Les élèves de plus d'une douzaine de lycées thaïlandais ont fait le salut à trois doigts du film "Hunger Games" lors de l'hymne national, mardi, reflétant le soutien croissant aux manifestations anti-gouvernementales menées par les étudiants dans le royaume.
Lundi déjà, des manifestations du genre lors du rassemblement du matin avaient eu lieu dans au moins huit écoles.
Le salut à trois doigts est un symbole de résistance à l’oppression autoritaire et d'appel à la démocratie qui a été adopté par les militants thaïlandais peu après que l’actuel Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha a pris le pouvoir lors d'un coup d'État en 2014 en tant que chef de l’armée.
Certains étudiants ont également arboré des rubans blancs pour exprimer leur soutien aux manifestants qui demandent le départ du Premier ministre, la rédaction d’une nouvelle Constitution et la fin du harcèlement des activistes.
"Je veux montrer que je n'aime pas la dictature et que je veux une vraie démocratie", a déclaré une étudiante de 17 ans qui s'est jointe à la manifestation dans une école publique lundi. L’adolescente a demandé à garder l’anonymat par peur de représailles après avoir subi des pressions de la part d’enseignants. Son école n'a pas souhaité réagir.
Le ministre de l'Éducation, Nataphol Teepsuwan, a déclaré lundi lors d'une foire dédiée à l’enseignement à Bangkok que les étudiants avaient le droit de s'exprimer et ne devraient pas être punis, tout en avertissant qu'il y avait une limite à ne pas dépasser.
Prayuth Chan-O-Cha a pour sa part dit aux journalistes qu'il était prêt à entendre les étudiants, même s'il a remis en question les motivations de certains.
"J'ai entendu dire par certains étudiants que ceux qui ne veulent pas prendre part à ces actions se font intimider", a-t-il déclaré.
Les manifestants accusent le Premier ministre de s’être injustement accroché au pouvoir en organisant des élections l'année dernière dont les règles, soulignent-ils, ont été établies sur mesures par sa propre junte. Lui estime que le scrutin était légitime.
Outre les revendications politiques, certains élèves se plaignent d'un système scolaire rétrograde qui met l'accent sur l'obéissance et la tradition, allant du rassemblement quotidien pour l'hymne national à des règles strictes sur les uniformes, les coupes de cheveux et le comportement.
"Les étudiants perçoivent la politique à travers le prisme de la vie scolaire qui manque de démocratie et comporte de nombreux éléments très autoritaires", estime Prajak Kongkirati, politologue à l'Université Thammasat de Bangkok.
"Ce à quoi nous assistons est le début d'une révolution sociale."
Un mot dièse en thaï qui se traduit par #RubanBlancContreLaDictature a été utilisé près d'un million de fois sur Twitter, tandis que figurait parmi les autres tendances #TroisDoigtsPourLhymneNational.
On peut voir sur des vidéos partagées sur les réseaux sociaux des enseignants tentant d'empêcher les élèves de faire le salut de résistance. Mais dans d'autres écoles, les enseignants ont eux aussi levé la main.
La montée en puissance du mouvement de protestation est devenu évident dimanche à Bangkok lorsque plus de 10.000 personnes se sont rejoint à la plus grande manifestation organisée plus de six ans.
Des lycéens ont dit qu'ils prévoyaient de nouvelles manifestations mercredi, dont une au ministère de l'Éducation.