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LAOS - La disparition de Sombath déclenche l’angoisse de la société civile

Disparition Sombath SomphoneDisparition Sombath Somphone
Un site Internet a été spécialement dédié à la disparition de Sombath
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 13 décembre 2018

Un mois après la disparition mystérieuse du militant Sombath Sompone, la société civile du Laos vit dans la peur bien que le régime communiste assure qu'il n'a rien à voir avec les faits

Cet homme de 62 ans, fondateur de l'organisation non gouvernementale Participatory Development Training Centre (PADETC), militant pour un développement durable, a disparu à Vientiane le 15 décembre dernier alors qu'il rentrait chez lui en voiture.

Des images de cameras de surveillance, obtenues par la famille de Sombath et mises en ligne sur Internet, le montrent se faire emmener depuis un poste de police par deux individus non identifiés. Il n'a pas réapparu depuis.

Le régime communiste, qui dirige le Laos d'une main de fer depuis 1975 a donné ces dernières années des signes d'ouverture, autorisant la société civile à se développer localement. Mais la disparition de Sombath a jeté l'effroi à travers le réseau du militant. Elle intervient quelques semaines seulement après que le Laos a expulsé Anne-Sophie Gindroz, la directrice de l'organisation caritative suisse Helvetas, pour avoir critiqué le gouvernement dirigé par le Président Choummaly Sayasone.
"D'autres figures de proue de la société civile sont extrêmement inquiètes, certains ont ? j'espère temporairement ? quitté le pays. Il pourrait très bien y avoir un retour important en arrière," estime un professionnel du développement qui connait Sombath depuis 20 ans et tient à garder l'anonymat.

Sombath, dont le travail pour le Participatory Development Training Centre (PADETC) s'adressait à la population rurale, marginalisée et pauvre, a joué un rôle déterminant dans l'émergence du mouvement de la société civile.
Il y avait l'espoir "d'un processus qui devait déboucher sur la reconnaissance de la part du gouvernement laotien du rôle des ONG dans la société moderne", rappelle Phil Robertson de l'ONG Human Rights Watch.
Mais les espoirs ont ?probablement été remis mis à mal, d'une certain manière, par la disparition de Sombath," a-t-il dit, ajoutant que "la peur s'emparait de la société civile au Laos".
Les militants basés au Laos contacté par l'AFP se sont exprimés seulement sous  couvert d'anonymat, en raison des craintes pour leur sécurité.

Mais le régime assure qu'il ne détient pas Sombath. "Les autorités concernées accélèrent l'enquête, récoltant les preuves afin de parvenir à une conclusion," a indiqué l'ambassadeur du Laos au Nations-Unies à Genève, Yong Chanthalangsy.
"Il se pourrait que M. Sombath ait été kidnappé peut-être en raison d'un conflit personnel ou professionnel ou pour tout autre raison," a-t-il ajouté dans une lettre publiée dans le journal Vientiane Times le 4 janvier.

Mais les ONG locales et la communauté internationale ne sont pas convaincues de l'explication. "L'histoire ne tient pas debout," s'indigne Charles Santiago, un membre du parlement malaisien qui a mené une délégation de parlementaires de l'ASEAN cette semaine à Vientiane pour pousser les autorités laotiennes à agir. "Le gouvernement ne peut tout simplement pas dire, après un mois, qu'ils ne peuvent toujours pas retrouver sa trace. Une telle obstruction n'est pas acceptable," dit-il, faisant remarquer que Sombath a disparu "dans un environnement policier" et qu'il n'y a pas eu de demande de rançon.
Lors d'une conférence de presse à Bangkok à la suite de sa visite au Laos, Charles Santiago a déclaré mercredi que ?le gouvernement n'a aucune volonté politique de résoudre le problème". 

Cependant, de nombreux observateurs cherchent à comprendre pourquoi le régime, qui s'évertue depuis ces dernières années à redorer son image pour sortir du club des nations les plus fermées, se serait décidé de détenir Sombath en secret.
La participation de plusieurs militants locaux dont Sombath faisait partie au Forum des Peuples Asie Europe (AEPF) en octobre dernier pourrait avoir été un déclencheur, estime Santiago qui est le coordinateur ASEAN du forum.

"L'AEPF doit avoir déclenché une certaine anxiété au sein du politburo, car certains des participants ont évoqué avec insistance l'expropriation, ils veulent donc faire savoir que ce n'est pas acceptable", a dit Santiago, rappelant que le forum a eu lieu quelques jours avant le sommet Asie-Europe (ASEM).
Dans un pays où des projets d'infrastructure déplacent des dizaines de milliers de personnes, ?il est également possible que les entreprises impliquées dans les expropriations utilisent des membres de groupes divers au sein du parti pour envoyer des messages", a-t-il suggéré.

Lire aussi notre article du 11 janvier 2013 La dignité des peuples de l'ASEAN insultée par la disparition de Sombath
 

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