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La contestation thaïlandaise devant une caserne militaire liée au roi

Manifestation devant le 11e regiment d'infanterie a BangkokManifestation devant le 11e regiment d'infanterie a Bangkok
REUTERS / Athit Perawongmetha - Les manifestants anti-gouvernementaux étaient rassemblés devant le 11e régiment de l’Infanterie dans le nord de Bangkok, le 29 novembre 2020
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 29 novembre 2020, mis à jour le 30 novembre 2020

Plusieurs milliers de manifestants antigouvernementaux thaïlandais ont marché dimanche vers une caserne militaire pour dénoncer la mainmise du roi Maha Vajiralongkorn sur certaines unités de l'armée.

Les manifestants, dont beaucoup transportaient des canards gonflables devenus la mascotte du mouvement de contestation, se sont arrêtés devant les portes du 11e régiment d'infanterie, dans le nord de la capitale, qui constitue une partie de la garde du roi et qui a également joué un rôle dans la répression sanglante des manifestations anti-gouvernementales de 2010. Le 11e régiment d'infanterie avait été transféré en 2019 sous le contrôle direct du roi.

Des rangées de policiers anti-émeute, des bus, et des barbelés bloquaient l'entrée.

"Aucun pays démocratique ne voit un roi contrôler une armée. Dans tout pays démocratique avec un roi à la tête de l'Etat, les forces armées relèvent du gouvernement", a déclaré Arnon Nampa, avocat des droits de l'homme et leader de la contestation qui critique régulièrement la monarchie.

"Nous avons vu la monarchie étendre ses pouvoirs. C'est pourquoi nous sommes ici aujourd'hui."

Le Palais Royal n'a fait aucun commentaire depuis le début des manifestations, mais le roi a déclaré récemment qu’il "aimait quand même" les manifestants malgré leurs actions.

Les manifestants accusent la monarchie d’avoir permis des décennies de domination militaire. La Thaïlande a connu 13 coups d'État réussis depuis l'abolition de la monarchie absolue en 1932.

Manifestation anti-gouvernement a Bangkok
Des policiers anti-émeutes montent la garde derrière des barbelés et des camions avant un rassemblement pro-démocratie, au 11e Régiment d'infanterie, à Bangkok, Thaïlande, le 29 novembre 2020. REUTERS / Athit Perawongmetha

Les manifestations débutées en février puis reprises en juillet après une interruption due à l’épidémie de Covid-19, visaient initialement le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha et son gouvernement. Mais les manifestants ont élargi au mois d’août leurs revendications pour inclure des restrictions sur les pouvoirs du roi, brisant un vieux tabou sur la critique de la monarchie.

Arnon Nampa fait, comme plusieurs autres leaders de la contestation, l'objet d'accusations pour lèse-majesté en raison de discours qu'il a prononcés lors de précédents rassemblements.

Manifestation anti-gouvernement a Bangkok
Les manifestants anti-gouvernementaux étaient rassemblés devant le 11e régiment de l’Infanterie dans le nord de Bangkok, le 29 novembre 2020. Photo REUTERS / Soe Zeya Tun

Le ministère thaïlandais des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué que la Thaïlande adhérait à l'Etat de droit et que le droit à la liberté d'expression devait se tenir à ce cadre.

"Dans tout cas où la loi est violée, les autorités prennent des mesures dans le strict respect des procédures légales appropriées sans discrimination", a déclaré le ministère.

Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux montre des soldats décrochant un portrait géant du roi et de la reine à l'entrée de la caserne avant la manifestation.

Manifestation anti-gouvernement a Bangkok
Un bus utilisé comme barricade par les forces de l’ordre a été couvert de graffitis par les manifestants. REUTERS / Jorge Silva

La semaine dernière, les manifestants s’étaient réunis devant le siège de la Siam Commercial Bank, première banque de Thaïlande dont le roi est le plus gros actionnaire, pour dénoncer la mainmise du monarque sur les biens de la couronne.

Outre la destitution du Premier ministre et de son gouvernement et une nouvelle Constitution, ils demandent des reformes de la monarchie pour limiter les pouvoir du souverain et entendent revenir sur des changements intervenus ces dernières années qui octroient à ce dernier le contrôle personnel sur la fortune du palais ainsi que sur certaines unités de l’armée.
 

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