Plusieurs milliers de lycéens ont manifesté samedi à Bangkok sur le thème de l’extinction des dinosaures représentant l'establishment thaïlandais réitérant les appels à faire tomber le gouvernement et à réformer la monarchie.
Il s'agissait de la première grande manifestation depuis que le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha a déclaré jeudi que la police utiliserait toutes les lois possibles contre les manifestants, suggérant que la sévère loi de lèse-majesté pourrait de nouveau être invoquées.
"Nous représentons les météorites qui écrasent les dinosaures jusqu'à l'extinction", a déclaré à Reuters Benjamaporn Nivas, l’une des chefs de file du mouvement lycéen, âgée de 15 ans.
Benjamaporn et un autre leader du groupe Bad Student ont été convoqués vendredi pour des accusations liées à une manifestation précédente, mais la police a déclaré que la manifestation de samedi pourrait avoir lieu.
Les manifestations depuis juillet portent trois principales revendications: la destitution du Premier ministre, l'ancien chef de la junte Prayuth Chan-O-Cha, une nouvelle Constitution et des réformes de la monarchie.
Mais les lycéens aspirent également à des reformes du système éducatif qu'ils jugent archaïque et oppressant, et destiné davantage à inculquer l'obéissance qu’à transmettre des savoirs. Pour beaucoup, l'égalité des sexes l’un des principaux sujets.
"J'ai été abusée sexuellement par des enseignants. L'école n'est pas un endroit sûr", disait une pancarte tenue par une élève assise en uniforme, la bouche bâillonnée avec du ruban adhésif en signe de protestation.
Le porte-parole du gouvernement, Anucha Burapachaisri, a déclaré que le Premier ministre espérait que les manifestants exerceraient leur liberté de manière constructive et dans le respect de la loi.
L'un des mots-dièse utilisés en thaï par le groupe Bad Student samedi pouvait se traduire par #ByeByeDinosaurs.
Des jeunes en costume de dinosaure ont défilé sur la musique des actualités royales diffusées tous les soirs à la télévision thaïlandaise.
Toutefois, Benjamaporn souligne que les étudiants font attention aux références à la monarchie après que Prayuth Chan-O-Cha a menacé d'utiliser toutes les lois contre les manifestants, les militants comprenant par là de possibles des poursuites en vertu de l’article 112 du code pénal qui punit les insultes à la monarchie de peines pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison.
Les manifestants ont brisé un vieux tabou en août osant critiquer ouvertement la monarchie.
Prayuth Chan-O-Cha a fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de démissionner tandis que le roi Maha Vajiralongkorn, qui passait jusque-là le plus clair de son temps en Allemagne faisant de brefs allers-retours en Thaïlande pour les cérémonies incontournables, est rentré en octobre et depuis enchaîne les apparitions publiques.
Le Palais Royal n'a fait aucun commentaire depuis le début des manifestations. Mais le roi a déclaré au début du mois à la presse en parlant des manifestants "nous les aimons quand même" avant de dire que "la Thaïlande est une terre de compromis".