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Le Premier ministre thaïlandais reconnait la crise, appelle à l’unité

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REUTERS / Jorge Silva - Le Premier ministre thaïlandais Prayuth Chan-ocha lors d'une séance photos avec les nouveaux ministres du cabinet à la Maison du gouvernement à Bangkok, le 13 août 2020

Le Premier ministre thaïlandais a déclaré jeudi que la crise économique allait durer et a appelé à l’unité nationale alors que son gouvernement fait l’objet d’un mouvement de grogne qui s’exprime dans les rues et sur les réseaux sociaux

Le Premier ministre thaïlandais, Prayuth Chan-O-Cha, a déclaré jeudi que la crise économique aggravée par les mesures prises pour contenir l’épidémie de Covid-19 ne se dissiperait pas de sitôt alors que son nouveau gouvernement est confronté à un problème semblant relever de la quadrature du cercle : maintenir le risque zéro de contamination au Covid-19 et redresser une économie reposant en grande partie sur les exportations et le tourisme international.

Dans un discours télévisé, l’ancien général putschiste a souligné que le monde entier souffrait de l'un des plus grands défis économiques des temps modernes, et que la Thaïlande se trouvait prise dans cette tempête mondiale car elle dépend fortement des exportations et du tourisme.

"Nous ne pouvons pas échapper à la tempête. Nous sommes un petit bateau dans un grand océan, et notre économie ne pourra commencer à revenir à la normale que lorsque le reste du monde recommencera à revenir à la normale", a-t-il déclaré au lendemain de l’intronisation par le roi de sept nouveaux ministres, dont la plupart liés à l’économie.

"L'économie est une menace aussi grande pour nos vies que la menace sanitaire, et c'est pourquoi j'ai nommé des experts extérieurs qui ne sont pas des politiciens pour gérer les portefeuilles financiers essentiels", a souligné Prayuth Chan-O-Cha.

Il a dit avoir défini pour ses ministres un certain nombre de lignes directrices à suivre, notamment soulager les difficultés du peuple à court terme et veiller à ce que des programmes pertinents soient mis en œuvre.

Il faut proposer des mesures incitatives pour aider les gens à conserver leur emploi et les entreprises à être compétitives, et il faut prévoir un plan pour l'emploi des jeunes, a-t-il dit, ajoutant que tout cela doit être fait avec "transparence et intégrité".

Un peu plus tôt dans la journée, Prayuth Chan-O-Cha avait approuvé la création d'une cellule de crise économique composée de deux comités chargés de préparer les mesures économiques et de les conduire.

Le ministère des Finances a prévu que l'économie se contracterait de 8,5% cette année, malgré moultes mesures de relance, dont une enveloppe de 1.900 milliards de bahts (51,77 milliards d’euros), destinée à atténuer l'impact de l'épidémie

Appel à l'unité face au "tribalisme clivant" des manifestants

Sans surprise, alors que lui et son gouvernement sont conspués dans les rues et sur les réseaux sociaux de manière quasi quotidienne par des étudiants, Prayuth Chan-O-Cha a appelé à l'unité nationale.

Les jeunes protestataires demandent en autres la démission du Premier ministre, qui a pris le pouvoir pour la première fois en tant que chef de l’armée par un coup d'État en 2014, ainsi que la fin de la mainmise des militaires sur la politique.

"Je lance maintenant un appel à tous les citoyens thaïlandais, je m'adresse à vous directement pour vous demander de dire non à la politique de haine et de division, à la politique qui propage la maladie d'un tribalisme opposant croyance contre croyance, jeune contre vieux, riche contre pauvre", a déclaré Prayuth, semblant emprunter à la rhétorique utilisée quelques jours plus tôt par son chef de l’armée, Apirat Kongsompong, qui disait que "haïr son propre pays est une maladie incurable".

"L'avenir appartient aux jeunes... laissez les jeunes montrer la voie et insuffler le leadership moral pour nous montrer à tous comment emprunter le difficile chemin de la collaboration avec des personnes pouvant être en désaccord avec nous durant les périodes de difficultés nationales."

Prayuth avait annoncé un peu plus tôt que les manifestations étudiantes anti-gouvernementales pourraient faire l'objet de nouvelles poursuites judiciaires, ajoutant que les autorités devraient enquêter sur toute personne "derrière les manifestations".

Jusqu'à présent, deux organisateurs du mouvement anti-gouvernemental ont été arrêtés et inculpés selon plusieurs chefs d’accusation dont la violation du décret d'urgence invoqué au nom de la lutte contre le coronavirus. Après une nuit en cellule, l'avocat des droits humains Anon Nampa, 35 ans, et le militant étudiant Panupong Jadnok, 23 ans, ont été libérés sous caution.

Lors de certains rassemblements, des déclarations très explicites appelant à une réforme de la puissante monarchie ont également brisé de vieux tabous selon lesquels le palais ne peut faire l’objet de critique sous quelque forme que ce soit. Et selon Prayuth, ces manifestations "sont allées trop loin". 

Le Premier ministre a déclaré que le gouvernement avait été enjoint de ne pas prendre de mesures sévères contre les militants étudiants qui auraient enfreint certaines lois -non spécifiées- sur les réseaux sociaux.

Il n'a pas mentionné les lois de lèse-majesté, mais les commentaires en ligne impliquant le roi sont de plus en plus piquants ces derniers mois.

"Lorsque ces personnes enfreignent la loi, il y a beaucoup de gens ici bas qui sont mécontents que le gouvernement reste sans rien faire contre cela", a déclaré Prayuth.

"Le gouvernement a été extrêmement prudent."

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