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En Thaïlande, des jeunes manifestants brûlent l'image du PM

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REUTERS / Jorge Silva - Des étudiants pro-démocratie thaïlandais brûlent un portrait du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha devant la Maison du gouvernement à Bangkok, le 24 juillet 2020.

De jeunes thaïlandais ont mis le feu à des photos du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha devant le siège du gouvernement vendredi et ont appelé à sa démission, alors que la colère monte à l’encontre des généraux toujours au pouvoir depuis leur coup d'État en 2014, malgré des élections en 2019.

Au cours de la semaine passée, une série de petites manifestations ont eu lieu dans au moins six provinces du royaume, demandant que le Premier ministre quitter son poste. Dans le même temps six membres du cabinet ont démissionné, affaiblissant le gouvernement dans une période de crise sans précédent.

Les manifestants vendredi ont brûlé des images de Prayuth et de son adjoint, Prawit Wongsuwan, tous deux anciens chefs de l'armée.

"Nous voulons brûler les mauvaises choses en Thaïlande", a lancé Niwiboon Chomphoo, 20 ans, ajoutant que Prayuth restait aux commandes à cause d'une Constitution "peu fiable et injuste pour notre démocratie".

L'impopularité de Prayuth Chan-O-Cha et son gouvernement s'est accrue ces derniers mois.

Alors que l’économie battait déjà de l’aile depuis le coup d’Etat, les élections de l'année dernière supposées sonner le retour à la démocratie, ont été marquées par deux dissolutions de partis d'opposition par la Cour constitutionnelle, l’une pendant la campagne électorale et l’autre en février dernier ayant permis à la coalition menée par le parti de Prayuth de renforcer sa domination du Parlement.

La dissolution le 21 février du parti Anakot Mai (de son nom anglais "Future Forward"), deuxième plus important parti d'opposition, avait déclenché des séries de manifestations étudiantes un peu partout en Thaïlande, avant que les autorités ne décrètent l’état d’urgence au nom de la lutte contre l’épidémie de Covid-19 et interdisent les rassemblements.

L’Etat d’urgence est toujours en place malgré le bilan très rassurant de la Thaïlande qui n’a enregistré qu'un peu plus de 3.280 cas d’infections et 58 morts en six mois et aucune infection locale depuis sept semaines.

Certains dans l’opposition ont d’ailleurs critiqué le maintien du décret d’urgence, dénonçant une décision sans fondement destinée à conserver des pouvoirs extraordinaires pour contenir la grogne populaire plus que le Covid-19 qui a virtuellement disparu du territoire.

Le zèle du gouvernement Chan-O-Cha pour imposer des mesures dites d’urgence sanitaire au détriment de l’activité économique et sociale dans un pays exempt de la maladie contribue d'ailleurs aussi beaucoup à irriter une partie de la population. Selon la banque centrale, le PIB du royaume pourrait reculer de 8,1% cette année et 7 à 8 millions de personnes risquent de predre leur emploi, en grande partie dû aux mesures sanitaires prises pour contrer l’épidémie de Covid-19.

La situation a empiré il y a quelques jours lorsque plusieurs ministres liés à l’économie ont démissionné, ajoutant à l’incertitude quant à l’avenir du royaume.

Plusieurs groupes de jeunes prévoient d'autres manifestations dans le week-end.

Le 18 juillet, environ 2.500 personnes s’étaient rassemblées contre Prayuth dans l'une des plus grandes manifestations depuis le coup d'État de 2014, avec également des références à peine voilées à la monarchie. A ce propos, un groupe d'environ 20 personnes a soumis vendredi une lettre à l'armée lui demandant de surveiller les déclarations anti-monarchiques lors des manifestations.

"Écoutez-nous, nous sommes vos aînés. Ne créez pas de division", a déclaré aux journalistes le meneur du groupe, Tul Sittisomwong, connu pour ses vues ultra-conservatrices.

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