été convoqués ces derniers jours par la police et d’autres devraient suivre.

En réponse, le groupe Free Youth, qui rassemble plus de 1,5 millions de fans sur Facebook, a publié le 11 décembre sur sa page un message vantant les bienfaits de la république. Un post qui a fait réagir le Premier ministre mardi disant que le gouvernement ferait tout ce qui est en son pouvoir pour contrer toute idée d’instauration d’une république en Thaïlande.

Le roi a encore souligné la notion d’amour pour la nation ce week-end lorsqu'il s'est entretenu avec des centaines d'élèves du secondaire dans un camp de volontaires royaux, selon une retranscription publiée par le journal thaïlandais Matichon Online.

"Tout le monde aime sa maison. Personne ne veut la voir brisée. Personne ne veut voir des voleurs ou leur maison volée. Nous devons donc garder notre nation, notre maison", a déclaré le roi.

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