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Les manifestants interpellent le roi de Thaïlande sur sa fortune

Manifestation sur les biens de la couronneManifestation sur les biens de la couronne
REUTERS / Jorge Silva - L'un des leaders de la contestation, Parit 'Penguin' Chiwarak, a appelé le roi de Thaïlande à remettre les biens de la couronne au peuple et à réformer la monarchie, le 25 novembre 2020.

Plusieurs milliers de manifestants ont appelé mercredi à Bangkok le roi de Thaïlande à céder le contrôle d'une fortune royale évaluée à plusieurs dizaines de milliards de dollars, alors que le spectre de la sévère loi de lèse-majesté plane déjà sur plusieurs leaders du mouvement.

Les manifestants ont brisé un vieux tabou en août en osant remettre en question le statut du roi, et la police a convoqué mardi plusieurs chefs de file de la contestation pour avoir insulté la monarchie, une accusation qui peut leur valoir jusqu'à 15 ans de prison.

La manifestation mercredi s’est déroulée devant le siège de la Siam Commercial Bank (SCB), la plus importante banque de Thaïlande, dans laquelle le roi détient 23% de participation, valorisés a plus de 2,3 milliards de dollars, ce qui fait du souverain le principal actionnaire.

"Le peuple demande au roi de restituer le patrimoine national", pouvait-on lire sur une bannière dans le rassemblement.

La police a estimé le nombre de manifestants à plus de 8.000.

Les manifestations qui ont repris en juillet après une pause durant la crise du Covid-19, se sont pour la plupart déroulées sans violences, mais mercredi plusieurs détonations ont été entendues alors que le rassemblement se dispersait et des médecins ont déclaré qu'un homme avait été abattu. Selon un policier il semblerait qu’il y ait eu un affrontement entre deux écoles professionnelles rivales.

La manifestation de mercredi, qui était prévue initialement devant le Crown Property Bureau (CPB) -agence qui gère les actifs de la couronne- avait été déplacée au siège de la SCB car la police avait lourdement barricadé le siège du CPB avec des conteneurs et du fils barbelé concertina.

"Des millions de familles sont en difficulté, alors comment pouvons-nous donner notre argent de contribuables à une seule famille pour qu’elle le dépense dans le luxe ?", a déclaré Parit Chiwarak, l’un des leaders visés par des accusations de lèse-majesté. 

La valeur totale des avoirs de la couronne n'est pas rendue publique, mais elle a été estimée à plus de 30 milliards de dollars.

Les manifestants souhaitent que le roi ait davantage de comptes à rendre au regard de la Constitution et souhaite annuler les textes par lesquels le souverain s’est arrogé le contrôle personnel de certaines unités de l'armée et de la fortune royale.

Le Palais Royal ne s’est jamais exprimé sur les manifestations depuis qu’elles ont débutées en février, mais le roi a déclaré il y a deux semaines qu’il aimait malgré tout ceux qui le critiquent soulignant que la Thaïlande était une terre de compromis.

Certains des détracteurs du roi ont rappelé ces paroles après que l’on ait appris que la police avait envoyé aux leaders du mouvement des convocations pour insulte à la monarchie. Cela alors que le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha avait déclaré en juin que la loi de lèse-majesté ne serait pas utilisée à la demande du roi lui-même.

Plusieurs groupes internationaux de défense des droits humains ont condamné l'utilisation de cette loi. Selon des sources policières 15 dirigeants de la manifestation feraient désormais l’objet d’accusations de lèse-majesté, des accusations qu’ils doivent venir entendre d'ici la fin du mois.

Face aux critiques, la porte-parole du gouvernement Rachada Dhnadirek a défendu l'utilisation de la sévère loi.

Selon le groupe royaliste Thai Pakdee le roi aurait dit à son chef, Warong Dechgitvigrom: "Nous devons aider les gens à voir ce qui ne va pas, ce qui est mauvais, ce qui est déformé et ce qui relève de la désinformation. Nous devons nous opposer à ce qui ne va pas."

Dimanche, le roi a remis des titres de propriétés royales situées à Bangkok et dans d'autres provinces à des fins d’utilisation comme lieux de travail pour des organismes gouvernementaux et des établissements d'enseignement, rapporte le journal The Nation, qui précise que le dernier acte du genre remonte 2017.

Parties de revendications dirigées vers le Premier ministre et ancien putschiste Prayuth Chan-O-Cha et son gouvernement, les manifestations anti-establishment ont pris un tour tout à fait inédit en août lorsque des militants ont demandé des réformes pour réduire les pouvoirs de la monarchie. 

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